Le 15 juin, la Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé le taux cible des fonds fédéraux de 0,75 % pour le porter à 1,75 %. Son président, Jerome Powell, s’est toujours efforcé de faire preuve de transparence et de constance, et il a maintenu la stabilité des marchés même durant la récession induite par la COVID-19. Cependant, les choses évoluent rapidement et la Fed a montré qu’elle était disposée à prendre des mesures plus musclées pour lutter contre l’inflation.
La Fed est maintenant déterminée à atteindre le plus rapidement possible le taux neutre, soit le niveau d’équilibre auquel l’économie n’est ni stimulée ni freinée. Une hausse plus importante maintenant signifie une ampleur moindre ultérieurement et, espérons-le, permettra aux États-Unis de revenir sur la bonne voie. Imaginez une voiture circulant sur une autoroute où il y a un bouchon de circulation au loin. Il est toujours préférable de commencer à ralentir plus tôt que d’attendre et d’être forcé d’appuyer sur les freins à la dernière minute.
Relier les points
Nous avons commencé 2022 avec deux ou trois hausses de taux. En décembre dernier, le « graphique à points » de la Fed prévoyait que le taux cible serait de 0,875 % à la fin de 20231. Toutefois, à la réunion de juin, les prévisions médianes indiquaient un taux de 3,75 %1. Quelle différence en quelques mois à peine!
Même après la hausse de juin, un relèvement supplémentaire de 2 % se profile à l’horizon. Il devrait y avoir une augmentation à chaque réunion pour le reste de l’année (+0,75 % en juillet, +0,50 % en septembre, de +0,50 % en novembre et de +0,25 % en décembre1), portant le taux à 3,50 % à la fin de 20231.
À plus long terme (après 2024), le graphique à points signale que les membres de la Fed s’attendent à un taux cible inférieur, s’établissant à 2,25 % ou à 2,50 %. Tout cela témoigne de l’importance que la Fed accorde à la maîtrise de l’inflation1.
Le défi de l’inflation
Au début de l’année, nous pensions que l’inflation serait brève et transitoire. Ce n’est plus le cas. Aux États-Unis, en mars, en avril et en mai, la lecture de l’indice des prix à la consommation (IPC) a dépassé 8 %2, du jamais vu depuis les années 1980. Ce qui est surprenant, c’est que l’inflation est généralisée et non pas limitée à quelques secteurs. Cette situation inquiète évidemment la Fed.
D’un point de vue historique, à 1,75 %, le taux des fonds fédéraux est extrêmement bas. La Fed voudra atteindre le taux neutre le plus rapidement possible afin de commencer à contenir l’inflation. Elle doit toutefois être très prudente, car si elle en fait trop, elle risque de provoquer une récession.
L’économie américaine demeure en bonne santé
Malgré la nervosité sur les marchés, l’économie américaine se porte bien. Le taux de chômage est faible et la situation financière des consommateurs et des entreprises est plutôt saine. Les taux plus élevés devraient faire baisser la demande globale et ainsi contribuer à prévenir la surchauffe économique. Il y aura encore de l’inflation dans certains secteurs, mais le portrait d’ensemble devrait s’améliorer.
L’offre et la demande d’obligations de sociétés américaines
Un facteur clé pour maintenir la stabilité dans le segment des obligations de sociétés est la question de l’équilibre entre l’offre et la demande. Au cours des dernières années, de nombreuses sociétés américaines ont procédé à des émissions anticipées et ont réussi à obtenir une grande partie de leur financement lorsque les taux étaient faibles. Le « mur des échéances » (la quantité de titres de créance arrivant à échéance à court terme) a été repoussé : seulement 2,5 % des titres de créance américains de première qualité expirent en 2022 et 5 % en 20233. Les obligations américaines à rendement élevé se portent également bien, puisque seulement 6,1 % des titres en circulation arriveront à échéance au cours des deux prochaines années4.
Autrement dit, il ne devrait pas y avoir de vague de défaillances causée par un mur des échéances. Cela signifie aussi que les sociétés ne seront pas obligées de réinvestir à des taux supérieurs et que la diminution de l’offre devrait contribuer à stabiliser les écarts de taux.
Taux des obligations du Trésor américain
On observe une ascension considérable de la courbe des taux des obligations du Trésor américain, mais la portion inférieure à deux ans demeure accentuée. Une simple analyse du seuil de rentabilité révèle que le taux des obligations du Trésor à deux ans (3,36 % au 13 juin 2022) devrait augmenter de 1,77 % pour que le rendement total devienne négatif. Le même calcul effectué en septembre dernier donnait 20 points de base, alors que le taux des obligations du Trésor à deux ans était de 0,28 %. Bon nombre de nos clients optent pour des produits à revenu fixe à courte duration afin de profiter de cette partie de la courbe des taux.