La période de publication des résultats vient de commencer, et 6 % des sociétés de l’indice S&P 500 ont publié leurs résultats jusqu’à présent. Selon les prévisions actuelles, la croissance des bénéfices des sociétés de l’indice S&P 500 pour le troisième trimestre devrait être de 4,1 %. Toutefois, il existe des différences importantes entre les secteurs : les prévisions de croissance des bénéfices dans le secteur des technologies sont de 14,9 %, tandis que les prévisions de croissance des bénéfices dans les secteurs des matériaux et de l’énergie sont négatives1. En plus des données financières publiées, les transcriptions de conférences téléphoniques sur les résultats nous donnent des informations intéressantes sur l’économie, alors que les dirigeants des sociétés nous font part de leurs observations et de leurs perspectives.
Il est important de noter que la plupart des sociétés de l’indice S&P 500 ont surpassé les attentes au cours des trimestres précédents. En fait, le taux de croissance réel des bénéfices de l’indice a dépassé le taux de croissance estimé des bénéfices au cours de 37 des 40 derniers trimestres1. FactSet Research prévoit que cela se produira de nouveau au cours du trimestre et que la croissance des bénéfices se situera probablement autour de 7 % sur 12 mois après la publication des résultats réels de toutes les sociétés faisant partie de l’indice, ce qui est nettement supérieur à l’estimation actuelle de 4,1 %1. Cela devrait soutenir les actions.
Bien sûr, je m’intéresse également à la période de publication des résultats pour savoir ce qu’elle peut me dire sur la vigueur de l’économie (ou son absence), les risques pour l’économie, les différents secteurs de l’économie, les différents segments de la consommation, ainsi que les perspectives à court terme. J’ai passé en revue les transcriptions des conférences téléphoniques d’un certain nombre de sociétés faisant ou non partie de l’indice S&P 500 qui ont annoncé leurs résultats la semaine dernière. Voici quelques enseignements tirés de ces appels :
- L’économie américaine demeure en bonne posture et un atterrissage en douceur est probable. Comme l’a expliqué une grande société de services financiers, « ces résultats sont compatibles avec un atterrissage en douceur. C’est assez conforme à ce genre de scénario économique idéal2. »
- Les consommateurs se portent géralement bien. La même grande société de services financiers a expliqué que « dans l’ensemble, nous estimons que les habitudes de dépenses sont plutôt fortes, ce qui est conforme avec l’idée que les consommateurs sont sur des bases solides et que le marché de l’emploi est vigoureux2. » Une autre société de services financiers a déclaré ce qui suit : « Nous continuons de surveiller les variations de la santé des consommateurs, mais nous n’avons pas observé de changements importants dans les tendances en examinant les statistiques sur les défaillances dans nos portefeuilles de crédit à la consommation3. » Toutefois, en règle générale, les consommateurs continuent de se soucier des prix; plusieurs sociétés les ont décrits comme étant sélectifs4 et d’autres les ont décrits comme étant à la recherche de valeur5.
- Les consommateurs à revenu élevé semblent toujours propulser l’économie américaine. Comme l’a expliqué un important transporteur aérien dans son annonce des résultats, « les consommateurs continuent de privilégier les expériences haut de gamme, et notre clientèle de base a une bonne situation financière, les voyages demeurant une catégorie de dépenses de premier plan6 ».Il semble que les consommateurs à revenu élevé compensent la faiblesse des consommateurs à faible revenu. Comme une société de services financiers l’a expliqué dans sa conférence téléphonique, « nous continuons d’observer des tensions plus prononcées dans certains segments de clientèle, en raison de la baisse des dépôts et des actifs, où l’inflation a partiellement contrebalancé la forte croissance de l’emploi et des salaires7. » C’est logique, puisque les consommateurs à revenu élevé représentent une plus petite partie de la population, mais qu’ils sont généralement considérés comme responsables de la majorité des dépenses de consommation aux États-Unis.
- Le marché de l’emploi semble être la clé de la santé de la consommation. Comme l’a indiqué une société de services financiers : « Dans l’ensemble, les clients de nos activités de consommation aux États-Unis continuent de résister relativement bien, profitant de la forte croissance du marché de l’emploi et des salaires8. » Les sociétés qui ont connu une certaine faiblesse de la consommation l’attribuent au marché de l’emploi. Une société de boissons grand public a précisé que « … les difficultés macroéconomiques persistantes, en particulier la hausse du chômage, ont entraîné un ralentissement récent du taux de croissance de la demande des consommateurs pour nos produits9. »
- Les sociétés sont également en bonne posture. Une société de services financiers a expliqué dans sa conférence téléphonique que « les bilans des sociétés sont solides, ce qui contribue à la fois à la consommation et à l’investissement dans l’économie10… » Les sociétés semblent optimistes à l’égard de la prochaine année. Comme l’a expliqué le transporteur aérien, « les voyages d’affaires continuent de s’améliorer11. » Selon son récent sondage auprès des sociétés, 85 % des répondants s’attendent à ce que leurs dépenses de voyage augmentent en 2025.11
- Nous ne pouvons pas oublier le risque économique créé par la montée des guerres commerciales. Une société industrielle a indiqué que l’une des raisons des pressions exercées sur ses marges était l’augmentation des barrières commerciales, « … certains pays ont relevé les droits d’importation, ce qui a fait augmenter le coût pour nous de l’acheminement des produits à l’étranger12 ».
Dans l’ensemble, ces premières annonces de résultats ont offert une certaine confirmation de la résilience que nous avons observée dans les récentes données économiques aux États-Unis, et rappelé certains des risques.
D’autres détails émergent sur les mesures de relance de la Chine
Par ailleurs, j’ai parlé de l’importante incidence potentielle des mesures de relance annoncées par les décideurs chinois il y a quelques semaines. Lors d’une conférence de presse au cours de la fin de semaine, le ministère des Finances de la Chine nous a donné plus de détails sur son intention d’utiliser son bilan pour soutenir sa croissance à long terme. Bien que le montant précis des nouvelles mesures de relance n’ait pas été fourni, le plan prévoit une augmentation de la dette publique afin d’aider les bilans des gouvernements locaux, de recapitaliser les banques d’État, de soutenir le marché immobilier et d’offrir un soutien financier aux groupes de personnes dans le besoin. Il s’agit d’un plan exhaustif, et nous croyons initialement qu’il devrait profiter à l’économie et aux marchés à moyen et à long terme, avec l’intention d’apporter des changements structurels positifs.
Que nous réserve l’avenir?
Cette semaine, d’autres rapports sur les résultats seront publiés, ainsi que des données clés, notamment sur les ventes au détail et la production industrielle aux États-Unis, ce qui nous permettra de mieux comprendre la vigueur de l’économie américaine. De plus, nous obtiendrons des rapports sur l’inflation au Canada et au Royaume-Uni ainsi que sur la confiance à l’égard de l’économie de la zone euro.
En lisant transcriptions des conférences téléphoniques sur les résultats, je porterai une attention particulière aux prévisions de suppressions d’emplois. Comme je l’ai mentionné plus haut, il semble que la vigueur du marché de l’emploi dictera la progression de la consommation aux États-Unis. Malgré les récentes données économiques positives, je suis de plus en plus à l’affût de failles dans l’économie américaine, dont l’épicentre serait probablement l’affaiblissement du marché de l’emploi. Comme les nouvelles demandes de prestations d’assurance-chômage aux États-Unis ont atteint un sommet la semaine dernière en plus d’un an, je chercherai des signes d’affaiblissement du marché de l’emploi, car il détient sans doute la clé de la santé de la consommation aux États-Unis, qui, à son tour, est la clé de la santé de l’économie américaine.
Avec la contribution de David Chao