Marchés et économie
Des revirements électoraux et économiques
La France et le Royaume-Uni ont observé des revirements politiques lors des récentes élections. Quelles pourraient en être les conséquences pour les investisseurs?
Les économies des États-Unis, de la zone euro et du Japon en sont à divers stades de leur cycle économique et leurs banques centrales doivent adapter leur politique en conséquence.
En gros, les statistiques sont relativement bonnes jusqu'à présent, mais les attentes ont été réduites et certaines sociétés de prestige ont déçu.
Les taux hypothécaires élevés sont l'une des raisons pour lesquelles des obstacles structurels nuisent à une offre adéquate sur le marché américain du logement.
Il y a quelques mois, j’ai eu la chance d’être invitée à prononcer une allocution à un congrès qui se tenait à Québec la semaine dernière. Malheureusement, ma présence au congrès (et celle de nombreux participants) risquait d’être compromise en raison des conditions météorologiques inhabituelles et de l’annulation de mon vol. Pour être sûre de pouvoir m’y rendre, j’ai décidé d’y aller en voiture. Une multitude de pensées m’ont traversé l’esprit pendant ce trajet de huit heures pour aller et huit heures pour revenir. (Ça donne beaucoup de temps pour réfléchir!) J'ai organisé ces pensées aléatoires du mieux que j'ai pu en diverses catégories d'observations…
En tant que mère de trois enfants, je peux dire avec certitude que des enfants d’un même pool génétique peuvent être très différents. Mes enfants se plaignent souvent que je ne les traite pas de la même manière et ils ont raison. Je les traite équitablement en fonction de leurs forces, de leurs faiblesses et de leurs besoins. Par exemple, nous exigeons que ma fille ait deux emplois, même si elle est une athlète talentueuse et qu’elle a une vie sociale bien remplie. Pourquoi? Parce qu’elle aime dépenser beaucoup et que nous jugeons qu’elle doit apprendre la valeur de l’argent. (Bénéfice secondaire : chaque minute qu’elle passe à travailler est une minute pendant laquelle elle ne peut pas magasiner.) À l’inverse, notre fils aîné n’a pas d’emploi rémunéré cet été. Il suit des cours pour s’assurer de répondre à toutes ses exigences pour l’obtention de son diplôme universitaire au printemps prochain, car sa priorité est de terminer ses études pour obtenir son diplôme, et fait un stage non rémunéré dans son domaine. Par conséquent, ils ne sont certes pas traités de la même manière, car chacun a besoin d’un « traitement » et d’un soutien différents pour réussir.
Il en va de même des économies. Prenez les États-Unis. Il semble évident, si l’on se fie à la conférence de presse du Federal Open Market Committee (FOMC) la semaine dernière, que le cycle de hausses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) tire à sa fin, s’il n’est pas déjà fini. Et il devrait l’être; le taux des fonds fédéraux est maintenant à son plus haut niveau en 22 ans et l’inflation continue d’évoluer dans la bonne direction. Cela a été confirmé vendredi lorsque des rapports ont montré que l'indice des prix des dépenses de consommation personnelle (DCP), mesure de prédilection de l’inflation de la Fed, a continué de progresser en juin :
Nous avons également constaté un ralentissement de la croissance des salaires, bien qu’ils demeurent élevés, dans l’indice américain du coût de l’emploi, également publié vendredi dernier.
Cela étant dit, la Fed semble de plus en plus confiante que les États-Unis vont éviter une récession et réussir un atterrissage en douceur, si bien qu’elle peut se targuer de pouvoir poursuivre les hausses de taux. La première estimation de la croissance du produit intérieur brut au deuxième trimestre, qui est largement supérieure aux attentes, le confirme.2 Au risque de me répéter : cette façon de voir les choses peut être dangereuse étant donné l’énorme décalage entre la mise en œuvre de la politique et le moment où son effet se fait sentir.
La zone euro est dans une position différente de celle des États-Unis, car son économie a été moins résiliente ces derniers temps. L’indice préliminaire composé des gestionnaires en approvisionnement (PMI) de la zone euro est à son plus bas niveau en huit mois, même si l’indice PMI du secteur tertiaire reste en territoire expansionniste. De son côté, le secteur manufacturier continue de se détériorer.3 La Banque centrale européenne (BCE) devra jouer de prudence et d’autres hausses de taux peuvent encore être évitées; c’est du moins ce qui est ressorti de la réunion de la semaine dernière. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a même pris le soin de modifier son discours pour éviter la phrase qu’elle avait utilisée en juin, en l’occurrence : « ... les taux directeurs de la BCE seront ramenés à des niveaux suffisamment restrictifs... » et a plutôt dit ceci : « ... les taux directeurs de la BCE seront fixés à des niveaux suffisamment restrictifs… »
Et puis il y a le Japon. Beaucoup se demandaient pendant combien de temps la Banque du Japon (BdJ) pourrait continuer sans modifier davantage sa politique de contrôle de la courbe des taux compte tenu de la hausse de l’inflation, mais tous ont été surpris la semaine dernière, lorsqu’elle a annoncé des modifications pour se donner une plus grande marge de manœuvre pour relever les taux d’intérêt.
Il importe de noter que le gouverneur de la BdJ, Kazuo Ueda, a mentionné à sa conférence de presse : 1) qu’il n’avait pas prévu que le taux des obligations à 10 ans augmenterait à 1 %, puisqu’il s’agit de la limite supérieure de la fourchette de la BdJ; et 2) que la BdJ entend continuer à contrôler la courbe des taux (et surtout le taux des obligations à 10 ans) en ajustant les opérations d’achat d’obligations et en menant des opérations d’achat à taux fixe.
La BdJ croyait que le marché attendrait de voir à quel point elle laisserait le taux des obligations à 10 ans augmenter, et dans quelles circonstances, tout en surveillant l’état des opérations. C’est déjà le cas, puisque la BdJ vient d’annoncer l’achat « imprévu » d’obligations du gouvernement japonais à hauteur de 300 milliards de yens.
Ce changement de politique de la BdJ a des répercussions majeures sur les placements. Le yen japonais est beaucoup plus faible que d’habitude (après pondération selon les échanges) car la BdJ est l’une des rares banques centrales à ne pas avoir encore resserré sa politique monétaire. Un geste vers un resserrement pourrait entraîner une forte appréciation du yen. Cela aurait des répercussions sur les actions, étant donné que la faiblesse du yen est, du moins en partie, responsable de l’excellent rendement des actions japonaises plus tôt cette année. Par conséquent, une appréciation du yen entraînerait probablement une contre-performance des actions japonaises.
Comme je l’ai dit récemment, les actions chinoises pourraient bénéficier d’un véritable élan si d’autres mesures de relance sont adoptées. Et nous avons assisté à un mini redressement des actions chinoises la semaine dernière, qui s’est poursuivi parce que les autorités monétaires chinoises ont dévoilé leur plan de relance de la consommation. Certaines de ces politiques rappellent celles adoptées aux États-Unis dans la foulée de la crise financière mondiale, comme le programme de prime à la casse appelé « cash for clunkers » et les subventions pour rénovations domiciliaires écoénergétiques. Ces politiques américaines ont contribué à répandre ce que nous appelons des « jeunes pousses » et je crois qu’elles pourraient avoir un impact positif en Chine.
Nous sommes en plein dans la période de déclaration des bénéfices et bien que, dans l’ensemble, les statistiques soient relativement bonnes, les attentes ont été révisées à la baisse. Voilà pourquoi, à mon avis, les cours de nombreuses actions n’ont pas tellement augmenté lorsque les sociétés émettrices ont connu une hausse inattendue des bénéfices. Qui plus est, certaines sociétés de prestige ont déçu pendant cette période de déclaration des bénéfices. Je m’attends à ce que cette conjoncture perdure.
Comme vous le savez, les économies des pays industrialisés sont plutôt en déséquilibre, certains secteurs et sous-secteurs se comportant mieux que d’autres et certains modèles d’affaires dans le même sous-secteur réussissant mieux que d’autres. J’ai aimé entendre qu’une grande chaîne de restaurants-minute a profité d’une campagne virale centrée sur une de ses mascottes. La créativité et l’ingéniosité font des merveilles pour ce qui est de multiplier les ventes, surtout pour les entreprises axées sur le consommateur.
En examinant les statistiques du marché américain de l’habitation de la semaine dernière, plus précisément l’indice des prix des maisons Case-Shiller qui est en hausse pour un quatrième mois consécutif, je me suis questionnée à savoir si une de mes émissions de télé préférées « Vendre ou rénover » pourra rester en ondes aux États-Unis.
Pour ceux et celles qui ne sont pas familiers avec le concept, c’est une émission dans laquelle des propriétaires qui ne sont plus satisfaits de leur propriété doivent envisager simultanément deux possibilités : leur maison est rénovée pour mieux correspondre à leurs besoins et, parallèlement, on leur fait visiter des maisons qui seraient peut-être mieux adaptées à leurs besoins. À la fin de l’émission, on leur demande s’ils préfèrent garder leur maison rénovée ou s’ils vont mettre leur maison en vente et acheter une de celles qu’ils ont visitées. Je viens seulement de penser qu’aux États-Unis, étant donné que les taux hypothécaires sont tellement élevés, les propriétaires seront beaucoup plus enclins à conserver leur maison plutôt que de la vendre.
Les taux hypothécaires élevés sont en quelque sorte des « menottes dorées » créées par la Fed, ce qui est une des raisons pour lesquelles des obstacles structurels nuisent à une offre adéquate sur le marché américain du logement (ce qui, du même coup, entraîne une augmentation des prix). Alors peut-être que la série devra chercher de nouveaux lieux de tournage où les menottes dorées n’existent pas…
La semaine dernière à la conférence de presse du FOMC, le président du conseil de la Fed, Jay Powell, a été clair; il a dit que la Fed va s’en tenir aux statistiques et qu’elle aura en main huit semaines de données à étudier avant la prochaine réunion : « Nous serons à l’aise de réduire les taux quand nous aurons des données probantes mais, chose certaine, ce ne sera pas cette année… »
J’aurais bien aimé que la salle de conférence de presse ait un DJ qui aurait pu faire jouer des chansons en lien avec le message de la Fed. Cela aurait été une occasion de placer le refrain d’une chanson country de Kenny Rogers : « You’ve got to know when to hold ‘em / Know when to fold ‘em / Know when to walk away / And know when to run. » Autrement dit, il faut savoir quand continuer / quand ralentir / quand se retirer / Et quand prendre ses jambes à son cou (traduction libre).
Revenons à la parentalité. Une chose que j’ai apprise est que tous les parents commettent des erreurs. Je peux personnellement en témoigner. Et les dirigeants des banques centrales sont tout aussi faillibles, sinon plus. C’est qu’il y a énormément de décalage entre le moment où les parents et les dirigeants des banques centrales prennent une décision et celui où ses effets se font sentir. En réalité, nous agissons plus souvent qu’autrement à l’aveuglette. Est-ce que l’expérience de ma fille adolescente sur le marché du travail aura un impact sur ses décisions de dépenses lorsqu’elle sera devenue adulte? Nous le saurons seulement dans plusieurs années.
De même, il est préoccupant de savoir que ce qu’une banque centrale juge approprié comme politique monétaire pourrait ne pas suffire pour maîtriser l’inflation ou de découvrir que c’était exagéré et que cela a provoqué une récession. Voilà pourquoi nous devons rester vigilants car les banques centrales tentent de faire de leur mieux pour « traiter » le mal qui afflige leur économie respective. Espérons qu’elles sauront quand continuer et quand ralentir, sinon, certains vont prendre leurs jambes à leur cou.
Pour ce qui est de l’impact de la politique monétaire sur l’économie, nous allons porter une attention particulière aux enquêtes sur le crédit bancaire.
De plus, nous allons surveiller les autres déclarations de bénéfices et les réunions d’autres banques centrales cette semaine, en particulier celles de la Banque d’Angleterre et de la Banque de réserve d’Australie.
Rédigé en collaboration avec Tomo Kinoshita
Source: US Bureau of Economic Analysis, July 28, 2023
Source: US Bureau of Economic Analysis, as of July 27, 2023
Source: S&P Global HCOB, July 25, 2023
Des revirements électoraux et économiques
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Le deuxième semestre s’est amorcé rapidement, les marchés ayant absorbé certaines données importantes pour la Réserve fédérale et le premier tour des élections législatives en France.
Les données économiques contrastées soulèvent des questions aux États-Unis et ailleurs dans le monde
À mesure que les données publiées envoient des messages contradictoires sur l’économie des États-Unis et que le déficit américain augmente, certains signes à l’échelle mondiale montrent des banques centrales divergentes et un potentiel de hausse des prix.
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Image d’en-tête du blogue : Kike Arnaiz / Stocksy
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Il ne s’agit pas d’une recommandation d’une stratégie de placement ou d’un produit pour un investisseur en particulier.
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Tous les placements comportent des risques, y compris le risque de perte.
Il est impossible d’investir directement dans un indice.
En règle générale, les cours des actions fluctuent, parfois même considérablement, en réaction aux activités de la société émettrice, ainsi qu’à la conjoncture des marchés en général, à la situation économique et au climat politique.
Les risques d’investir dans des titres d’émetteurs étrangers, y compris ceux des marchés émergents, peuvent inclure la fluctuation des devises étrangères, l’instabilité politique et économique et les problèmes liés à l’imposition étrangère.
Investir dans des titres de sociétés chinoises comporte des risques supplémentaires, notamment, mais sans s'y limiter : l'économie de la Chine diffère, souvent de manière défavorable, de l'économie américaine à des égards tels que la structure, le développement général, l'intervention du gouvernement, la répartition de la richesse, le taux d'inflation, le taux de croissance, l'allocation des ressources et le réinvestissement du capital, entre autres; le gouvernement central a toujours exercé énormément de contrôle sur presque tous les secteurs de l'économie chinoise par le biais de la réglementation administrative et/ou de la propriété de l'État; et les agissements des autorités gouvernementales centrales et locales chinoises continuent d'exercer énormément d’influence sur les conditions économiques en Chine.
Le Federal Open Market Committee (FOMC) est un comité du conseil de la Fed composé de douze membres qui se réunissent régulièrement pour établir la politique monétaire, y compris les taux d’intérêt perçus des banques.
L’indice des prix des dépenses de consommation personnelle (DCP) ou indice DCP mesure la variation des prix des biens et services. Les dépenses comprises dans l’indice sont les dépenses réelles des ménages américains. L’indice DCP de base exclut les aliments et l’énergie.
L’indice national américain des prix des maisons S&P CoreLogic Case-Shiller non désaisonnalisé est un composite des indices de prix des maisons unifamiliales pour les neuf divisions de recensement des États-Unis et est calculé mensuellement.
La Senior Loan Officers Survey, enquête menée par la Réserve fédérale américaine auprès des responsables du crédit, fournit quelques données qualitatives et quantitatives sur la disponibilité du crédit bancaire et la demande de prêts, ainsi que sur l'évolution de la situation et les pratiques d’octroi de prêt sur les marchés américains des prêts.
L'enquête de la Banque centrale européenne sur le crédit bancaire fournit des renseignements sur les conditions de crédit bancaire dans la zone euro.
Le taux des fonds fédéraux est le taux d’intérêt auquel les banques se prêtent des soldes au jour le jour.
L'indice du coût de l'emploi suit en détail l'évolution du coût de la main-d’œuvre des entreprises américaines. Il est compilé trimestriellement par le Bureau of Labor Statistics.
Les indices des gestionnaires en approvisionnement reposent sur des sondages mensuels menés auprès des entreprises du monde entier et évaluent la conjoncture économique dans les secteurs manufacturier et tertiaire.
Le produit intérieur brut est un indicateur généralisé de l’activité économique d’une région qui mesure la valeur monétaire de tous les produits finis et services produits dans cette région au cours d’une période donnée.
Les banques centrales peuvent resserrer leur politique monétaire pour contenir l'inflation.
La courbe des taux illustre les taux d’intérêt, à un moment précis, de différentes obligations ayant la même cote de solvabilité, mais différentes dates d’échéance et sert à projeter les variations des taux d’intérêt et l’évolution de l’activité économique.
La politique de contrôle de la courbe des taux de la Banque du Japon vise à fixer les taux des obligations d'État japonaises à 10 ans autour de zéro et tolère des mouvements allant jusqu'à plus ou moins 50 points de base.
Un point de base représente un centième d’un point de pourcentage.
Les opinions exprimées ci-dessus sont celles de l’auteure au 31 juillet 2023. Ces commentaires ne doivent pas être interprétés comme des recommandations, mais comme une illustration des grands thèmes. Les énoncés prospectifs ne sont pas garants du rendement futur. Ils comportent des risques et des incertitudes et sont fondés sur des hypothèses; nous ne pouvons pas vous garantir que les résultats réels ne différeront pas considérablement de nos attentes.
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