Législation et réglementation

Perspectives des élections de mi-mandat aux États-Unis : retour à un gouvernement divisé?

U.S. midterm election outlook: A return to divided government?
Points importants à retenir
Arrêt Roe v. Wade.
1
La décision de la Cour suprême de renverser l’arrêt Roe v. Wade a stimulé les espoirs des démocrates à l’approche des élections de mi-mandat.
Cote d’approbation de Joe Biden.
2
Par ailleurs, la faible cote d’approbation du président Joe Biden demeure une entrave pour les démocrates.
Un gouvernement divisé en vue?
3
Il est communément admis à Washington que les élections de mi-mandat pourraient mener à une Chambre des représentants républicaine et à un Sénat démocrate.

Le Congrès américain émerge à peine d’une de ses deux périodes prévues de relâche de six semaines entre aujourd’hui et les élections de mi-mandat, le 8 novembre. En fait, la Chambre des représentants n’est censée exercer ses activités législatives que pendant 11 jours entre la relâche d’août et l’élection. Compte tenu de la série d’ententes conclues et de succès législatifs obtenus, il semble que les commentateurs politiques, les décideurs et les prévisionnistes aient les yeux rivés sur le scrutin à venir et le prochain épisode de « l’élection la plus importante de notre vie ».

Depuis notre dernière mise à jour sur les aléas politiques, beaucoup de choses ont changé (conclusion d’ententes bipartites par les démocrates et promesses partisanes) et beaucoup d’autres n’ont pas bougé (l’inflation élevée et les faibles cotes d’approbation). Les observateurs à l’affût d’une anomalie dans la tendance historique voulant que les élections de mi-mandat se soldent par des pertes pour le parti au pouvoir ont des raisons d’espérer, à en juger par certaines données. La décision de la Cour suprême des États-Unis de renverser l’arrêt Roe v. Wade vient en tête. Ce jugement a stimulé l’ardeur des démocrates, qui étaient beaucoup moins enthousiastes que les républicains à la perspective de voter aux élections de mi-mandat.

Électeurs ayant un vif intérêt pour les élections de mi-mandat

  Démocrates Républicains
Mars 2022 50% 67%
Mai 2022 61% 69%
Août 2022 66% 68%

Source : Sondage de NBC News réalisé en août 2022.

Soit dit en passant, les électeurs du Kansas et de New York ont confirmé cette anomalie. Au Kansas, des républicains modérés et des indépendants se sont joints aux démocrates pour faire catégoriquement échec à un projet de bannissement du droit à l’avortement; 59 % se sont prononcés contre et 41 % ont voté pour cette initiative dans cet État républicain rouge foncé. Cela ne se traduira pas par une canalisation correspondante des votes vers des candidats démocrates plutôt que républicains, mais c’est un avertissement : les électeurs auront en tête la question de l’avortement en novembre. À New York, un démocrate a fait du droit à l’avortement son cheval de bataille et a remporté l’élection spéciale dans une circonscription où les partis étaient à égalité. Il est clair, pensent certains avec lesquels nous sommes d’accord, que cette course devrait alerter les républicains.

De plus, les audiences publiques du comité enquêtant sur les émeutes du 6 janvier, qui ont débuté en juillet et qui, selon de nombreux prévisionnistes (y compris nous-mêmes), ne devaient pas avoir de répercussions réelles, ont légèrement changé les perceptions des Américains à l’égard de l’ancien président Donald J. Trump.

Cote de favorabilité de Donald Trump (%)

Source : FiveThirtyEight, août 2022.

Au demeurant, la sagesse populaire voulait que les répercussions touchent surtout Donald Trump et sa viabilité en tant que candidat en 2024. Le plus récent sondage sur les grands enjeux qui préoccupent les électeurs américains a cependant révélé que les menaces pour la démocratie venaient au deuxième rang (21 %) juste derrière l’économie (30 %); les avis concernant ce dernier point ont été partagés entre le coût de la vie (16 %) et les emplois et l’économie (14 %).

Quoi qu’il en soit, deux sondages, soit le sondage Right Track/Wrong Track et la cote d’approbation du président Joe Biden, ont mis en lumière les difficultés auxquelles les démocrates se heurtent encore à l’approche des élections de mi-mandat. Les résultats de ces deux sondages ont été remarquablement cohérents, projetant une piètre image des démocrates puisque près de 70 % des Américains estiment actuellement que le pays est sur la « mauvaise voie » et que le taux de désapprobation du travail du président Biden atteint 56 %.

Obstacles pour les démocrates

  Direction du pays Cote d’approbation de Joe Biden
  Bonne voie Mauvaise voie Approbation Désapprobation
Mars 2022 29% 64% 42% 53%
Avril 2022 30% 63% 42% 52%
Mai 2022 25% 68% 42% 54%
Juin 2022 21% 73% 40% 56%
Juillet 2022 20% 73% 38% 57%
Août 2022 25% 69% 41% 56%

Source : Moyennes mensuelles globales des sondages de Real Clear Politics.

Une étude a fait ressortir qu’au cours des 30 dernières années, chaque fois que la cote d’approbation d’un président a été inférieure à 50 % à l’approche des élections de mi-mandat, son parti a perdu en moyenne 47 sièges à la Chambre des représentants et quatre ou cinq sièges au Sénat. La cote d’approbation de Joe Biden a oscillé autour de 40 % et n’a légèrement monté que ces derniers temps.

Résultats historiques des élections de mi-mandat

  Sièges perdus à la Chambre
Sièges perdus au Sénat
Donald Trump en 2018 : taux d’approbation de 40 %
(gain de deux sièges au Sénat)
41* -2
Barack Obama en 2010 : taux d’approbation de 45 %
64* 6
George W. Bush en 2006 : taux d’approbation de 38 %
31* 6*
Bill Clinton en 1994 : taux d’approbation de 46 %
54* 9*

*Il en a résulté un changement dans la majorité à la Chambre.

Chambre des représentants des États-Unis

Que signifient donc ces lignes de tendance contradictoires pour la Chambre des représentants? Bien qu’un certain nombre de facteurs penchent en faveur des démocrates, d’autres facteurs tendent à leur être défavorables. L’analyste politique et journaliste Charlie Cook estime actuellement1 que dix sièges occupés par des démocrates sont « menacés par des républicains » ou seront « probablement remportés par des républicains » et que le sort de 26 autres sièges occupés par des démocrates est incertain. Compte tenu de la mince majorité démocrate de quatre sièges à la Chambre, les républicains n’ont pas besoin d’un balayage pour obtenir la majorité. À cette étape-ci, c’est une question de chiffres; or, les chiffres donnent encore une avance aux républicains pour le contrôle de la Chambre des représentants.

Sénat américain

Bien que le président Biden et le chef de la majorité au Sénat Chuck Schumer (un démocrate de New York) soient déjà passés à l’histoire pour être restés aux commandes d’un Sénat mi-démocrate mi-républicain pendant la plus longue période dans les annales, ils préféreraient certainement grossir leurs rangs et maintenir un rempart contre une éventuelle majorité républicaine à la Chambre. Si la tendance du parti au pouvoir à subir une défaite aux élections de mi-mandat se dément, les démocrates auront vraisemblablement cette chance.

D’après FiveThirtyEight, le taux de probabilité que les démocrates conservent leur majorité au Sénat était de 65 % à la fin d’août2. Ainsi, leur situation s’est considérablement améliorée pendant l’été — le taux correspondant s’établissait à 40 % en juin — car les primaires du parti républicain à l’échelle nationale ont, de l’avis de certains observateurs, produit des candidats faibles comparativement à d’autres représentants.

Un examen plus attentif de quelques courses au Sénat aide à comprendre pourquoi même le chef de la minorité au Sénat, Mitch McConnell (un républicain du Kentucky), semble pessimiste quant aux chances de son parti de reprendre le contrôle. Dans un article du Washington Post publié à la mi-août3, Mitch McConnell a déclaré que « la probabilité d’un renversement de situation est plus grande pour la Chambre des représentants que pour le Sénat... Les courses au Sénat sont simplement différentes : elles ont lieu à la grandeur des États et la qualité des candidats influe largement sur les résultats ».

Prenons deux États dans lesquels il y a des sénateurs démocrates sortants, l’Arizona et la Géorgie. Joe Biden a remporté la victoire en Arizona par une marge de 0,3 % et l’écart négatif entre ses cotes d’approbation et de désapprobation est actuellement de 20 points, mais un sondage donne une avance de neuf points au sénateur démocrate sortant Mark Kelly sur son adversaire républicain Blake Masters. En Géorgie, Joe Biden a remporté la victoire avec une marge encore plus étroite qu’en Arizona en 2020 (0,2 %), mais le sénateur démocrate sortant Raphael Warnock devance actuellement son adversaire républicain Herschel Walker de plus de quatre points.

On assiste à un scénario semblable dans l’État républicain de l’Ohio. Donald Trump a remporté l’Ohio par une marge de plus de 8 % en 2020 et l’écart négatif entre les cotes d’approbation et de désapprobation de Joe Biden excède actuellement 23 points dans cet État. Pourtant, dans la course ouverte au remplacement de Rob Portman (un républicain de l’Ohio), le nouveau venu en politique J.D. Vance peine apparemment à financer sa campagne — il n’a amassé que trois millions de dollars comparativement à 21 millions de dollars pour le représentant démocrate. Tim Ryan — et il est à la traîne dans les sondages. J.D. Vance est actuellement en recul de trois points.

Tout peut changer d’ici au 8 novembre, mais il est communément admis à Washington que les États-Unis auront un gouvernement divisé en 2023. On ne sait pas encore si Joe Biden décidera de briguer un nouveau mandat ni quelles seront ses chances de promulguer de nouvelles lois importantes. Soyez des nôtres en novembre!

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Notes de bas de page

  • 1

    Source : Cook Political, août 2022 

  • 2

    Source : FiveThirtyEight, août 2022 

  • 3

    Source : Washington Post, août 2022