Marchés et économie

Perspectives de placement pour 2024 : un exercice d’équilibre entre croissance et inflation

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Éléments à retenir
Atterrissage en dents de scie
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Au début de 2024, nous prévoyons un léger ralentissement de l'économie mondiale, marqué par un atterrissage en dents de scie dans les principaux pays développés pendant la première moitié de l’année.

Catégories d’actifs favorisées
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Nous croyons qu'un regain d'appétit pour le risque à l’échelle mondiale va favoriser les actions, tandis que la probabilité de baisses de taux d'intérêt pourrait soutenir les titres à revenu fixe.

Stabilisation de la croissance en Chine
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Les autorités chinoises cherchent à stabiliser la croissance afin de contrer la baisse d'optimisme suscitée par la réouverture de l’économie du pays après la COVID en 2023.

Après environ deux ans de lutte contre l’inflation en Amérique du Nord et en Europe, nous croyons que les autorités monétaires sont arrivées au terme de leurs cycles de resserrement, mais les effets d’entraînement des hausses de taux passées continuent de se faire sentir. Nos perspectives pour 2024 sont donc centrées sur l’équilibre entre la durabilité de la croissance et la persistance de l’inflation. Dans les pays occidentaux développés, nous nous attendons à ce que la désinflation se poursuive en 2024, avec un ralentissement économique pendant la première moitié de l’année, suivi d’une reprise pendant la deuxième moitié de l’année. En revanche, la Chine et le Japon sont dans une situation fort différente.

Amérique du Nord et Europe : Nous nous attendons à un ralentissement, suivi d’une reprise

Malgré l’augmentation rapide des taux d’intérêt en 2022 et 2023, de nombreux pays développés ont poursuivi leur croissance et n’ont que récemment commencé à montrer des signes de tension. Au début de 2024, nous prévoyons un léger ralentissement de l'économie mondiale, marqué par un atterrissage en dents de scie dans les principaux pays développés pendant la première moitié de l’année. Nous nous attendons à ce que les résultats varient d’un pays à l’autre; les États-Unis ont été les plus résistants aux effets du resserrement de la politique monétaire et des conditions de crédit, tandis que la croissance dans la zone euro et au Royaume‑Uni commence déjà à faiblir.

Cependant, nous croyons que le ralentissement sera raccourci par un revirement de la politique monétaire, puisque l’inflation va diminuer graduellement. Nous sommes d’avis que les cycles de resserrement des autorités monétaires sont terminés. La prochaine étape sera probablement un assouplissement de la politique monétaire des grandes banques centrales des pays occidentaux développés, qui devrait se produire vers la fin de la première moitié de 2024, alors que la croissance va ralentir et que l’inflation va continuer de se rapprocher d’un taux acceptable. Cela devrait, selon nous, permettre l’amorce d’une reprise et ramener l’économie mondiale vers un taux de croissance tendanciel pendant la deuxième moitié de 2024, alors que les salaires réels vont augmenter en réaction à la baisse de l’inflation.

Chine : Les autorités cherchent à stabiliser la croissance

De son côté, l’économie chinoise se trouve dans une toute autre situation. Les autorités cherchent à stabiliser la croissance afin de contrer la baisse d'optimisme suscitée par la réouverture de l’économie du pays après la COVID en 2023. Nous croyons que de bonnes politiques pourraient améliorer le portrait économique du pays et nous nous attendons à ce que les autorités chinoises élargissent légèrement leur politique budgétaire en 2024 afin de stabiliser les taux de croissance.

À notre avis, la croissance de l’économie chinoise sera modérée pendant la première moitié de l’année, mais va s’améliorer pendant la deuxième moitié de l’année, ce qui devrait se traduire par un taux de croissance réel en glissement annuel d’environ 4,3 à 4,7 % pour l’économie chinoise.

Japon : On s’attend à un léger resserrement pendant la première moitié de l’année

La situation du Japon est aussi très différente. Nous nous attendons à ce que la Banque du Japon (BdJ) continue d’éviter de procéder à un resserrement marqué, compte tenu de la grande incertitude quant à la durabilité de la hausse de l’inflation (après tout, la BdJ a déjà été confrontée à de fausses aubes inflationnistes). Cependant, nous sommes d’avis que la BdJ va commencer à resserrer légèrement sa politique monétaire pendant la première moitié de 2024. En outre, nous croyons qu’elle va modifier sa politique de gestion de la courbe des taux afin d’éviter les effets d’entraînement d’une augmentation démesurée de la volatilité sur les marchés obligataires mondiaux.

Il y a une faible probabilité qu’un taux d’inflation beaucoup plus élevé oblige la BdJ à resserrer considérablement sa politique monétaire, ce qui pourrait provoquer une hausse des taux obligataires mondiaux et renforcer le yen japonais.

Risques que nos perspectives ne se concrétisent pas : Événements géopolitiques, chocs des produits de base et accidents financiers

Depuis la pandémie mondiale, les risques et l’incertitude demeurent élevés. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, les événements au Moyen-Orient et les tensions persistantes à Taïwan ont accru l’incertitude à l’égard des marchés mondiaux, des chaînes d’approvisionnement et des prix. Les conflits qui sévissent actuellement pourraient aussi provoquer un nouveau choc des prix des produits de base qui nuirait à la croissance.

L’incertitude politique aux États-Unis a aussi exacerbé les craintes entourant la viabilité budgétaire du pays, le risque d’une autre paralysie des services publics et même la possibilité que le pays tombe en défaut de paiement. Parallèlement, le resserrement rapide des conditions de crédit dans de nombreuses grandes puissances économiques a fait craindre des accidents financiers, semblables à ceux observés pendant la première moitié de 2023.

Notre scénario de référence ne prévoit pas que ces facteurs auront un impact majeur, mais nous savons qu’ils pourraient faire en sorte que nos perspectives ne se concrétisent pas.

Deux autres scénarios possibles pour l'économie mondiale

Nous voyons la possibilité de deux autres scénarios qui reposent sur l’équilibre entre la croissance et l’inflation et les réactions des autorités monétaires :

Scénario baissier : Atterrissage brutal

Nous voyons deux facteurs susceptibles de provoquer un « atterrissage brutal » : une erreur de politique monétaire déjà commise ou une inflation persistante qui forcerait un resserrement accru.

  • Dans le premier cas, le décalage long et variable du resserrement de la politique monétaire pourrait être trop difficile à gérer pour les pays occidentaux développés en 2024. Dans ce cas, nous nous attendons à une croissance plus faible et à une désinflation plus rapide.
  • Par ailleurs, une inflation plus persistante pourrait obliger les autorités monétaires à laisser les taux plus élevés pendant plus longtemps, ce qui aurait une plus grande incidence sur l’économie que ce que nous prévoyons actuellement.

Dans un cas comme dans l'autre, les retombées sur les placements seraient comparables, mais la situation à court terme serait probablement différente : nous croyons que les rendements des obligations à long terme et des actions surclasseraient plus rapidement ceux des autres catégories d’actifs dans le premier scénario parce que nous assisterions probablement à un assouplissement plus rapide de la politique monétaire, mais ces titres obtiendraient de moins bons rendements dans le scénario d’inflation persistante.

Scénario haussier : Atterrissage en douceur

Nous envisageons également un scénario haussier pour les États-Unis dans lequel les chocs d’offre se dissipent, ou ont déjà été absorbés, et où un léger ralentissement de la demande permet une baisse de l’inflation. Dans ce scénario d’« atterrissage en douceur », nous sommes déjà dans un ralentissement de milieu de cycle (ou même sur le point d’en sortir) et l’économie s’apprête à accélérer à nouveau pendant la première moitié de 2024.

Si tel est le cas, nous nous attendons à ce que l’inflation de base diminue avec plus de certitude et à un rythme plus régulier que dans le scénario de référence, ce qui permettrait à la Fed d’assouplir sa politique monétaire plus tôt. En dehors des États-Unis, les économies en situation excédentaire telles que la zone euro, le Japon et la Chine, ainsi que les marchés émergents affublés de déficits jumeaux, devraient être plus avantagés si ce scénario se concrétise, car la désinflation et la croissance aux États-Unis vont stimuler l’économie mondiale, ce qui contribuerait à compenser le récent ralentissement en Chine et dans la zone euro.

Catégories d’actifs favorisées

Given our base case scenario, we anticipate global risk appetite increasing as 2024 begins, with markets experiencing some volatility as they start to price in a recovery later in the year. We believe this environment should favour equities, although fixed income is also poised to perform well given the likelihood of falling rates.

Selon notre scénario de référence, nous prévoyons un regain d’appétit pour le risque à l’échelle mondiale au début de 2024 et nous nous attendons à ce que les marchés connaissent une certaine volatilité lorsque les investisseurs commenceront à anticiper une reprise plus tard dans l’année. Nous croyons que cette conjoncture va favoriser les actions, mais les titres à revenu fixe devraient eux aussi obtenir de bons rendements, compte tenu de la probabilité d’une baisse des taux.

Actions

  • Nous voyons le plus grand potentiel dans les marchés émergents, quoique les actions des marchés développés, hormis celles des États-Unis, semblent également attrayantes.
  • Nous prévoyons que les titres de valeur et cycliques, ainsi que les actions des sociétés à petite capitalisation vont obtenir les meilleurs rendements.
  • Nos secteurs de prédilection sont la consommation discrétionnaire et les technologies de l’information.
  • Les entreprises du secteur de la consommation discrétionnaire sont étroitement liées au cycle économique, de sorte qu'une reprise favoriserait probablement ce secteur d’activité, d'autant plus que les consommateurs bénéficient d'un faible taux de chômage.
  • Nous croyons que la baisse des taux d'intérêt pourrait faire grimper les ratios cours-bénéfices des valeurs technologiques.

Conclusion : Nous préférons les titres cycliques et de valeur pendant la première moitié de l’année, étant donné que les marchés escomptent une reprise pendant la deuxième moitié de l’année, mais à ce moment-là, un retour vers un taux de croissance tendanciel et une baisse des taux d’intérêt pourraient avantager les actions du secteur des technologies de l’information et les titres de croissance.

Titres à revenu fixe et devises

  • Nous privilégions les titres de créance de qualité en raison des craintes d’un ralentissement économique à court terme et de la perspective d’une baisse des taux.
  • Nous privilégions les obligations de longue durée et croyons que le moment est propice pour immobiliser les taux à l’extrémité longue de la courbe.
  • Nous nous attendons à ce que les obligations nominales se comportent bien, étant donné que la désinflation se poursuit.
  • Dans ce scénario, nous privilégions les titres d’emprunt des marchés émergents libellés en devise locale, car ces titres devraient bénéficier de la dépréciation du dollar américain.
  • Nous croyons que le dollar américain va se déprécier, puisque les marchés s’attendent à des baisses de taux de la Fed.  

Placements alternatifs

  • Au sein des actifs privés, les prêts directs sont attrayants en raison de leurs rendements élevés1, de leurs taux variables et des conditions et protections dont bénéficient les prêteurs.
  • La possibilité que le taux de défaillance soit bas l’an prochain pourrait aussi aider les prêts en difficulté à obtenir des rendements supérieurs aux autres titres.
  • Nous privilégions les prêts immobiliers commerciaux comme moyen d’accéder aux marchés des actifs réels, ce qui pourrait combler le vide de financement laissé par les récents déboires des banques régionales. Les taux d’intérêt plus élevés risquent de continuer d’exercer des pressions sur les actifs immobiliers, mais nous croyons que les caractéristiques fondamentales s’améliorent, d’autant plus que certains secteurs et marchés se portent plutôt bien.
  • En ce qui concerne le capital-investissement, nous préférons les actifs qui se concentrent sur les transactions en espèces, car nous croyons que les sociétés de capital de croissance vont fournir des capitaux à des entreprises privées qui, autrefois, auraient cherché à faire un premier appel public à l’épargne.
  • Nous sommes conscients que, compte tenu de l’augmentation des risques géopolitiques, l’or pourrait connaître des périodes d’excellent rendement.

Lisez l’intégral de nos Perspectives de placement pour 2024.  

Écoutez notre balado sur les perspectives de placement pour connaître les réponses aux questions que Brian Levitt a posées à Alessio de Longis et à moi-même concernant nos prévisions pour les marchés en 2024.

Notes de bas de page

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    Le 30/06/2023, le taux de rendement de l'indice Cliffwater Direct Lending s’élevait à 11,6 %. L'indice Cliffwater Direct Lending est un indice pondéré selon l’actif de plus de 13 000 prêts accordés directement sur le marché intermédiaire. Les rendements passés ne sont pas garants des résultats futurs. Il est impossible d’investir directement dans un indice.