Conversations sur les marchés : Quelles sont nos prévisions pour les marchés en 2024?
L’inflation sera-t-elle maîtrisée avant que l’économie ne se détériore? Quand les banques centrales commenceront-elles à réduire les taux? Kristina Hooper, stratège en chef des marchés mondiaux, et Alessio deLongis, chef des placements de l’équipe Solutions de placement Invesco, se sont joints à nous pour un épisode de Conversations sur les marchés pour discuter des perspectives de placement d’Invesco pour 2024. Nous leur avons demandé de répondre aux questions qui préoccupent le plus les investisseurs à l’aube de la nouvelle année.
À quoi les investisseurs peuvent-ils s’attendre pour 2024?
Kristina Hooper: Au bout du compte, il s’agit des effets retardés de la politique monétaire. Nous sommes loin d’avoir tout vu en ce qui a trait à l’incidence, bonne ou mauvaise, des hausses de taux. Il est donc très probable que nous continuions à observer une désinflation importante, mais cela a un coût. Quant à l’année 2024, nous la considérons comme un exercice d’équilibre. L’inflation sera-t-elle maîtrisée plus rapidement que l’économie ne se détériorera? Il s’agit là d’un exercice d’équilibre très important. Espérons que, dans quelques mois, les consommateurs se sentiront mieux, parce que nous aurons fait davantage de progrès sur le plan de la désinflation sans incidence très importante quant au ralentissement de la croissance économique.
Écoutez pour en apprendre plus avec Kristina (en anglais seulement, la transcription en français est disponible ci-dessous) :
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Ce que je dirais, c’est que le contexte est en constante évolution. Les marchés prennent conscience du fait que la Fed a presque certainement cessé de relever ses taux. Cela signifie qu’il y a un changement sur les marchés, parce qu’ils commencent à tenir compte d’une reprise économique, dont les effets commencent à se faire sentir.
Bien sûr, dans les premiers temps, il y aura beaucoup de volatilité, parce qu’il reste un certain niveau d’incertitude politique. La Fed n’a pas annoncé qu’elle mettait fin à ses hausses de taux et, de fait, elle pourrait durcir le ton pour essayer d’assouplir les conditions financières. Mais à mon avis, c’est le début d’une reprise. Et je pense qu’il est important que les investisseurs le comprennent. Je suis très enthousiaste à l’égard des mois à venir pour les marchés et les investisseurs.
Alessio de Longis: Nous sommes dans un cycle qui s’est déjà un peu prolongé et accéléré en raison de la réponse politique à la pandémie de COVID-19. Pour les investisseurs, ce n’est pas le moment de fermer les yeux et d’oublier leur stratégie de placement. Ils doivent réévaluer l’incidence de la politique monétaire sur l’économie. Nous avons encore un long chemin à parcourir à cet égard. Compte tenu des risques géopolitiques qui sont bien réels, les investisseurs doivent maintenir une approche fluide pour analyser la situation. Et si les faits changent, ils doivent être prêts à modifier leur positionnement de placement.
Écoutez pour en apprendre plus avec Alessio (en anglais seulement, la transcription en français est disponible ci-dessous) :
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Je pense que du point de vue des placements, nous sommes dans un contexte dans lequel nous croyons que les investisseurs sont toujours rémunérés lorsqu’ils ajoutent du risque cyclique dans les portefeuilles, en maintenant la surpondération des titres de créance et des actions par exemple. Il s’agit d’un contexte où la prise de risque devrait continuer à être rémunérée.
Qu’en est-il de la récession tant attendue aux États-Unis en 2023?
Alessio de Longis: Je pense que ce qui s’est passé, c’est exactement l’élément très important que Kristina vient de souligner, l’exercice d’équilibre entre l’inflation et le chômage. Le taux de chômage n’a jamais été aussi bas. Il n’y a pas de récession. De toute évidence, le chômage est un indicateur retardé, mais même les indicateurs avancés du chômage suggèrent plutôt une hausse modérée du chômage qui serait parfaitement conforme au scénario optimal décrit par Kristina — lorsque l’inflation diminue plus rapidement que le taux de chômage n’augmente, la croissance demeure suffisamment bonne, pas trop vigoureuse, ce qui est exactement l’évolution idéale pour la politique monétaire.
Écoutez le point de vue de Kristina (en anglais seulement, la transcription en français est disponible ci-dessous) :
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Il existe un scénario de rechange important, une forte probabilité qu’un scénario de rechange se produise, dans lequel l’atterrissage est plus brutal parce que les taux sont plus élevés plus longtemps, en raison d’une inflation élevée persistante. L’autre sous-scénario d’un atterrissage brutal est celui où l’économie a subi tellement de dommages qu’elle entre en récession à cause du niveau restrictif des taux actuels, ce qui, selon moi, est une probabilité plus faible que le premier scénario de taux plus élevés plus longtemps. Mais là encore, je pense que nos scénarios de base concordent en ce sens qu’il ne s’agit certainement pas du scénario le plus probable. Le scénario le plus probable est que le train D, le train de la désinflation, continue sur sa lancée et soit important.
La Réserve fédérale pourrait-elle abaisser les taux d’intérêt en 2024?
Kristina Hooper: Nous prévoyons que les réductions de taux commenceront à la fin du premier semestre de 2024. Cela dépendra en grande partie des données que nous aurons à l’avenir, mais d’après les renseignements dont nous disposons aujourd’hui, nous pensons que c’est très probable.
Tout ce que nous avons à faire, c’est d’examiner le graphique à points de décembre 2021 et les attentes à l’égard du taux des fonds fédéraux à la fin de 2022 pour le savoir. De toute évidence, les marchés sont passés par ce processus de réévaluation. Je pense en particulier que ce que nous avons compris récemment avec l’IPC (indice des prix à la consommation) d’octobre, c’est que la hausse de taux de juillet était en fait la dernière.
Écoutez pour en apprendre plus avec Kristina (en anglais seulement, la transcription en français est disponible ci-dessous) :
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Et si nous appliquons cette règle empirique selon laquelle la première baisse de taux a lieu environ huit mois, huit mois et demi après la dernière hausse, cela nous amène au deuxième trimestre de 2024 et nous assisterons probablement à des réductions d’environ 100 points de base. Mais là encore, nous ne connaissons pas les effets retardés de la politique monétaire. Ce sera peut-être encore plus que cela en 2024.
Écoutez le point de vue d’Alessio (en anglais seulement, la transcription en français est disponible ci-dessous) :
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Il existe une probabilité non négligeable de scénario où la situation de l’inflation change du jour au lendemain. Je suis assez convaincu de cela. Les banques centrales du monde entier ont été tellement choquées de constater à quel point elles s’étaient trompées sur l’inflation qu’elles seront très réticentes à procéder à des baisses de taux lorsque les perspectives d’inflation ne soutiennent pas cette décision. Ce n’est donc pas mon scénario de base, mais je dirais qu’il s’agit d’une probabilité de plus de 20 % à 30 %, ce qui n’est pas négligeable.
Si les taux baissent, qu’est-ce que cela pourrait signifier pour les investisseurs?
Kristina Hooper: Les taux baisseront et les investisseurs déplaceront leur argent. Ces dernières années, nous avons constaté que l’argent était très mobile. Il pourrait tout aussi bien porter des chaussures de sport parce qu’il s’est déplacé. Il s’est déplacé des comptes bancaires traditionnels vers les comptes à rendement élevé et, à mon avis, des volumes importants sont sur le point d’être déplacés.
Écoutez pour en apprendre plus avec Kristina (en anglais seulement, la transcription en français est disponible ci-dessous) :
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Les taux baisseront et les investisseurs déplaceront leur argent. Ces dernières années, nous avons constaté que l’argent était très mobile. Il pourrait tout aussi bien porter des chaussures de sport parce qu’il s’est déplacé. Il s’est déplacé des comptes bancaires traditionnels vers les comptes à rendement élevé et, à mon avis, des volumes importants sont sur le point d’être déplacés.
Quelles pourraient être les répercussions des élections américaines de 2024 sur les marchés?
Kristina Hooper: Je ne pense pas que les élections aient de l’importance. En tout cas, pas une importance significative au-delà du très court terme. Certes, il peut en résulter des fluctuations à court terme, mais je ne pense pas que cela ait vraiment d’importance à moyen ou à long terme. Les enjeux géopolitiques peuvent avoir une plus grande incidence, mais là encore, à très court terme, à mon avis. Nous devons toujours nous demander si un conflit est contenu ou contagieux?
Écoutez pour en apprendre plus avec Kristina (en anglais seulement, la transcription en français est disponible ci-dessous) :
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Nous devons toujours nous demander si un conflit est contenu ou contagieux? Et je pense que c’est une question que l’on se pose à propos de n’importe quelle crise, qu’elle soit financière ou géopolitique. Mais j’ai tendance à ne pas m’inquiéter des crises géopolitiques, car nous connaissons l’histoire et ce que l’histoire nous a appris, c’est que les crises n’ont aucune importance pour les marchés à long terme.
Alessio de Longis: Je suis d’accord avec Kristina. Comme nous l’avons mentionné précédemment, le prix du pétrole sert de baromètre en temps réel pour déterminer quand un problème régional devient un problème systémique mondial. Le prix du pétrole est un moyen très simple de réfléchir à ce mécanisme de transmission qui touche tout le monde. Mais Kristina a dit quelque chose d’important au sujet de la politique monétaire et des récessions, et cela s’applique également à la géopolitique.
Écoutez pour en apprendre plus avec Alessio (en anglais seulement, la transcription en français est disponible ci-dessous) :
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On ne positionne pas un portefeuille en amont du risque géopolitique, ce qui reviendrait à un billet de loterie en termes de probabilités, de rareté et de difficulté à comprendre. Mais lorsqu’un risque géopolitique se concrétise, il y a souvent une bonne ou une mauvaise réponse politique. Là encore, nous revenons à la grille décrite par Kristina. Guettez cette réponse politique. Surveillez ce que les décideurs feront pour exacerber le problème ou y remédier. Et, oui, je suis d’accord au sujet des élections. Nous devons faire une distinction. La politique ne dirige pas les marchés. Ce sont les politiques économiques qui dirigent les marchés.
Alessio de Longis: Lorsque le résultat de l’élection est clair, il faut réétudier la question et comprendre les politiques économiques qui découlent de ce résultat, ce qui permet de revenir à un processus d’investissement sain et de déterminer l’incidence sur le marché. Il ne faut donc pas se positionner avant une élection. Mais, en tant qu’investisseurs, nous devons comprendre, une fois que le résultat des élections est certain, quelles sont les conséquences de la politique économique, le cas échéant, et si elles ont changé.
Écoutez pour en apprendre plus avec Alessio (en anglais seulement, la transcription en français est disponible ci-dessous) :
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Historiquement, nous constatons que les politiques économiques ont tendance à avoir davantage d’incidence sur le rendement relatif entre les secteurs, car la fiscalité et les politiques budgétaires sont souvent des politiques de redistribution, par exemple entre l’industrie et les matériaux ou les services financiers et l’énergie. Toutefois, les politiques économiques influent rarement sur l’orientation prédéterminée des marchés obligataires, des marchés boursiers et du cycle de croissance, comme vous, Brian, l’avez toujours décrit en analysant les analogies historiques entre les différentes administrations.
Pour en savoir plus sur les perspectives de placement pour 2024, lire les perspectives de placement pour 2024 et écoutez l’épisode en entier :
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Brian Levitt:
Je suis Brian Levitt.
Jodi Phillips:
Je suis Jodi Phillips. Aujourd’hui, nous discuterons de nos perspectives annuelles pour 2024 avec Kristina Hooper, stratège en chef des marchés mondiaux, et Alessio de Longis, chef des placements de l’équipe Solutions de placement Invesco.
Brian Levitt:
2023, c’était amusant.
Jodi Phillips:
2024! 2024! C’est ce qui me dépasse. Ce fut une... Êtes-vous prêt?
Brian Levitt:
Ce fut une année rapide.
Jodi Phillips:
C’est vrai. Ma réponse habituelle à cette observation serait quelque chose du genre « le temps passe vite quand on s’amuse », mais je ne sais pas, du point de vue du marché, est-ce proche de la réalité?
Brian Levitt:
Oui, c’était certainement... Une année plus amusante que l’année dernière. Et elle n’est pas encore terminée, mais elle a certainement été plus amusante que l’année dernière, du moins pour le marché.
Jodi Phillips:
Tout est relatif, je suppose. Oui. Je veux dire par là que les défis et les conflits ne manquent pas dans le monde. Du point de vue du marché, je pense que l’année a été meilleure que 2022.
Brian Levitt:
Oui; la différence est que 2022 est l’une des rares années où les choses ont empiré par rapport aux attentes. Cette année a été...
Jodi Phillips:
Vous dites rares?
Brian Levitt:
Oui.
Jodi Phillips:
N’est-ce pas toujours le cas?
Brian Levitt:
Oui. De toute évidence, les médias veulent nous donner l’impression que tout empire chaque jour. Je suppose que c’est une manière de capter notre attention, mais la plupart du temps, les choses s’améliorent d’une manière générale. Les économies se développent, les bénéfices augmentent, n’est-ce pas? La situation est moins grave qu’on ne le pense.
Jodi Phillips:
D’accord. 2023 est donc une année où les conditions sont généralement meilleures que prévu.
Brian Levitt:
Oui, je dirais que l’économie a mieux résisté que ce que beaucoup attendaient. Bonne nouvelle.
Jodi Phillips:
C’est bien. Oui. Nous avons eu tellement de prévisions de récession qui ne semblent pas s’être réalisées cette année. Et avec ça, tellement de mea culpa de la part des économistes qui ont fait ces prévisions.
Brian Levitt:
Oui, c’est drôle. Les excuses sonnent toujours mieux en latin.
Jodi Phillips:
C’est vrai.
Brian Levitt:
Non seulement l’économie a mieux résisté que prévu, mais l’inflation a baissé plus vite que prévu, ce qui a également été considéré comme une bonne nouvelle cette année.
Jodi Phillips:
Je sais que c’est vrai, mais les Américains n’ont pas l’air d’aller très bien. Vous m’avez montré certains sondages, Brian; 78 % des personnes interrogées disent que les États-Unis vont dans la mauvaise direction et environ 80 % disent que l’économie est seulement passable, voire médiocre, et qu’elle se détériore. Alors pourquoi les résultats du sondage ne reflètent-ils pas la réalité?
Brian Levitt:
C’est une très bonne question. Je vais reprendre une phrase de l’ère Clinton : « Le prix est stupide. » Même si le taux d’inflation a baissé. Si les prix étaient en hausse de 9 % sur 12 mois en juin dernier et qu’ils sont en hausse de 3 % sur 12 mois aujourd’hui, c’est beaucoup mieux pour le marché, mais ils sont toujours plus élevés pour les gens. C’est comme si vous pensiez à l’Action de grâces, n’est-ce pas? Ou prenez la cuisine. Les gens ont regardé le prix des œufs. Certes, il est descendu à 2 $ aujourd’hui alors qu’il avait atteint plus de 4 $, mais il était de 1 $ avant la pandémie, ce qui n’est toujours pas terrible pour les investisseurs.
Jodi Phillips:
Encore une fois, tout est relatif. Ce que vous me dites, c’est que les consommateurs ne sont pas contents, mais si vous êtes une stratège des marchés intellectuelle, les choses peuvent sembler aller bien.
Brian Levitt:
Oui, en effet; l’indice du taux d’appauvrissement (chômage plus inflation) est en baisse. Il est inférieur à la moyenne à long terme. La situation est donc un peu différente de ce que les gens ressentent.
Jodi Phillips:
Il existe un indicateur pour absolument tout, n’est-ce pas? Le taux d’appauvrissement. L’économie n’est peut-être pas aussi déprimante qu’on pourrait le croire.
Brian Levitt:
Oui, selon moi, mais loin de moi l’idée de dire aux gens ce qu’il doivent ressentir. Nous ne sommes pas là pour dire aux gens comment ils doivent se sentir, nous sommes ici pour évaluer les occasions et les marchés. Et, oui, nous sommes plutôt optimistes à l’aube de 2024.
Jodi Phillips:
C’est bien. Dans ce cas, passons la parole à Kristina et à Alessio pour discuter de ce niveau d’optimisme et des occasions qu’ils entrevoient pour 2024. Bienvenue!
Brian Levitt:
Oui, merci à vous deux d’être ici.
Alessio de Longis:
Merci, Brian. Merci, Jodi. C’est toujours un plaisir d’être avec vous.
Kristina Hooper:
Oui. Merci, Jodi. Merci, Brian. Je suis ravie d’être là.
Jodi Phillips:
Commençons par vous, Kristina. Ce que j’ai retenu de l’analyse de Brian sur les prix des œufs, c’est qu’en ce qui concerne les marchés, il ne s’agit pas nécessairement de qualifier la situation de bonne ou de mauvaise, mais plutôt de savoir si elle s’améliore ou elle empire. Je suis donc curieuse d’entendre ce que vous avez à dire aux quelque 80 % de personnes qui répondent aux sondeurs que l’économie américaine se détériore.
Kristina Hooper:
Au bout du compte, il s’agit des effets retardés de la politique monétaire. Nous les observons encore et nous sommes loin d’avoir tout vu en ce qui a trait à l’incidence, bonne ou mauvaise, des hausses de taux. Il est donc très probable que nous continuions à observer une désinflation importante, mais cela a un coût. Elle commencera à peser sur l’économie. Quant à l’année 2024, nous la considérons comme un exercice d’équilibre. La question est la suivante : l’inflation sera-t-elle maîtrisée plus rapidement que l’économie ne se détériorera? Il s’agit là d’un exercice d’équilibre très important. Espérons que, dans quelques mois, les consommateurs répondront aux sondeurs qu’ils se sentent mieux, parce que nous aurons fait davantage de progrès sur le plan de la désinflation sans incidence très importante en termes de ralentissement de la croissance économique.
Brian Levitt:
Alessio, qu’est-il advenu de cette récession? Je croyais qu’il s’agissait de la récession la plus attendue de tous les temps et qu’elle était inévitable. Que s’est-il passé cette année et cette récession va-t-elle se produire?
Alessio de Longis:
Je pense que ce qui s’est passé, c’est exactement l’élément très important que Kristina vient de souligner, l’exercice d’équilibre entre l’inflation et le chômage. Le taux de chômage n’a jamais été aussi bas. Il n’y a pas de récession. De toute évidence, le chômage est un indicateur retardé, mais même les indicateurs avancés du chômage suggèrent plutôt une hausse modérée du chômage qui serait parfaitement conforme au scénario optimal décrit par Kristina. Lorsque l’inflation diminue plus rapidement que le taux de chômage n’augmente, la croissance demeure suffisamment bonne, pas trop vigoureuse, ce qui est exactement l’évolution idéale pour la politique monétaire.
Brian, nous avons signalé à plusieurs reprises au cours des deux dernières années la probabilité croissante d’une récession. Je crois que nous n’avons jamais eu d’annonce officielle de récession, mais nous avons souligné à plusieurs reprises en 2022 et en 2023, à juste titre, que les risques de récession augmentaient et nous avons proposé une grille de réflexion à ce sujet. Selon moi, nous sommes en train d’assister à un scénario qui rappelle beaucoup celui que nous avons observé en 2011 ou en 2014-2015. Ces années-là, l’économie américaine et l’économie mondiale ont connu une forte détérioration de la croissance. Dans certains cas, des PIB négatifs ont provoqué des difficultés sur les marchés du crédit, mais finalement, ces deux cas se sont révélés être de longs passages à vide qui ne se sont pas vraiment traduits par une récession, et le cycle s’est prolongé pendant quelques années encore. C’est la meilleure analogie que je trouve aujourd’hui avec les normes historiques de notre époque.
Brian Levitt:
Et je m’en souviens très bien. Bien sûr, en 2011 – corrigez-moi si je me trompe –, il a fallu un changement de politique ou une intervention politique pour en arriver là. Ainsi, en 2011 – est-ce l’année exacte? –, Mario Draghi a déclaré : « Je ferai tout ce qui est nécessaire pour maintenir la stabilité de l’euro et préserver l’unité de la zone euro. » Entre 2015 et 2016, est-ce la Réserve fédérale américaine qui a dit : « Nous plaisantions lorsque nous parlions de relever les taux d’intérêt »? Cela justifie probablement une certaine forme d’intervention des décideurs, et voyez-vous les attentes que suscitent ce genre d’intervention?
Alessio de Longis:
Je pense que vous pointez exactement du doigt les enjeux. Il y a eu un choc économique ou un choc géopolitique, qu’il s’agisse de la crise de la dette européenne, de la dégradation de la dette souveraine des États-Unis, de la crise de l’énergie aux États-Unis, et les mesures prises par les autorités, qu’elles soient budgétaires, monétaires ou les deux, ont contribué à redresser l’économie. Autrement dit, le sort de l’économie n’est pas écrit. Il y a des erreurs politiques et des interventions politiques qui influent sur sa trajectoire. Si nous faisons une analogie aujourd’hui, si l’inflation, comme l’a souligné Kristina, diminue ou commence à diminuer de façon crédible – et il est agréable de voir que les prix du pétrole ne contribuent pas à ce problème malgré la terrible escalade des conflits au Moyen-Orient –, il existe selon nous une probabilité croissante d’un véritable atterrissage en douceur de la politique monétaire, où les taux d’intérêt pourraient rester élevés plus longtemps, mais les marchés anticipent correctement, à ce jour, une baisse des taux directeurs d’environ 100 points de base d’ici la fin de 2024. Si cela se confirme et que le taux de chômage demeure relativement stable, comme l’a suggéré Kristina, je crois que ce scénario nous permettrait de reporter le risque de récession de quelques années.
Jodi Phillips:
D’accord. Alors Kristina, pour résumer la situation en ce qui concerne la Fed – et nous tenons à aborder la question sous un angle plus global plus tard –, quant aux attentes et aux prévisions selon lesquelles la Fed commencera à assouplir sa politique en 2024, quel scénario de base a été exposé dans les perspectives relativement au moment où cet assouplissement pourrait se produire et à ce que cela indiquerait sur l’évolution de l’économie?
Kristina Hooper:
C’est une excellente question, Jodi. Nous prévoyons que les réductions de taux commenceront à la fin du premier semestre de 2024. Cela dépendra en grande partie des données que nous aurons à l’avenir, mais d’après les renseignements dont nous disposons aujourd’hui, nous pensons que c’est très probable. Vous vous souvenez peut-être que les marchés ont réagi vivement et que les taux obligataires ont commencé à grimper en flèche, surtout sur le segment à long terme, quand la Fed a publié son graphique à points de septembre. Le graphique à points de juin semblait indiquer quatre réductions de taux en 2024 quand celui de septembre n’en suggérait que deux en 2024. Et ce fut en quelque sorte le graphique à point (et non le coup de feu!) entendu dans le monde entier qui a déclenché cette forte hausse des taux. Et je pense que les marchés ont fini par se rendre compte que la Fed peut se tromper du tout au tout, surtout si elle se projette dans l’avenir.
Tout ce que nous avons à faire, c’est d’examiner le graphique à points du 21 décembre et les attentes à l’égard du taux des fonds fédéraux à la fin de 2022 pour le savoir. De toute évidence, les marchés sont passés par ce processus de réévaluation. Je pense en particulier que ce que nous avons compris récemment avec l’indice des prix à la consommation d’octobre, c’est que la hausse de taux de juillet était en fait la dernière. Et si nous appliquons cette règle empirique selon laquelle la première baisse de taux a lieu environ huit mois, huit mois et demi après la dernière hausse, cela nous amène au deuxième trimestre de 2024 et nous assisterons probablement à des réductions d’environ 100 points de base. Mais là encore, nous ne connaissons pas les effets retardés de la politique monétaire. Ce sera peut-être encore plus que cela en 2024.
Brian Levitt:
Alessio, créons un peu de conflits, lançons un petit débat. Pourriez-vous revenir un peu en arrière? Diriez-vous que les réductions de taux pourraient intervenir un peu plus tard que ne le pense Kristina?
Alessio de Longis:
Ma ligne de base correspond à celle de Kristina, mais comme vous avez droit à une petite partie, je dois trouver un scénario qui serait parfaitement compatible avec la rhétorique des taux plus élevés plus longtemps. Là encore, je pense que nous ne devrions pas sous-estimer le risque à ce stade du cycle où les marchés de l’emploi sont tendus. Si les prix des produits de base, qu’il s’agisse de l’alimentation ou de l’énergie, devaient augmenter, il faudrait très peu de temps, six mois de hausse des prix des produits de base, ce qui représente un risque géopolitique quelque peu exogène. L’inflation n’est pas seulement liée à la demande, c’est aussi une question d’offre. Il existe une probabilité non négligeable de scénario où la situation de l’inflation change du jour au lendemain. Je suis assez convaincu de cela. Les banques centrales du monde entier ont été tellement choquées de constater à quel point elles s’étaient trompées sur l’inflation qu’elles seront très réticentes à procéder à des baisses de taux lorsque les perspectives d’inflation ne soutiennent pas cette décision. Ce n’est donc pas mon scénario de base, mais je dirais qu’il s’agit d’une probabilité de plus de 20 % à 30 %, ce qui n’est pas négligeable. C’est ça.
Brian Levitt:
D’accord. Donc, les scénarios de base concordent, Jodi.
Jodi Phillips:
Bien. C’est bien. Je sais que vous tentiez de provoquer un désaccord, mais nous avons un certain consensus.
Alessio de Longis:
Nous nous serrons la main au lieu d’utiliser des gants de boxe.
Kristina Hooper:
Alessio a tout à fait raison. Il existe un scénario de rechange important, une forte probabilité qu’un scénario de rechange se produise, dans lequel l’atterrissage est plus brutal parce que les taux sont plus élevés plus longtemps, en raison d’une inflation élevée persistante. L’autre sous-scénario d’un atterrissage brutal est celui où l’économie a subi tellement de dommages qu’elle entre en récession à cause du niveau restrictif des taux actuels, ce qui, selon moi, est une probabilité plus faible que le premier scénario de taux plus élevés plus longtemps. Mais là encore, je pense que nos scénarios de base concordent en ce sens qu’il ne s’agit certainement pas du scénario le plus probable. Le scénario le plus probable est que le train D, le train de la désinflation, continue sur sa lancée et soit important.
Jodi Phillips:
Si l’on s’éloigne un peu de cette perspective américaine et que l’on s’intéresse un peu plus en détail à ce que l’on observe en Europe, au Royaume-Uni ou au Canada, quel calendrier envisagez-vous en 2024 pour assister à ce type de changement de politique?
Kristina Hooper:
Je pense que bon nombre de banques centrales interviendront plutôt de concert, mais que ce pourrait être pour des raisons différentes. Pour certaines, on pourrait dire qu’elles ont constaté plus de progrès dans la réduction de l’inflation, tandis que pour d’autres, la détérioration de l’économie est suffisamment importante pour nécessiter des réductions. Je crois que la Banque d’Angleterre ne tardera pas à intervenir. Mais je soupçonne que le deuxième trimestre sera un moment idéal et que la Fed ne sera pas la seule à intervenir.
Brian Levitt:
Passons maintenant aux choses sérieuses. Parlons de votre analyse du contexte. Parlons de votre positionnement à la fin de l’année et au début de l’année prochaine. J’aime beaucoup que vous abordiez les choses sous l’angle de la reprise, de l’expansion, du ralentissement et de la contraction. Qu’observez-vous actuellement? Que vous disent vos indicateurs, quelles sont les conséquences pour les marchés au début de l’année et comment les choses pourraient-elles se dérouler tout au long de l’année?
Alessio de Longis:
Du point de vue des prévisions de croissance implicites du marché, que nous suivons à travers nos indicateurs fondés sur les prix des actifs, nous avons observé un regain de confiance et une amélioration des prévisions de croissance depuis la fin de juin et le début de juillet. Nous nous sommes donc positionnés en vue de cette reprise du cycle mondial dès le milieu de l’été, et nous restons positionnés dans cette perspective. Nous observons une amélioration constante de l’optimisme à l’égard de la croissance, comme le suggèrent le marché, les prix du marché jusqu’à la fin de l’année. Fait intéressant, au cours des derniers mois, cette vision prospective du marché a également été confirmée par les données économiques : les enquêtes sur la confiance des consommateurs continuent de s’améliorer à l’échelle mondiale. Les enquêtes sur l’activité manufacturière sont encourageantes. Elles se stabilisent à des creux cycliques. Et même les indicateurs de l’habitation qui, comme nous le savons, devraient se détériorer en raison de la hausse des coûts hypothécaires. Nous avons plutôt observé une certaine stabilisation des permis de construire, des mises en chantier, etc.
Brian Levitt:
Qu’est-ce que cela signifie? Que l’offre n’est tout simplement pas suffisante et qu’il y aura encore de la demande compte tenu de la situation démographique de ce pays?
Alessio de Longis:
Il y a certainement un peu de cela, mais permettez-moi de revenir au point important soulevé par Kristina au sujet des effets retardés de la politique monétaire. Après la crise financière mondiale, il y a eu 15 années au cours desquelles le secteur privé a prolongé la duration, a bloqué les taux d’intérêt très bas, de sorte que le coût effectif des taux d’intérêt pour les consommateurs n’a pas encore été entièrement répercuté. Donc, pour répondre à votre question, l’offre limitée n’est pas attribuable au fait que nous ne construisons pas de nouvelles maisons, mais au fait que le taux de rotation n’est pas suffisant. Il n’y a pas suffisamment de mobilité sur le marché de l’habitation, car une grande partie des consommateurs ont bloqué des taux d’intérêt qui les rendent parfaitement capables de faire face à leurs dépenses courantes.
Brian Levitt:
Mon taux hypothécaire de 2,5 % me remplit de joie. J’ai refinancé mon prêt hypothécaire le jour où la COVID-19 a frappé, et le grand débat à la maison était de savoir si nous laissions entrer l’évaluateur, parce que nous avions peur qu’il nous transmette la COVID-19, mais c’est la meilleure décision que j’ai jamais prise.
Alessio de Longis:
J’ai vécu exactement la même chose, oui.
Kristina Hooper:
Et cela crée des menottes dorées, n’est-ce pas? Personne ne veut quitter sa maison parce qu’il s’agit parfois d’un aspect plus important que le fait d’avoir quatre chambres à coucher, une piscine ou autre.
Brian Levitt:
Oui. Alessio, vous avez dû avoir un grand sentiment de satisfaction le jour où l’indice des prix à la consommation a été publié, qu’il a été inférieur aux attentes et que vous veniez de vivre une de ces journées où les actions de valeur, à petite capitalisation et internationales s’étaient très bien comportées. Ce n’était qu’une journée, mais elle correspondait à vos attentes quant à la façon dont ces choses allaient se dérouler d’ici la fin de l’année et jusqu’en 2024.
Alessio de Longis:
Oui, car comme je l’ai dit, à partir de juillet, les marchés ont nécessairement validé les différents aspects des marchés financiers, qu’il s’agisse de la répartition de l’actif, de la répartition par facteur et par style et des rendements régionaux. Les signes de cette reprise du cycle n’ont pas été très clairs. La journée à laquelle vous faites allusion, qui n’est qu’une journée, est très révélatrice des préoccupations du marché et ce qui préoccupe le marché, c’est le lien que Kristina a décrit. Les tendances inflationnistes par rapport aux tendances du marché de l’emploi sont au cœur de l’exercice d’équilibre actuel. Ce jour-là, qui est important selon moi, nous avons assisté à cette parfaite réaction cyclique favorable. Pour répondre à votre question, les petites et moyennes capitalisations et les actions de valeur ont nettement surpassé les actions technologiques de qualité et les grandes capitalisations. Les marchés émergents se sont bien comportés et les écarts de taux se sont resserrés. Cela signifie que le marché est prêt à réagir aux bonnes nouvelles. Les bonnes nouvelles ne sont pas pleinement intégrées dans les cours. La question est donc de savoir si nous avons raison au sujet du cycle. Si c’est le cas, le potentiel de surperformance est là.
Brian Levitt:
Jodi, je sais ce que vous pensez. Cela fait beaucoup de notes de bas de page à inclure. Mais j’étais à New York ce jour-là, je faisais une présentation avec Alessio – et laissez-moi vous dire qu’il arborait un sourire satisfait. Il souriait. Ce n’était pas un grand sourire, mais il souriait un peu.
Jodi Phillips:
C’est toujours un plaisir de voir ça. Brian, je vous ai entendu citer un chiffre, de quoi s’agit-il? Les investisseurs disposent de plus de 22 000 milliards de dollars, c’est bien ça? Qui dorment dans des dépôts bancaires et des stratégies du marché monétaire. Lorsque les investisseurs se sentent bien, qu’ils commencent à sourire et qu’ils veulent investir cet argent, quel type de risque cela va-t-il engendrer? Je veux dire, s’agit-il d’un risque de réinvestissement ou simplement de la force de tout cet argent qui pourrait arriver sur les marchés en même temps. Que faut-il surveiller lorsque l’argent est mis en mouvement?
Brian Levitt:
Oui. J’aimerais poser la question à Kristina. Lorsqu’elle parle de possibles réductions de taux d’intérêt à l’avenir, qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs qui semblent adorer les taux de rendement à court terme de 5 %, 5,5 %? À un moment donné, ces taux devront baisser, n’est-ce pas?
Kristina Hooper:
Absolument. Ces taux baisseront et les investisseurs déplaceront leur argent. Ces dernières années, nous avons constaté que l’argent était très mobile. Il pourrait tout aussi bien porter des chaussures de sport parce qu’il s’est déplacé. Il s’est déplacé des comptes bancaires traditionnels vers les comptes à rendement élevé et, à mon avis, des volumes importants sont sur le point d’être déplacés. Il suivra probablement la voie des caractéristiques historiques d’une reprise. Au bout du compte, cela se traduit par un élargissement du marché, car il ne s’agira pas seulement des titres défensifs, des grandes capitalisations, des secteurs traditionnels sur lesquels les investisseurs se sont concentrés récemment, mais aussi des petites capitalisations et des titres internationaux, en particulier des marchés émergents.
Brian Levitt:
Alessio, cela me laisse penser que c’est ainsi que nous normalisons la courbe des taux, n’est-ce pas? Mais, au vu de cette conversation, je m’attendrais à ce que vous pensiez que nous verrions peut-être... Serons-nous dans un régime de ralentissement à un moment donné en 2024? Comment la courbe des taux réagit-elle dans ce contexte? À quel niveau pensez-vous que les taux vont se stabiliser?
Alessio de Longis:
Nous pourrions donc nous retrouver dans une situation où, oui, aux États-Unis, nous constatons que la croissance est en tête. Nous croyons que les États-Unis ont déjà renoué avec une croissance supérieure à sa tendance à long terme, tandis que l’Europe et les marchés émergents accusent un certain retard. Faisons donc un bond de quelques trimestres et supposons que nous avons raison en ce qui concerne notre rebond cyclique. Maintenant, un ralentissement puis une éventuelle normalisation ou un nouveau ralentissement de l’économie au second semestre de l’année, ce qui justifierait et amplifierait les baisses de taux dont Kristina parle.
Dans ce scénario, les baisses de taux entraîneraient une accentuation de la courbe des taux, ce qui est une autre façon de penser que cette normalisation est attendue depuis longtemps, n’est-ce pas? La courbe des taux s’est inversée ou aplatie depuis un bon moment. La forme naturelle de la courbe des taux est ascendante. Et l’orientation de la courbe des taux est, je ne dirais pas facile, mais plus facile à prévoir que le niveau des taux. La courbe des taux est plus stable et tend à avoir des propriétés de retour à la moyenne. Par conséquent, une courbe des taux ascendante alimentée par une baisse des taux d’intérêt dans la partie à court terme de la courbe serait, d’un point de vue cyclique, un résultat très naturel pour les marchés.
Jodi Phillips:
Brian, nous sommes très attentifs aux détails des courbes de taux et de la politique monétaire. J’ai toutefois une question. Je me demande simplement si, lorsque vous devez établir des perspectives pour l’année suivante et que vous pensez à tout ce qui se passe dans le monde en même temps, qu’il s’agisse de géopolitique ou d’une élection qui aura lieu en 2024, ce type de facteurs influe sur la façon dont vous créez votre scénario de base ou dont vous réfléchissez à vos scénarios de rechange.
Brian Levitt:
J’essaie de voir plus loin. Je vais poser la question à nos invités. Du point de vue géopolitique, j’essaie toujours de voir si un conflit va rester régional, auquel cas vous pouvez largement regarder au-delà. Tout le monde connaît mon opinion sur les élections, donc nous pourrions demander...
Jodi Phillips:
Elles n’ont aucune importance pour les marchés. Elles n’ont aucune importance pour les marchés.
Brian Levitt:
Jodi a trouvé le titre de mon article sur les élections cette année : « Les gens se sentent concernés par les élections, mais pas les marchés. » Vous connaissez donc mon opinion, mais voyons si nos amis du balado en ont une.
Jodi Phillips:
Oui, Kristina, commençons par vous, si vous le voulez bien.
Kristina Hooper:
Oui. Je ne pense pas que les élections aient de l’importance. En tout cas, pas une importance significative au-delà du très court terme. Certes, il peut en résulter des fluctuations à court terme, mais je ne pense pas que cela ait vraiment d’importance à moyen ou à long terme. Les enjeux géopolitiques peuvent avoir une plus grande incidence, mais là encore, à très court terme, à mon avis. Nous devons toujours nous demander si un conflit est contenu ou contagieux? Et je pense que c’est une question que l’on se pose à propos de n’importe quelle crise, qu’elle soit financière ou géopolitique. Mais j’ai tendance à ne pas m’inquiéter des crises géopolitiques, car nous connaissons l’histoire et ce que l’histoire nous a appris, c’est que les crises n’ont aucune importance pour les marchés à long terme.
Brian Levitt:
Jusqu’à présent, pouvons-nous qualifier la situation entre la Russie et l’Ukraine et ce qui se passe au Moyen-Orien de conflits contenus?
Kristina Hooper:
Je dirais que oui. Il y a certainement un risque de contagion au Moyen-Orient, mais nous pouvons espérer qu’il sera maîtrisé et que le conflit prendra fin bientôt.
Alessio de Longis:
Je suis d’accord avec Kristina. Comme nous l’avons mentionné précédemment, le prix du pétrole sert de baromètre en temps réel pour déterminer quand un problème régional devient un problème systémique mondial. Le prix du pétrole est un moyen très simple de réfléchir à ce mécanisme de transmission qui touche tout le monde. Mais Kristina a dit quelque chose d’important au sujet de la politique monétaire et des récessions, et cela s’applique également à la géopolitique. On ne positionne pas un portefeuille en amont du risque géopolitique, ce qui reviendrait à un billet de loterie en termes de probabilités, de rareté et de difficulté à comprendre. Mais lorsqu’un risque géopolitique se concrétise, il y a souvent une bonne ou une mauvaise réponse politique. Là encore, nous revenons à la grille décrite par Kristina. Guettez cette réponse politique. Surveillez ce que les décideurs feront pour exacerber le problème ou y remédier. Et, oui, je suis d’accord au sujet des élections. Nous devons faire une distinction. La politique ne dirige pas les marchés. Ce sont les politiques économiques qui dirigent les marchés.
Lorsque le résultat de l’élection est clair, il faut réétudier la question et comprendre les politiques économiques qui découlent de ce résultat, ce qui permet de revenir à un processus d’investissement sain et de déterminer l’incidence sur le marché. Il ne faut donc pas se positionner avant une élection. Mais, en tant qu’investisseurs, nous devons comprendre, une fois que le résultat des élections est certain, quelles sont les conséquences de la politique économique, le cas échéant, et si elles ont changé. Historiquement, nous constatons que les politiques économiques ont tendance à avoir davantage d’incidence sur le rendement relatif entre les secteurs, car la fiscalité et les politiques budgétaires sont souvent des politiques de redistribution, par exemple entre l’industrie et les matériaux ou les services financiers et l’énergie. Toutefois, les politiques économiques influent rarement sur l’orientation prédéterminée des marchés obligataires, des marchés boursiers et du cycle de croissance, comme vous, Brian, l’avez toujours décrit en analysant les analogies historiques entre les différentes administrations.
Brian Levitt:
Vous le dites de façon beaucoup plus éloquente que moi.
Alessio de Longis:
J’apprends de vous. Je vous écoute tout le temps. C’est l’accent, Brian, c’est l’accent.
Brian Levitt:
Nous arrivons à la fin de cette conversation, Jodi. Je crois que nous avons épuisé le temps imparti, mais je veux m’assurer que nos deux invités n’ont rien d’autre à ajouter. Je veux m’assurer qu’ils ont pu exprimer précisément ce qu’ils avaient à dire avant de terminer. Nous pourrions commencer par vous, Kristina.
Kristina Hooper:
Bien sûr. Ce que je dirais, c’est que le contexte est en constante évolution. Les marchés ont pris conscience du fait que la Fed a presque certainement cessé de relever ses taux. Cela signifie qu’il y a un changement sur les marchés, parce qu’ils commencent à anticiper une reprise économique. Nous commençons déjà à le constater. Bien sûr, dans les premiers temps, il y aura beaucoup de volatilité, parce qu’il reste un certain niveau d’incertitude politique. La Fed n’a pas annoncé qu’elle mettait fin à ses hausses de taux et, de fait, elle pourrait durcir le ton pour essayer d’assouplir les conditions financières. Mais à mon avis, c’est le début d’une reprise. Et je pense qu’il est important que les investisseurs le comprennent. Je suis très enthousiaste à l’égard des mois à venir pour les marchés et les investisseurs.
Brian Levitt:
Alessio?
Alessio de Longis:
Oui, je pense que du point de vue des placements, nous sommes dans un contexte dans lequel nous croyons que les investisseurs sont toujours rémunérés lorsqu’ils ajoutent du risque cyclique dans les portefeuilles, en maintenant la surpondération des titres de créance et des actions par exemple. Il s’agit d’un contexte où la prise de risque devrait continuer à être rémunérée. Nous sommes dans un cycle qui s’est déjà un peu prolongé et accéléré en raison de la réponse politique à la pandémie de COVID-19. Il ne s’agit donc pas de fermer les yeux et d’oublier votre stratégie de placement. Vous devez réévaluer l’incidence de la politique monétaire sur l’économie. Nous avons encore un long chemin à parcourir à cet égard. Compte tenu des risques géopolitiques qui sont bien réels, il convient de maintenir une approche fluide pour analyser la situation. Et si les faits changent, soyez prêt à modifier votre positionnement de placement.
Kristina Hooper:
Oui, je suis entièrement d’accord avec la dernière déclaration d’Alessio. Si les faits changent, n’est-ce pas? En raison des effets retardés de la politique monétaire, nous pouvons faire des estimations au jugé, mais rien ne sera sûr tant que nous n’aurons pas vu les données.
Brian Levitt:
Jodi, êtes-vous prête à vous joindre à Kristina et Alessio dans les 20 % d’Américains qui sont satisfaits de l’économie?
Jodi Phillips:
Bien sûr. Dès aujourd’hui, à moins que les faits ne changent.
Brian Levitt:
À moins que les faits ne changent. Kristina, Alessio, merci beaucoup. Comme toujours, nous espérons échanger de nouveau avec vous bientôt.
Alessio de Longis:
Merci, Jodi. Merci, Brian.
Kristina Hooper:
Merci. Au revoir.
Jodi Phillips:
Vous aussi. Merci beaucoup.
Renseignements importants
NA3252380
Date de l’enregistrement : 17 novembre 2023
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Les sondages sur l’évolution de l’économie américaine proviennent de l’Associated Press-NORC Research Center et de Gallup, en date d’octobre 2023.
Le taux d’appauvrissement des États-Unis mesure l’humeur du pays en ajoutant le taux de chômage au taux d’inflation. L’indice était de 7,1 % en novembre 2023, contre une moyenne à long terme de 9,22 % de janvier 1947 à novembre 2023. Données de Bloomberg.
Les discussions sur le taux d’inflation aux États-Unis proviennent du: US Bureau of Labor Statistics, au 31 octobre 2023. Selon la variation annuelle en pourcentage de l’indice des prix à la consommation aux États-Unis, qui suit l’évolution des prix à la consommation. En juin 2022, l’inflation a augmenté de 9,1 %. En octobre 2023, l’inflation a augmenté de 3,2 %.
Les données sur le prix d’une douzaine d’œufs proviennent du département de l’Agriculture des États-Unis au 14 novembre 2023.
Les énoncés sur le chômage aux États-Unis sont fondés sur le taux de chômage U-3, le total de la main-d’œuvre, désaisonnalisé, et proviennent de l’US Bureau of Labor Statistics, au 31 octobre 2023.
Les énoncés sur les marchés qui intègrent la baisse des taux directeurs sont fondés sur les données sur les contrats à terme sur les fonds fédéraux au 20 novembre 2023, provenant de Bloomberg.
Les contrats à terme sur fonds fédéraux sont des contrats financiers qui représentent l’opinion du marché quant à l’évolution future du taux des fonds fédéraux. Le taux des fonds fédéraux est le taux auquel les banques se prêtent de l’argent à un jour.
Les énoncés sur le graphique à points sont fondés sur des données de la Réserve fédérale américaine.
Le graphique à points est un graphique de la Réserve fédérale américaine qui lui sert à illustrer ses prévisions à l’égard des taux d’intérêt.
La discussion sur la publication de l’indice des prix à la consommation et la réaction en une journée de diverses catégories d’actif est fondée sur des données de Bloomberg du 14 novembre 2023. Ce jour-là, l’indice de valeur Russell 1000 a enregistré un rendement de 2,24 %, l’indice de croissance Russell 1000, un rendement de 1,95 %, l’indice S&P 500 des technologies de l’information, un rendement de 1,92 %, l’indice S&P 500 Quality, un rendement de 1,48 %, l’indice Russell 2000, un rendement de 5,47 %, l’indice Russell des sociétés à moyenne capitalisation, un rendement de 3,33 %, l’indice Russell 1000, un rendement de 2,08 %, l’indice MSCI Monde tous pays hors É.-U., un rendement de 1,74 % et l’indice MSCI Marchés émergents, un rendement de 0,72 %. Les écarts de taux sont passés de 125 points de base au début de la semaine précédant la publication de l’indice des prix à la consommation à 114 points de base à la fin de la semaine au cours de laquelle l’indice des prix à la consommation a été publié. Les écarts de taux sont représentés par l’écart ajusté en fonction des options de l’indice Bloomberg US Corporate Bond.
L’indice des prix à la consommation (IPC) mesure la variation des prix à la consommation, telle que déterminée par le Bureau of Labor Statistics des États-Unis. L’IPC de base exclut les prix des aliments et de l’énergie, tandis que l’IPC global en tient compte.
L’indice de croissance Russell 1000® est un indice non géré considéré comme représentatif des actions de croissance à grande capitalisation.
L’indice de valeur Russell 1000® est un indice non géré considéré comme représentatif des actions de valeur à grande capitalisation.
L’indice Russell 2000® est un indice non géré considéré comme représentatif des actions à petite capitalisation.
Indice Russell Midcap® est un indice non géré considéré comme représentatif des actions à moyenne capitalisation.
L’indice Russell 1000® est un indice non géré considéré comme représentatif des actions à grande capitalisation.
Ces indices Russell sont des marques de commerce ou des marques de service de Frank Russell Co.
L’indice S&P 500 des technologies de l’information comprend les sociétés incluses dans l’indice S&P 500 et classées comme des sociétés de technologies de l’information selon la méthodologie de la classification Global Industry Classification Standard.
L’indice S&P 500® Quality sélectionne les titres en fonction de trois mesures fondamentales de la qualité – la rentabilité, la qualité des bénéfices et la solidité financière.
L’indice MSCI Monde tous pays hors États-Unis est un indice non géré considéré comme étant représentatif des actions à moyenne et à grande capitalisation de l’ensemble des marchés établis et émergents, à l’exception des États-Unis.
L’indice MSCI Marchés émergents représente les grandes et moyennes sociétés dans 26 pays émergents.
L’indice Bloomberg US Corporate Bond mesure le rendement du marché des obligations de sociétés imposables à taux fixe de qualité investissement.
L’écart ajusté en fonction des options est l’écart de taux qui doit être ajouté à une courbe de de référence pour actualiser les paiements d’un titre afin qu’ils correspondent à son prix du marché, en utilisation un modèle de tarification dynamique qui tient compte des options intégrées.
Les énoncés sur les montants des liquidités dont les investisseurs disposent proviennent de la Réserve fédérale américaine et de l’Investment Company Institute au 31 octobre 2023. Selon le montant total des dépôts bancaires aux États-Unis et des stratégies du marché monétaire.
Les énoncés sur le niveau des sources de rendement à court terme proviennent de Bloomberg au 20 novembre 2023, selon le taux des obligations du Trésor américain à 3 mois.
Les placements en titres à revenu fixe sont exposés au risque de crédit de l’émetteur et subissent les effets des variations de taux d’intérêt. Les cours des obligations baissent généralement lorsque les taux d’intérêt augmentent, et vice versa; c’est ce qu’on appelle le « risque de taux d’intérêt ». Un émetteur peut se retrouver dans l’incapacité de payer les intérêts ou de rembourser le capital, ce qui entraîne une baisse de la valeur de ses titres et de sa cote de crédit.
De façon générale, la valeur des actions fluctue, parfois beaucoup, à la suite d’activités propres à la société concernée ou en fonction des conditions du marché, de l’économie ou de la situation politique.
Dans le cas d’un placement de style valeur, il existe un risque que les évaluations ne s’améliorent pas ou que les rendements soient inférieurs à ceux d’autres styles de placement ou de l’ensemble des marchés boursiers.
Les actions de petites et moyennes entreprises ont tendance à être davantage exposées aux changements défavorables et peuvent être plus volatiles ou moins liquides, ou être soumises à des restrictions relativement à leur revente.
Les risques liés aux placements dans des titres d’émetteurs étrangers, y compris sur les marchés émergents, peuvent inclure les fluctuations de change, l’instabilité économique et politique et les particularités fiscales des pays étrangers.
De nombreux produits et services offerts dans les secteurs liés à la technologie peuvent devenir rapidement désuets, ce qui peut réduire la valeur des émetteurs.
Le produit intérieur brut est un indicateur général de l’activité économique d’un pays qui mesure la valeur monétaire de tous les biens finis et services produits dans ce pays au cours d’une période donnée.
Un point de base correspond à un centième de point de pourcentage.
La courbe des taux représente, à un moment précis, les taux d’obligations dont la qualité du crédit est équivalente, mais qui sont assorties de dates d’échéance différentes, afin de prévoir l’évolution des taux d’intérêt et de l’activité économique. Le segment à court terme de la courbe des taux correspond aux obligations dont la date d’échéance est plus rapprochée. Une courbe des taux inversée est une courbe dans laquelle les obligations à court terme offrent un rendement supérieur à celui des obligations à long terme de même qualité. Lorsque la courbe des taux est normale, les obligations à long terme offrent un taux plus élevé. L’accentuation de la courbe des taux signifie que l’écart entre les taux à court terme et les taux à long terme augmente.
L’écart de taux est la différence de taux entre des obligations dont l’échéance est semblable, mais la qualité du crédit est différente.
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