Marchés et économie

Conversations sur les marchés : la contraction s’est amorcée

Vehicles harvesting crops in a field
Points importants à retenir
Signes d’une contraction généralisée à l’échelle mondiale
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Les indicateurs du cadre macroéconomique d’Invesco Investment Solutions montrent qu’environ 80 % du PIB mondial peut être considéré comme affichant une croissance inférieure à la tendance et, par conséquent, être exposé à un régime de contraction, ou possiblement de récession. 

Les marchés développés affichent une croissance inférieure à la tendance, tandis que les marchés émergents s’en tirent mieux
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Le cadre indique que tous les marchés développés, le Royaume-Uni, la zone euro, les États-Unis, la Chine, et les marchés émergents d’Asie en général affichent une croissance inférieure à la tendance. L’équipe d’Invesco Investment Solutions constate que la croissance se porte encore mieux au Japon et dans le reste des marchés émergents, y compris en Amérique latine. 

Combien de temps le régime pourrait-il durer?
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Selon l’équipe d’Invesco Investment Solutions, ce type de régime dure sept mois en moyenne.

À peine deux ans après le début du régime de reprise, le cadre macroéconomique d’Invesco Investment Solutions est entré dans la phase de contraction. Mais quelle est l’incidence réelle sur les investisseurs? Alessio de Longis, gestionnaire de portefeuille principal et chef de la répartition tactique mondiale de l’actif de l’équipe d’Invesco Investment Solutions, se joint à Brian Levitt et à Jodi Phillips pour discuter de ce que son modèle nous dit et de ce qu’il en est du positionnement du portefeuille.

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Brian Levitt (00:00):

Je m’appelle Brian Levitt.

Jodi Phillips (00:09):

Et je m’appelle Jodi Phillips. Aujourd’hui, nous recevons Alessio de Longis, chef des solutions de répartition tactique mondiale de l’actif.

Brian Levitt (00:34):

Le modèle de répartition tactique de l’actif, le cadre que nous appuyons tous, qu’Alessio utilise et que nous suivons tous, est passé en territoire de contraction.

Jodi Phillips (00:47):

Territoire de contraction. Ça ne semble pas très positif, Brian.

Brian Levitt (00:51):

Non, je suppose que ce n’est pas idéal. Mais comme nous le disons toujours : une inflation élevée et croissante entraîne le type de resserrement qui peut mettre fin aux cycles.

Jodi Phillips (01:03):

Oui. Je vous ai entendu le répéter plus d’une fois cette année. Dès janvier, vous avez écrit un article. Je crois que le titre était : « Qu’est-ce qui m’empêche de dormir la nuit? » C’est bien ça?

Brian Levitt (01:15):

Oui. Je suis heureux que vous vous en souveniez. Ça me dit bel et bien quelque chose. Je suppose que le moment est venu de boire du lait chaud, si nous sommes officiellement en contraction.

Jodi Phillips (01:23):

Ou de sortir un générateur de bruit blanc pour bloquer les rumeurs du marché, ça pourrait être utile. Mais la question pour les investisseurs est de savoir si une contraction ressemble à un cauchemar.

Brian Levitt (01:33):

Oui, c’est une bonne question. Écoutez. Nous sommes dans un cycle extrêmement unique. Nous n’avons pas vraiment eu le temps d’accumuler d’importants excès dans l’économie, et peut-être qu’une contraction pourrait même être modérée par rapport aux normes historiques.

Jodi Phillips (01:49):

Ce serait formidable, n’est-ce pas? Alors voilà. On a la réponse à une des questions : la contraction est là. D’autres questions : combien de temps durera-t-elle? À quel point nuira-t-elle aux marchés? Et comment les investisseurs pourraient-ils y réagir? Nous allons donc nous tourner vers Alessio pour discuter de tout cela et plus encore. Bienvenue, Alessio.

Alessio de Longis (02:07):

Jodi, Brian, c’est toujours un plaisir de vous retrouver.

Brian Levitt (02:11):

Alessio, merci de vous joindre à nous. Vous parlez des différents régimes que traverse l’économie pendant un cycle, qu’il s’agisse de la reprise, de l’expansion, du ralentissement ou de la contraction. Ce qui est stupéfiant dans tout cela, c’est que j’ai l’impression que nous les traversons tous très rapidement. D’abord, à quel point est-ce rare? Ensuite, comment définissez-vous une contraction?

Alessio de Longis (02:35):

Oui, Brian, le cycle actuel a certainement été en dents de scie et semble avoir commencé il y a seulement deux ans. Et quand on regarde la séquence, on voit qu’on approche la fin de ce cycle, n’est-ce pas? À titre d’information pour notre public, nous avons enregistré la dernière contraction entre février et mai 2020. Nous avons amorcé la reprise en juin 2020, et nous voilà. Deux ans plus tard, nous sommes revenus à une contraction. Il s’agit essentiellement d’un cycle de deux ans. Qu’est-ce qu’une contraction? Nous définissons une contraction très simplement : c’est une période où la croissance devrait être inférieure à sa tendance à long terme ou à son potentiel, et continuer de ralentir.

Alessio de Longis (03:14):

Pour être clair, une contraction comprend les récessions, mais ne se limite pas aux récessions, n’est-ce pas? Lorsque nous pensons aux récessions, nous pensons à une croissance économique négative par rapport à un large éventail d’indicateurs. Autrement dit, une contraction dans notre cas comprend aussi des périodes où l’économie continue de croître de façon positive, lentement et sous sa tendance à long terme. C’est donc un peu plus large.

Alessio de Longis (03:43):

Cela nous ramène à l’autre question posée par Jodi. Les contractions sont-elles toutes des cauchemars? Les contractions sont-elles toutes synonymes de crise financière? Absolument pas. Comme nous l’avons dit, les contractions que nous enregistrons dans notre cadre ne signifient pas toutes qu’il y a une récession, pour ainsi dire. Elles peuvent indiquer une période de faiblesse, mais pas nécessairement une récession. Et certainement, elles ne signifient pas nécessairement qu’il y a une crise financière mondiale.

Jodi Phillips (04:12):

Alessio, avez-vous été surpris que votre modèle signale une contraction en ce moment? Ou est-ce quelque chose à quoi vous vous attendiez à ce moment-ci?

Alessio de Longis (04:22):

Je ne suis pas surpris, car c’est l’un des rares cas où, selon moi, notre modèle a pris du retard sur la perception réelle sur le terrain, n’est-ce pas? Et il va sans dire que nous n’avons pas encore qualifié les deux premiers trimestres de cette année de récession. Mais techniquement, nous avons connu une croissance très faible, soit deux trimestres de croissance négative du PIB (produit intérieur brut). Même si nous pouvons les expliquer statistiquement au moyen de quelques anomalies, ces trimestres ne donnent pas l’impression d’être une récession, mais ils témoignent clairement de la faiblesse de la croissance économique.

Alessio de Longis (05:00):

L’annonce de cette contraction semble donc un peu précoce, pour ainsi dire. Ce n’est pas vraiment un signal avancé cette fois-ci. Cela ne signifie pas nécessairement que c’est un mauvais signal, mais je pense que personne n’a été surpris lorsque nous avons publié le blogue ce mois-ci, comparativement à d’autres cas.

Brian Levitt (05:21):

Alessio, aidez-moi à comprendre. Le marché applaudit donc l’indice des prix à la consommation (IPC), qui semble montrer que le rythme de la croissance, ou le taux de croissance de l’inflation qui atténue l’indice des prix de gros, a en fait été négatif pour le mois.

Brian Levitt (05:40):

Les marchés semblent donc applaudir ce sommet de l’inflation. L’idée que l’économie est en contraction ou que le régime est en contraction donne-t-elle à penser que le marché ne continuera pas à applaudir ces circonstances?

Alessio de Longis (05:54):

Oui. Excellente question. Selon moi, c’est le principal point d’interrogation en ce moment. Alors, quel est le comportement habituel d’une contraction? Brian, comme vous le dites toujours, chaque contraction ou récession est habituellement déclenchée par la Fed, n’est-ce pas? Elle découle de l’inflation et du cycle de resserrement que la Fed doit prolonger pour ralentir l’économie. C’est exactement là où nous en sommes aujourd’hui. Il suffit de lire mot pour mot ce que le président de la Fed Jerome Powell a dit lors de la dernière conférence de presse du FOMC (Federal Open Market Committee). Selon lui, nous devons faire en sorte que l’économie croisse au-dessous de sa tendance à long terme pendant une période prolongée afin que le taux de chômage augmente et qu’on crée des capacités inutilisées dans l’économie.

Alessio de Longis (06:35):

De toute évidence, c’est ce que nous essayons de faire. Que voyez-vous habituellement dans ce contexte, du point de vue des marchés? C’est la nature de votre question. Pendant une contraction, nous avons tendance à voir que l’inflation a déjà atteint un sommet ou qu’elle est en baisse…

Brian Levitt (06:56):

Voulons-nous tous nous arrêter là et applaudir? Avons-nous des serpentins ou des trompettes dans lesquelles on peut souffler… comment s’appellent les trompettes, Alessio, dans lesquelles les gens soufflent pendant les matchs de soccer? Des vouvouzélas?

Alessio de Longis (07:07):

Oh, oui. Les vouvouzélas, oui. Je ne me sens pas encore assez enthousiaste pour célébrer, je pense…

Brian Levitt (07:24):

Un sommet dans l’inflation?

Alessio de Longis (07:24):

Je vais… oui. Écoutez, je pense que c’est un bon signe de voir un sommet dans l’inflation. La partie qui n’est toujours pas… Prenons un verre à moitié plein. Une perspective de verre à moitié plein serait de vivre une contraction qui ne se transforme pas en récession. Comment cela se produit-il? L’inflation commence à ralentir, et c’est probablement ce que nous commençons à voir. L’économie tient le coup. Le taux de chômage augmente légèrement. Il s’avère que même si la Fed a procédé à des hausses énergiques, l’économie a été plus que capable de les gérer. La croissance reste inférieure à son potentiel. L’inflation diminue. Dans ce contexte, les marchés évolueront davantage comme si nous étions en reprise, n’est-ce pas? Le marché finira par se redresser, en raison surtout des écarts de taux, ce qui correspond exactement à la réaction que nous avons observée après la publication du rapport sur l’IPC. Et nous sommes essentiellement en mesure de dire : « Oui. Nous avons subi une contraction. Il n’y a jamais eu de récession. Le cycle se poursuit.

Alessio de Longis (08:24):

Il y a le revers de la médaille. Si on voit le verre à moitié vide, on pourrait penser que ce ralentissement de l’inflation est encore dicté principalement par le roulement des facteurs d’offre. Le roulement des facteurs d’offre et les problèmes bien connus de la chaîne d’approvisionnement. Mais nous n’avons même pas encore commencé à observer le ralentissement découlant de la demande de la part de la Réserve fédérale. Même si nous savons que les taux hypothécaires ont atteint des sommets cycliques de 5,5 %, comparativement à 2,5 %. Le niveau d’abordabilité dans le secteur de l’habitation a atteint le même niveau que les creux historiques de 2006. Et la confiance des consommateurs est déjà très faible. Mais, dans l’ensemble, le taux de chômage demeure à des creux record. Il n’a même pas commencé à bouger. Il est donc très difficile de dire que ce renversement de l’inflation est attribuable à la demande.

Alessio de Longis (09:14):

Maintenant, si l’inflation du côté de l’offre ralentit très rapidement, la Fed pourrait être en mesure de mettre fin à ses mesures très bientôt. C’est le scénario du verre à moitié plein. Je pense que nous sommes en train de danser une valse très, très difficile et qu’il faut être deux pour valser, n’est-ce pas? C’est la Fed, c’est l’économie. D’accord, disons trois. Il y a aussi le marché. Je pense que la politique monétaire est un outil très puissant, mais ce n’est pas un outil de précision. Il y a aussi le décalage entre l’incidence de la Fed sur l’économie et le moment où la Fed sera en mesure de voir comment l’économie réagit. Je pense que c’est là l’équilibre. C’est la conciliation des trois. C’est la corde raide sur laquelle nous essayons de marcher en ce moment.

Brian Levitt (09:58):

Jodi, vous et moi avons discuté du fait qu’il y a encore de la demande sur le marché. Même dans notre vie de tous les jours. Les restaurants, les hôtels et les avions sont bondés. Et il semble que les consommateurs tiennent le coup.

Jodi Phillips (10:14):

Eh bien, oui. Alors, Alessio, je suis curieuse, ce signal de contraction est-il propre aux États-Unis, ou est-ce quelque chose que vous observez à l’échelle mondiale?

Alessio de Longis (10:30):

Pour l’instant, il s’agit d’une observation assez générale. Nous constatons que tous les marchés développés, le Royaume-Uni, la zone euro, les États-Unis, bien sûr, la Chine et les marchés émergents d’Asie en général, affichent une croissance inférieure à la tendance. Du point de vue de la confiance des marchés et du taux de variation de certains de ces indicateurs économiques avancés, nous nous attendons à ce que dans ces régions, la croissance reste inférieure à la tendance et ralentisse. Dans notre scénario, il s’agit donc d’une contraction. Là où nous voyons que la croissance résiste encore mieux, c’est au Japon et dans le reste des marchés émergents, en Amérique latine. Les petites parties des marchés émergents.

Alessio de Longis (11:14):

Mais disons que, sur une base prospective, selon nos mesures, environ 80 % du PIB mondial peut être considéré comme affichant une croissance inférieure à la tendance et, par conséquent, être exposé à un régime de contraction ou de récession possible. C’est donc assez généralisé. Et ce que nous observons habituellement, c’est que la durée moyenne de cet état des choses est d’environ sept mois. Maintenant – nous ne parlons que de modèles et de détails techniques, n’est-ce pas? Nous nous en tenons seulement aux faits, non? Alors si vous voulez être ultra précis, prenez-le tout avec un grain de sel. Mais en moyenne, ce type de régime dure sept mois. Dans les cas les plus courts, il a duré environ deux mois, ce que nous qualifierions essentiellement de situation trompeuse. Un faux signal. Une peur qui ne s’est pas matérialisée.

Jodi Phillips (12:04):

Je vois.

Alessio de Longis (12:05):

Ça peut certainement toujours être le cas. Mais dans certaines circonstances, nous avons observé des régimes de contraction qui ont duré un an et demi. Prenons le cas de la récession à double creux des années 1970 ou des récessions à double creux des années 1980. Elles ont duré un peu plus longtemps. Il est difficile de dire vers quoi nous allons aujourd’hui, parce que, franchement, je pense que tout dépend de ce facteur d’offre latente dont Brian et Kristina (Hooper) ont parlé en long et en large dernièrement. Si les prix de l’énergie, les prix des aliments et certains goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement devaient se résorber de façon inattendue, l’inflation pourrait en fait chuter plus rapidement que nous le pensons. Et l’ajustement, l’ajustement de la croissance et le sacrifice que la Fed doit faire sur le plan de la croissance pourraient être plus courts ou moins importants.

Brian Levitt (13:00):

Et d’ailleurs, il semble que nous commençons à voir des signes. En fait, ce ne sont pas des signes, mais plutôt de bons indices que les difficultés de la chaîne d’approvisionnement commencent à s’atténuer. Nous pourrions peut-être avoir cette courte période de contraction. Je suppose que je peux citer Green Day et dire : « Wake me up when September ends » (réveillez-moi à la fin de septembre). Et nous reviendrons à une reprise.

Brian Levitt (13:19):

Mais Alessio, je sais que vous surveillez la Fed depuis longtemps. Est-ce ce qu’elle fait... Je veux dire, elle semble avoir déjà commis une erreur de politique, n’est-ce pas? D’où l’inflation de 9,1 %. Ses actions actuelles vont-elles encore aggraver le problème ou créer une autre erreur de politique? Et la raison pour laquelle je pose cette question, c’est qu’il semble qu’à un moment donné, le remède, c’est-à-dire une politique restrictive, un taux de chômage plus élevé, pourrait être pire que la maladie, étant donné que les attentes inflationnistes à long terme demeurent très bien ancrées dans ce pays.

Alessio de Longis (13:55):

C’est une excellente question. Et c’est une question à laquelle on peut répondre de différentes façons. Donc, au risque d’être un peu dogmatique, quelle est la définition d’une erreur de politique? Surtout pour une banque centrale qui a un double mandat. Et on se fie à la lettre de la loi, en date d’aujourd’hui, elle ne s’acquitte d’aucun de ses deux mandats. Je dirais donc que je…

Brian Levitt (14:21):

Mais pourquoi échoue-t-elle sur le plan du plein emploi?

Alessio de Longis (14:24):

Parce que l’idée est qu’elle, à l’état stable… ce qui est évidemment un concept théorique. Mais en moyenne, elle veut que l’économie croisse au TCIS. Elle souhaite que l’économie croisse et que le taux de chômage s’établisse à un niveau non inflationniste. Nous savons que c’est un concept très difficile à estimer, mais si vous regardez le CBO (Congressional Budget Office) ou la Fed, ces estimations du taux de chômage naturel qui ne génère pas d’inflation excédentaire se situent autour de 4,5 %, peut-être 5 %. Prenez-le tout avec un grain de sel. Il s’agit d’une estimation, avec des plages d’erreur. Mais nous nous situons à 3,5 % (taux de chômage), soit un creux historique. Et l’inflation, pour répondre à votre remarque, l’inflation de base et les dépenses personnelles de consommation (DPC) de base se situent à 4,8 %. L’IPC de base est à 5,9 %. Les valeurs sont deux à trois fois plus élevées que la cible souhaitée.

Alessio de Longis (15:18):

Alors, pour confirmer pourquoi je suis enclin à être clément envers la Fed, je dirais qu’elle a effectivement fait une erreur de politique dans le passé, mais qu’elle la corrige en ce moment. C’est un point que vous, Brian, avez soulevé avec beaucoup d’éloquence au cours des derniers mois. Les attentes inflationnistes perçues sur le marché sont de retour. Il y a six mois, il y a 12 mois, les points morts sur deux ans et sur cinq ans se situaient à 4 % et à 5 %. Ceux sur une période de 10 ans ont été supérieurs à 3 %, 3,5 %. Maintenant, toute la courbe d’équilibre, donc l’écart entre les obligations du Trésor nominal et les obligations du Trésor réel, est revenue en dessous de trois dans l’ensemble. C’est donc dire qu’il y a eu une erreur de politique alors que nous étions au-dessus de trois sur l’ensemble des valeurs. Sur le plan cyclique comme à long terme, n’est-ce pas? Et maintenant, toutes ces mesures sont de retour.

Alessio de Longis (16:13):

Un autre élément qui le confirme, c’est que les sondages sur les attentes d’inflation ont atteint un sommet et commencent à ralentir. Même les sondages auprès des consommateurs réagissent aux circonstances. Et un autre signe positif selon moi – et c’est un point dont nous avons discuté, Brian, vous et moi, au cours des 12 derniers mois : les enquêtes sur la confiance des consommateurs se situaient à des niveaux récessionnistes lorsque l’économie était en plein essor, et cette hausse des taux d’intérêt n’avait même pas commencé. Et on se grattait la tête et on disait : une minute. L’économie est en plein essor. Les enquêtes sur la confiance des consommateurs se situent à des creux récessionnistes, parce que les consommateurs se plaignent que les prix sont trop élevés. Le consommateur a donc fait passer un message : « Je n’aime pas ça. Je perds confiance envers le signal de prix que je vois dans l’économie. »

Alessio de Longis (16:58):

Que s’est-il passé aujourd’hui? Pour la première fois en trois mois, nous observons un regain de confiance des consommateurs. Ce qui est ironique, lorsqu’on pense à quel point les taux ont augmenté, et nous les associons habituellement à un signe de difficultés. C’est donc un message très intéressant que nous recevons de la part du marché. Je préfère donc laisser un peu de latitude à la Fed et dire qu’elle fait ce que la loi lui demande de faire. Et s’il y a une erreur de politique, ce sera probablement plus tard, le temps d’évaluer tout ça.

Jodi Phillips (17:32):

Alors, Alessio, que faisons-nous de toute cette information? Lorsque vous y réfléchissez du point de vue de la répartition de l’actif et du positionnement du portefeuille, que devrions-nous envisager en ce moment dans un contexte de contraction?

Alessio de Longis (17:44):

Donc, encore une fois, sachant que toute analyse macroéconomique, toute analyse de régime n’apporte pas une certitude absolue… À long terme, vous êtes un investisseur très prospère lorsque vous avez raison 60 % du temps. Cela signifie toutefois que vous vous trompez 40 % du temps.

Brian Levitt (18:04):

Attendez, attendez, attendez. Nous ne garantissons pas les résultats futurs?

Alessio de Longis (18:09):

Non, je n’ai rien vu passer à cet effet. Mais je pense que c’est une perspective intéressante, n’est-ce pas? Je dis à tout le monde, surtout aux personnes qui font leurs premiers pas dans ce secteur, aux jeunes générations, que pour être un investisseur, il faut être préparé. Même si vous êtes un champion de l’investissement, vous devez être prêt à vous tromper, disons 40 % du temps. Et en supposant que vous avez une carrière de 30 ans, ça correspond à beaucoup, beaucoup d’années d’erreurs. Et il faut être prêt à composer avec ça.

Alessio de Longis (18:39):

Cela dit, supposons que… il n’y a pas de formule miracle, mais supposons que nous sommes plus dans ces 60 %. Par conséquent, si un investisseur pense qu’il a plus de chances qu’à un pile-ou-face d’identifier un régime de récession ou de craintes à l’égard de la croissance, qu’est-ce qu’il est censé faire? Comme Brian le dit toujours, la première étape est de vous rappeler votre modèle et votre stratégie. Si vous avez un horizon à long terme, la meilleure chose à faire est peut-être de ne rien faire. Si vous êtes sensible, disons à un résultat au cours des 12 prochains mois ou des deux prochaines années, et que vous voulez apporter des ajustements à votre portefeuille, je pense que la première question à vous poser est la suivante : « Si le marché devait se replier de 15 % aujourd’hui ou pendant les prochains trimestres, mon portefeuille tiendrait-il bon? Est-ce que je pourrais le supporter? »

Alessio de Longis (19:37):

Je pense qu’il s’agit d’abord d’une question de comportement. Le marché nous donne ce qu’il nous donne, n’est-ce pas? Sommes-nous prêts à composer avec une baisse de 15 % du marché? C’est un chiffre comme ça; il pourrait s’agir de 20 %. Si la réponse est oui, le mieux est peut-être de ne rien faire. Ou peut-être même que la solution est de chercher des occasions de continuer à étoffer votre portefeuille. Par contre, si la réponse est non, je ne serais pas à l’aise avec ce résultat au cours des 12 ou 24 prochains mois : ce que nous observons habituellement dans le cadre d’un régime de contraction, c’est qu’il est approprié de diminuer le risque du portefeuille, habituellement en réduisant légèrement votre exposition aux actions et aux titres de créance risqués. Il est convenable d’augmenter la pondération des obligations de sociétés et d’État de qualité dans votre portefeuille d’actions. Par contre, dans le passé, d’autres décisions judicieuses ont consisté à accroître le caractère défensif du portefeuille d’actions; c’est une autre possibilité, ou on peut utiliser ces deux stratégies.

Alessio de Longis (20:40):

Par exemple, vous pouvez décider de ne pas réduire la pondération des actions, mais vous pouvez accroître le caractère défensif de votre portefeuille en investissant dans des secteurs défensifs, en vous tenant loin des secteurs cycliques. Donc, les biens de consommation de base et les soins de santé. Dans ce contexte, peut-être même les technologies et les services de communication, parce que ces secteurs présentent des caractéristiques de qualité. Et peut-être réduire votre exposition aux secteurs cycliques, comme les services financiers, les produits industriels et les matériaux. Ou vous pouvez agir dans le segment des facteurs, dans ce qu’on appelle l’espace bêta. Les investisseurs savent très bien que les actions à faible volatilité sont plus défensives que les actions de valeur ou de qualité et que ces dernières sont plus défensives que les actions à petite capitalisation, n’est-ce pas? Ce sont donc des façons de renforcer le caractère défensif. Vous pouvez redéfinir le risque du portefeuille et améliorer son côté défensif sans nécessairement vendre des actions.

Alessio de Longis (21:34):

Évidemment, si vous avez un horizon à court terme, ou si vous êtes préoccupé par les 12 à 24 prochains mois, dans un contexte de récession, vous devez vous inquiéter des défaillances, n’est-ce pas? La capacité de récupérer votre capital. Vous devez donc vous préoccuper de votre exposition ou des échéances de votre portefeuille pour les titres à rendement élevé, dans votre portefeuille de titres de créance de marchés émergents. Il s’agit des segments plus risqués de vos marchés de titres de créance, parce que si, par définition, vous n’avez pas la période nécessaire… le temps d’attendre, vous pourriez subir des pertes qui peuvent être de très courte durée, mais plutôt douloureuses.

Brian Levitt (22:14):

J’ai beaucoup aimé cette réponse.

Alessio de Longis (22:17):

Merci, Brian.

Brian Levitt (22:18):

J’adore la façon dont vous vous y êtes pris, du point de vue du long terme, pour expliquer pourquoi vous pourriez vouloir apporter des ajustements à votre portefeuille si vous ne pouvez pas supporter une baisse de 15 %. Alessio, c’était vraiment bien dit. Est-ce que je peux vous demander, et je pense que c’est ce que Jodi voudrait vous demander aussi, de revenir nous voir quand la reprise commencera à se dessiner pour nous en informer?

Alessio de Longis (22:39):

Je suis disponible en tout temps et surtout pour vous faire part de bonnes nouvelles.

Jodi Phillips (22:48):

Ce serait merveilleux. Et, avec un peu de chance, Brian n’aura pas à rédiger une suite sur ce qui l’empêche de dormir la nuit, n’est-ce pas? Je pense que cela m’a beaucoup aidé à cet égard, c’est certain. Je vous remercie donc, Alessio, de vous être joint à nous encore une fois, si rapidement après votre dernière présence. Mais c’était vraiment génial d’obtenir cette mise à jour de votre part et de savoir ce que vous examinez, ce que vous observez et ce à quoi nous devrions penser.

Alessio de Longis (23:09):

Merci, Jodi. Merci, Brian.

Brian Levitt (23:11):

Merci.

Alessio de Longis (23:11):

Et j’attends avec impatience la prochaine mise à jour et ce que le marché nous réservera.

Brian Levitt (23:15):

Tout comme nous.

 

NA2395608

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Le taux moyen des prêts hypothécaires à taux fixe à 30 ans a été de 5,51 % au cours de la semaine terminée le 14 juillet, en hausse par rapport à la même période l’an dernier, où elle était de 2,88 %, selon CNN.

Selon le Wall Street Journal, l’indice d’abordabilité des logements de la National Association of Realtors est tombé à 102,5 en mai, son plus bas niveau depuis juillet 2006.

Les durées minimale, maximale et moyenne des contractions sont fondées sur l’analyse d’indicateurs économiques avancés exclusifs d’Invesco au 31 juillet 2022.

Le produit intérieur brut est un indicateur général de l’activité économique d’un pays qui mesure la valeur monétaire de tous les biens finis et services produits dans ce pays au cours d’une période donnée.

L’indice des prix à la consommation, ou IPC, mesure la variation des prix à la consommation, telle que déterminée par le Bureau of Labor Statistics des États-Unis. L’IPC de base exclut les prix des aliments et de l’énergie, tandis que l’IPC global en tient compte. L’IPC global a augmenté de 9,1 % au cours de la période de 12 mois terminée en juin 2022. L’IPC de base a augmenté de 5,9 % au cours de la période de 12 mois terminée en juillet 2022.

L’indice des prix de gros mesure les variations du prix des biens avant leur vente au détail.

Le comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, ou FOMC, est un comité qui se réunit régulièrement pour établir la politique monétaire, y compris les taux d’intérêt imputés aux banques.

« TCIS » signifie « taux de chômage à inflation stationnaire ». Il s’agit du taux de chômage le plus bas qui peut survenir dans l’économie avant que l’inflation ne commence à augmenter.

Le taux de chômage réel aux États-Unis a atteint 3,5 % en juillet 2022, selon le Bureau of Labor Statistics des États-Unis.

« CBO » signifie « Congressional Budget Office ».

Les dépenses personnelles de consommation, ou DPC, mesurent la variation des prix des biens et services de consommation. Les dépenses incluses dans l’indice sont les dépenses réelles des ménages américains. Selon le Bureau of Economic Analysis, les DPC ont progressé de 4,8 % en juin 2022.

L’inflation neutre représente la différence entre le taux des titres du Trésor nominal et celui des titres du Trésor indexés sur l’inflation (TIPS) de même échéance. Les statistiques sur les niveaux d’inflation neutre sur 10 ans, 5 ans et 2 ans proviennent de Bloomberg et du Trésor américain.

Une récession à double creux survient lorsqu’une économie connaît deux périodes de contraction, séparées par une brève période d’expansion.

De façon générale, la valeur des actions fluctue, parfois beaucoup, à la suite d’activités propres à la société concernée ou en fonction des conditions du marché, de l’économie ou de la situation politique.

Les placements dans des sociétés situées dans la Chine élargie ou qui y exercent leurs activités sont exposés aux risques suivants : nationalisation, expropriation ou confiscation de biens, difficulté à obtenir ou à faire appliquer des jugements, modification ou interruption des réformes économiques, conflits militaires et dépendance de la Chine à l’égard des économies d’autres pays asiatiques, dont bon nombre sont des pays en développement.

Les risques liés aux placements dans des titres d’émetteurs étrangers, y compris sur les marchés émergents, peuvent inclure les fluctuations de change, l’instabilité économique et politique et les particularités fiscales des pays étrangers.

Les placements en titres à revenu fixe sont exposés au risque de crédit de l’émetteur et subissent les effets des variations de taux d’intérêt. Les cours des obligations baissent généralement lorsque les taux d’intérêt augmentent, et vice versa; c’est ce qu’on appelle le risque de taux d’intérêt. Un émetteur peut se retrouver dans l’incapacité de payer les intérêts ou de rembourser le capital, ce qui entraîne une baisse de la valeur de ses titres et de sa cote de crédit.

De nombreux produits et services offerts dans les secteurs liés à la technologie peuvent devenir rapidement désuets, ce qui peut réduire la valeur des émetteurs.

Le secteur de la santé est exposé à des risques liés à la réglementation gouvernementale, et à l’obsolescence causée par les progrès scientifiques et les innovations technologiques.

La rentabilité des entreprises du secteur des services financiers dépend de la disponibilité et du coût de l’argent et peut fluctuer considérablement en fonction des changements dans la réglementation gouvernementale, les taux d’intérêt et les conditions économiques générales. Ces entreprises sont souvent dotées d’un important levier financier.

Les obligations spéculatives comportent un risque plus élevé de défaut ou de fluctuation de prix en raison des variations de la cote de solvabilité de l’émetteur. La valeur des obligations spéculatives fluctue davantage que celle des obligations de grande qualité et peut subir de fortes baisses sur de courtes périodes.

L’investissement factoriel est une stratégie de placement qui consiste à sélectionner des titres en fonction de certaines caractéristiques. Les stratégies factorielles font appel à des facteurs de risque récompensés dans le but de surpasser les indices pondérés en fonction de la capitalisation boursière, de réduire le risque du portefeuille ou les deux.

Le bêta est une mesure du risque représentant la façon dont un titre devrait réagir aux fluctuations générales du marché.