Que s’est-il passé?
Le 1er août, l’agence d’évaluation du crédit Fitch a abaissé la note de crédit de la dette américaine de AAA à AA. Elle a justifié sa décision en invoquant « une détérioration budgétaire attendue au cours des trois prochaines années, un fardeau de la dette publique élevé et croissant et l’érosion de la gouvernance par rapport aux pairs notés AA et AAA au cours des deux dernières décennies, qui s’est manifestée par des impasses sur le plafond de la dette qui se sont invariablement résolues à la dernière minute ».1
Réaction des marchés
Les marchés ont été plutôt surpris et secoués par cette décision. Le moment choisi semble étrange, car il tombe bien après que la question du plafond de la dette a été résolue. Cette décote se fonde sur des renseignements connus de tous depuis un certain temps; il n’y a donc pas de véritable raison d’être surpris.
Comment nous voyons la situation
En réalité, les récentes Administrations américaines (les présidents Trump et Biden) ont appris des erreurs commises par leurs prédécesseurs, qui ont adopté des mesures de relance budgétaire insuffisantes pendant la crise financière mondiale. Elles ont été beaucoup plus généreuses pendant la pandémie, ce qui a entraîné une augmentation de la dette. Par conséquent, on pourrait dire que la hausse du taux d’endettement a contribué à la croissance. De plus, alors que le ratio endettement-PIB (produit intérieur brut) est très élevé, celui de la dette-actifs du gouvernement américain n’est pas préoccupant.
Il importe aussi de noter qu’à mon avis, une décote n’a habituellement pas un gros impact sur les marchés, à moins que la note frôle le haut risque. Je crois qu'il n’y a donc pas de quoi s’inquiéter, outre le choc initial. Il me semble peu probable que cela ait un impact significatif au-delà du très court terme.
Cette décote ramène la note attribuée aux États-Unis par Fitch en-deçà des notes de certains pays (Allemagne, Suisse et Singapour) qui sont AAA. Les États-Unis ont désormais la même note que le Canada, à savoir AA+. Cependant, la nouvelle note attribuée aux États-Unis par Fitch se compare favorablement aux notes de la France et du Royaume-Uni, qui sont AA-, et à celle du Japon, qui est A.1
Nos impressions de la situation
Nous estimons que cette décote n’aura pas d’impact significatif au-delà du très court terme. La dette américaine a déjà a subi une décote de Standard & Poor’s en 2011 et cela n’a pas eu d’impact significatif, outre une réaction à très court terme. Depuis de nombreuses années, le taux d’endettement du gouvernement américain suscite des inquiétudes. Malgré ces inquiétudes, au cours des trois dernières décennies, les taux des bons du Trésor américain sont restés relativement bas et le marché boursier a réalisé des gains appréciables.2
Notre stratégie de placement
Nos perspectives de placement demeurent inchangées. Nous anticipons de la volatilité dans un proche avenir (la Réserve fédérale américaine continue de se fier aux données). Nous nous attendons à une certaine réaction aux gains sur les marchés boursiers et à la possibilité d’un léger recul à court terme, parce que les marchés vont réévaluer les titres lorsque la Réserve fédérale américaine va commencer à abaisser les taux. Nous nous attendons à un regain d’appétit pour le risque à l’échelle mondiale plus tard cette année, parce que les marchés vont ultimement attendre et anticiper une reprise économique l’an prochain.
Ce que nous allons surveiller et les risques associés à nos perspectives
Il se peut que les taux obligataires américains augmentent en raison d’une confluence de développements, y compris cette décote. Les autres développements incluent l’émission de davantage de titres de créance aux États-Unis (maintenant que l’impasse sur le plafond de la dette a été résolue) et les modifications apportées par la Banque du Japon à sa politique de contrôle de la courbe des taux, ce qui rend les obligations d’État japonaises plus attrayantes pour les investisseurs japonais qu’elles ne l’étaient auparavant (par rapport aux bons du Trésor américain).
Rédigé en collaboration avec Brian Levitt, Paul Jackson, Arnab Das et Tomo Kinoshita