Marchés et économie L’instabilité géopolitique se poursuit à l’aube de la nouvelle année
Dans le monde entier, les marchés ont gagné du terrain l’an dernier, malgré l’incertitude géopolitique, une tendance qui, selon moi, devrait se poursuivre.
Le Fonds monétaire international (FMI) a révisé à la hausse ses prévisions de croissance mondiale pour 2024 à 3,1 % contre 2,9 %, en grande partie parce que l’économie américaine est plus résiliente et en raison des mesures de relance monétaires adoptées par la Chine.
La New York Community Bank a surpris les marchés en réduisant son dividende vu les prêts immobiliers commerciaux en difficulté, mais je crois que ce problème est très circonscrit et qu’il n’y a donc aucun risque de contagion.
Le rapport sur l’emploi aux États-Unis est, en deux mots, exceptionnellement bon, y compris la donnée qui m’intéresse le plus, la croissance des salaires, même si c’est probablement une anomalie.
La semaine dernière a été très chargée pour les observateurs du marché : prévisions de croissance économique révisées, surprises de la part des banques régionales, douche froide de la Réserve fédérale américaine concernant une éventuelle baisse des taux en mars et excellent rapport sur l’emploi aux États-Unis, pour ne citer que quelques manchettes. Voici, selon moi, les principaux éléments à retenir de la semaine et les raisons pour lesquelles ils sont importants.
Le FMI a rendu publique sa mise à jour des Perspectives de l'économie mondiale dans laquelle elle apporte quelques modifications à ses prévisions d'octobre.1
La semaine dernière, la New York Community Bank a surpris les marchés dans sa déclaration de bénéfices en annonçant la réduction de son dividende en raison de certains prêts immobiliers commerciaux en difficulté et parce qu’elle va devoir augmenter ses réserves. Les marchés ont été ébranlés par cette nouvelle, qui a fait craindre que la mini-crise des banques régionales de l’année dernière ne soit pas terminée, ce qui a fait chuter l’indice KBW des banques régionales de plus de 7 % la semaine dernière.2
Or, ce problème semble somme toute contenu, plutôt que contagieux. La New York Community Bank est assez unique en raison de sa forte exposition aux prêts immobiliers commerciaux et de son faible coefficient de réserves immobilières commerciales. Il importe aussi de noter que la facilité de crédit créée l’année dernière, qui a joué un rôle essentiel dans la stabilisation de la mini-crise des banques régionales, est toujours en place et à la disposition des banques qui peuvent l’utiliser en cas de besoin.
La Réserve fédérale américaine (Fed) a calmé les attentes d'une baisse de taux en mars
Le Federal Open Market Committee (FOMC) s’est réuni la semaine dernière et a décidé de laisser son taux de référence inchangé entre 5,25 et 5,50 %, ce qui constitue une quatrième pause consécutive. Les marchés étaient prêts à entendre parler d’une baisse de taux en mars, compte tenu des données encourageantes sur l’inflation et des nouvelles concernant les problèmes de la New York Community Bank, mais ont été déçus parce que le président de la Fed, Jay Powell, a jeté une douche froide sur ceux et celles qui étaient persuadés que la Fed procéderait à une première baisse de taux en mars.
Personnellement, j’ai vu la conférence de presse d’un bon œil. Comme je l’ai écrit la semaine dernière, ce n’est pas grave si la Fed ne baisse pas ses taux en mars; il n’y a pas une grande différence entre le 20 mars et le 1er mai. Il ne s’agit pas de savoir quand les baisses de taux commenceront, mais bien quelle sera l’ampleur des baisses en 2024, et je m’attends à ce qu’elles soient plus fortes que ce que la Fed prévoyait en décembre.
Je crois qu’il est également important de noter que M. Powell a admis un changement dans la façon de penser de la Fed. Il y a un an, la Fed se disait qu'il faudrait une détérioration des statistiques économiques pour que l'inflation diminue suffisamment. Mais aujourd'hui, elle se sent à l'aise avec la vigueur de l'économie et ne croit pas qu’elle doive nécessairement s'affaiblir pour que l'inflation puisse être maîtrisée. Voici quelques autres éléments à retenir :
Après la réunion de la Fed, M. Powell a été interviewé à l’émission de télévision « 60 Minutes », où il a réitéré et étoffé les propos qu’il avait tenus à la conférence de presse du FOMC. Il a de nouveau insisté sur le fait qu’il est peu probable qu’on assiste à une baisse de taux en mars, expliquant qu’il n’a pas besoin de meilleures données, mais simplement de plus de données : « Ce n’est pas que les données ne sont pas assez bonnes, c’est que nous disposons de seulement six mois de données. Nous voulons simplement voir plus de bonnes données en ce sens. Il n’est pas nécessaire qu’elles soient meilleures que les données antérieures, ni même qu’elles soient aussi bonnes. Il suffit qu’elles soient bonnes et c’est ce à quoi nous nous attendons ».3
Le rapport sur la situation de l’emploi aux États-Unis est, en deux mots, exceptionnellement bon. Un nombre impressionnant de 353 000 emplois non agricoles ont été créés en janvier, ce qui est nettement supérieur aux estimations consensuelles.4 En outre, le nombre d’emplois non agricoles en décembre a été révisé à la hausse, passant de 216 000 à 333 000. Le taux de chômage est resté inchangé à 3,7 %.
Je me concentre sur les salaires horaires moyens et l’impact qu’ils pourraient avoir sur l’inflation. Je dois admettre que les données de janvier étaient trop élevées à mon goût, augmentant de 0,6 % sur un mois et de 4,5 % sur un an.4 Je suis optimiste et crois qu’il s’agit là d’une anomalie, peut-être due à une semaine de travail moyenne étonnamment plus courte. Selon moi, les prochains rapports sur l’emploi devraient faire état d’une croissance des salaires plus modérée et plus conforme à l’indice du coût de l’emploi publié la semaine dernière, qui fait état d’une croissance plus modeste de la rémunération globale.
La Banque d’Angleterre, la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne ont laissé leurs taux d'intérêt inchangés à leurs réunions de la semaine dernière. Elle a aussi supprimé son préjugé favorable à une hausse des taux d’intérêt. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, a expliqué la décision de la Banque comme suit : « Pour moi, la question n’est plus de savoir à quel point nous devons maintenir une politique restrictive, mais bien pendant combien de temps nous allons devoir la maintenir ».5
La réponse à cette question pourrait être « pas très longtemps », si l’on se fie à la mise à jour des prévisions de croissance et d’inflation de la Banque d’Angleterre. Elle a révisé ses prévisions concernant l’indice des prix à la consommation du Royaume-Uni pour 2024 de 3,25 à 2,75 % et celles pour 2025 de 2,5 à 2,0 %.6 Il est important de noter que les prévisions précédentes ont été rendues publiques seulement en novembre.
Certaines grandes entreprises technologiques ont dévoilé leurs résultats la semaine dernière, lesquels sont généralement très bons, à quelques exceptions près. L’intelligence artificielle demeure un thème dominant pour certaines d’entre elles, mais les bénéfices enregistrés en Europe sont plus décevants jusqu’à présent (ce qui n’est pas étonnant compte tenu de la conjoncture qui rend la croissance difficile; l’Europe traverse une période difficile.)
Je m’en voudrais de ne pas mentionner que les marchés boursiers chinois se sont repliés la semaine dernière. Ils se situent donc à l’extrémité inférieure de leur fourchette d’évaluation historique. Il va sans dire que les titres sont survendus; on dirait que les investisseurs font fi de toutes les bonnes nouvelles, y compris la croissance économique plus forte que prévu l’année dernière et l’amélioration récente des indices PMI.
À notre avis, les évaluations sont rarement de bons indicateurs de rendement à court terme; il faut un catalyseur pour que les cours boursiers augmentent. Et ce catalyseur, à mon avis, sera le soutien politique. Les organismes de réglementation de Beijing se sont déjà engagés, en fin de semaine dernière, à prendre des mesures supplémentaires pour soutenir les marchés de capitaux.
Les taux obligataires ont beaucoup fluctué la semaine dernière. En début de semaine, le Trésor américain a agréablement surpris les marchés en abaissant son estimation du volume d’émissions de titres du Trésor pour le trimestre en cours; il prévoit désormais contracter un emprunt net de 760 milliards de dollars pour la période de janvier à mars, comparativement à plus de 800 milliards de dollars selon les estimations précédentes.7 Comme l’offre sera probablement moins abondante, les cours obligataires se sont redressés. Le taux des bons du Trésor américain à 10 ans a chuté à 3,86 % jeudi, puis a clôturé au-dessus de la barre de 4 % vendredi, à la suite du dévoilement du rapport sur l’emploi plus favorable que prévu.8
Enfin, les actions continuent de subir les contrecoups des taux obligataires. Je m’attends à ce que la situation perdure, puisque la volatilité accrue des actions découle de la forte volatilité des obligations, elle-même alimentée par l’incertitude entourant la politique monétaire de la Fed.
La prochaine semaine sera probablement plus calme, car on attend moins de publications de données importantes et d’événements susceptibles d’influencer les marchés. Voici ce qu'il y a au programme :
Date |
Rapport |
Ce qu'il nous dit |
---|---|---|
5 février |
Indice PMI composé de l’Allemagne |
Indice qui fait état de l’orientation des tendances économiques des secteurs manufacturier et tertiaire. |
|
Indice PMI composé de la zone euro |
Indice qui fait état de l’orientation des tendances économiques des secteurs manufacturier et tertiaire. |
|
Indice PMI non manufacturier des États-Unis compilé par l’ISM |
Indice économique calculé à partir de sondages menés auprès de plus de 400 directeurs des achats et de l’approvisionnement d’entreprises non manufacturières (ou du secteur tertiaire). |
|
Décision de politique monétaire de la Banque de réserve d’Australie |
Révèle la plus récente décision concernant la trajectoire des taux d'intérêt. |
7 février |
Résumé des délibérations de la Banque du Canada |
Révèle la plus récente décision concernant la trajectoire des taux d'intérêt. |
|
Crédit à la consommation aux États‑Unis
|
Fait état de l'encours des prêts accordés aux particuliers. |
|
IPC de la Chine |
Suit la trajectoire de l'inflation. |
9 février |
Rapport sur l’emploi au Canada |
Donne une indication de la santé du marché du travail. |
|
IPC de l’Allemagne |
Suit la trajectoire de l'inflation. |
Découvrez ce à quoi nous nous attendons des marchés et de l’économie en 2024 : Lisez nos Perspectives de placement pour 2024 et écoutez notre baladodiffusion.
Et suivez-moi sur LinkedIn et sur X pour obtenir d’autres analyses.
Source : Le recul de l’inflation et la stabilité de la croissance ouvrent la voie à un atterrissage en douceur, Mise à jour des perspectives de l’économie mondiale, janvier 2024
Source : Bloomberg, au 2 février 2024
Source : Jerome Powell: transcription de l’entrevue complète accordée en 2024 à l’émission 60 minutes, CBS News, 4 février 2024
Source : US Bureau of Labor Statistics, 2 février 2024
Source : Discours de M. Bailey après que la Banque d’Angleterre a annoncé sa décision de maintenir le taux directeur à 5,25 %, Reuters, 1er février 2024
Source : Rapport sur la politique monétaire – février 2024, Banque d’Angleterre, 1er février 2024
Source : Treasury Announces Marketable Borrowing Estimates, Département américain du Trésor, 29 janvier 2024
Source : Bloomberg, au 2 février 2024
Dans le monde entier, les marchés ont gagné du terrain l’an dernier, malgré l’incertitude géopolitique, une tendance qui, selon moi, devrait se poursuivre.
La tendance croissante au conservatisme budgétaire, l’importance soutenue de la politique monétaire, l’intensification des risques géopolitiques et l’innovation technologique pourraient dicter l’orientation des marchés mondiaux au cours de la nouvelle année.
La déréglementation et les baisses d’impôt pourraient stimuler la croissance de l’économie et du marché américains, tandis que les droits de douane et les restrictions en matière d’immigration pourraient poser des défis.
Renseignements importants
NA3372511
Image d’en-tête du blogue : Thomas Barwick / Getty
Certaines références se rapportent aux États-Unis et peuvent ne pas s’appliquer au Canada.
Tous les montants sont exprimés en dollars américains.
Tous les placements comportent des risques, y compris le risque de perte.
Les rendements passés ne sont pas indicatifs des résultats futurs.
Il est impossible d’investir directement dans un indice.
Il ne s’agit pas d’une recommandation d’une stratégie de placement ou d’un produit pour un investisseur en particulier. Les investisseurs devraient toujours consulter leur conseiller financier avant de prendre des décisions de placement.
Si ce document renferme des énoncés prospectifs, sachez qu'ils ne sont pas garants des résultats futurs. Ils comportent des risques et des incertitudes et sont fondés sur des hypothèses. Nous ne pouvons pas vous garantir que les résultats réels ne différeront pas considérablement de ces estimations.
La diversification ne garantit pas un profit et n’élimine pas le risque de perte.
En règle générale, les cours des actions fluctuent, parfois même considérablement, en réaction aux activités de la société émettrice, ainsi qu’à la conjoncture des marchés en général, à la situation économique et au climat politique.
Les titres à revenu fixe sont exposés au risque de crédit de l’émetteur et aux retombées des fluctuations de taux d’intérêt. De manière générale, les cours des obligations baissent lorsque les taux d’intérêt augmentent, et vice versa; c’est ce que l’on appelle le risque de taux d’intérêt. Un émetteur peut être incapable de rembourser les intérêts ou le capital de ses emprunts, ou les deux, ce qui fait chuter la valeur de ses titres de créance et abaisse sa note de crédit.
Les produits alternatifs détiennent normalement des placements moins traditionnels et utilisent des stratégies de négociation plus complexes, y compris la couverture et l’effet de levier par l’entremise d’instruments dérivés, de ventes à découvert et de stratégies opportunistes qui changent en fonction des conditions boursières. Les investisseurs qui envisagent les produits alternatifs doivent se renseigner sur leurs caractéristiques uniques et sur les risques additionnels auxquels les stratégies utilisées les exposent. Comme pour tous les placements, les rendements fluctueront. Il est possible de perdre de l’argent.
De nombreux produits et services offerts dans les industries liées aux technologies de l’information sont soumis à une obsolescence rapide, ce qui pourrait réduire la valeur des émetteurs.
Les risques d’investir dans des titres d’émetteurs étrangers, y compris ceux des marchés émergents, peuvent inclure la fluctuation des devises étrangères, l’instabilité politique et économique et les problèmes liés à l’imposition étrangère.
Les placements dans des sociétés établies dans la Chine élargie ou qui exercent une partie de leurs activités dans cette région comportent les risques suivants : la nationalisation, l’expropriation ou la confiscation de biens, la difficulté à obtenir et à assurer l’exécution d’un jugement, ou les deux, la modification ou l’abandon des réformes économiques, les conflits armés et la dépendance de la Chine à l’égard des économies des autres pays asiatiques, dont beaucoup sont des pays en voie de développement.
Le Fonds monétaire international est un groupe mondial de 190 pays membres qui soutient des politiques économiques qui favorisent la stabilité financière et la coopération monétaire.
L’indice KBW Regional Banking cherche à refléter la performance des entreprises américaines qui exercent leurs activités en tant que banques régionales ou d’épargne.
L’indice du coût de l’emploi mesure la variation du coût de la main-d'œuvre, indépendamment de l'influence des changements d'emploi entre les professions et les secteurs d’activité.
La Banque centrale européenne (BCE) est chargée de la politique monétaire de l’Union européenne.
Le rendement correspond aux distributions de revenu d’un placement.
L'inflation est le taux auquel le niveau général des prix des biens et services augmente.
La désinflation, ralentissement du taux d'inflation des prix, désigne les situations où le taux d'inflation a légèrement diminué à court terme.
Le taux des fonds fédéraux est le taux d’intérêt auquel les banques se prêtent des soldes au jour le jour.
Le Federal Open Market Committee (FOMC) est un comité du conseil d’administration de la Fed composé de 12 membres qui se réunissent régulièrement pour établir la politique monétaire, y compris les taux d’intérêt perçus des banques.
La réduction du bilan fait référence au fait que la Réserve fédérale américaine réduit son bilan en choisissant de ne pas réinvestir une partie ou la totalité du capital remboursé lorsque les titres qu’elle détient arrivent à échéance.
L’indice des gestionnaires en approvisionnement (PMI) examine l’orientation des tendances économiques des secteurs manufacturier et tertiaire.
L'indice des prix à la consommation (IPC) du Royaume-Uni mesure la variation des prix à la consommation et est compilé par le UK Office for National Statistics.
Un ton belliciste favorise des taux d'intérêt relativement plus élevés si nécessaire pour maîtriser l'inflation.
Les opinions exprimées ci-dessus sont celles de l’auteure au 5 février 2024. Ces commentaires ne doivent pas être interprétés comme des recommandations, mais comme une illustration des grands thèmes. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur. Ils comportent des risques et des incertitudes et sont fondés sur des hypothèses; nous ne pouvons pas vous garantir que les résultats réels ne différeront pas considérablement de nos attentes.
Ce lien vous dirige vers un site non affilié à Invesco. Le site est à but informatif seulement. Invesco ne garantit ni n'assume aucune responsabilité quant au contenu.