Marchés et économie

Les contractions du cycle économique sont-elles bonnes ou mauvaises pour les actions?

Les contractions du cycle économique sont-elles bonnes ou mauvaises pour les actions?
Points importants à retenir
Économie
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Le secteur manufacturier américain s’est contracté pour la première fois en deux ans et demi.

Actions
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Les mauvaises nouvelles économiques pourraient s’avérer de bonnes nouvelles pour les actions.

Investisseurs
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Le chaos à court terme peut faire émerger des occasions de placement à long terme.

Selon les gestionnaires en approvisionnement, le secteur manufacturier américain s'est contracté en novembre pour la première fois depuis mai 2020. Autrement dit, la banque centrale américaine, à savoir la Réserve fédérale américaine (Fed), a finalement réussi à refroidir l’économie en surchauffe en imposant des conditions financières restrictives.

Qu’est-ce que cela signifie pour les marchés boursiers?

Vu les très mauvaises nouvelles économiques, de nombreux investisseurs pourraient, à juste titre, être tentés de liquider leurs actions. Or, l'histoire nous a appris que certains pourraient regretter cette décision. Contrairement à la croyance populaire, les actions américaines ont généralement enregistré des rendements positifs après le début d’une récession dans le secteur manufacturier.

Après les baisses d'activité industrielle depuis 1957 (ou lorsque l'indice ISM manufacturier est tombé en dessous de 50 points), le S&P 500 a enregistré des rendements à deux chiffres trois et 12 mois plus tard. De plus, le taux de réussite, ou la probabilité de générer un rendement positif, augmentait graduellement avec la durée de détention des actions (figure 1).

Figure 1. Les mauvaises nouvelles économiques pourraient s’avérer de bonnes nouvelles pour les actions.

Contrairement à la croyance populaire, les actions américaines ont enregistré des rendements positifs après le début d’une récession dans le secteur manufacturier, y compris des rendements à deux chiffres trois et 12 mois plus tard.

Sources : Bloomberg L.P., Standard & Poor’s et Invesco, 01/12/2022. Remarques : TCAC = taux de croissance annuel composé. Le TCAC est le taux de croissance annuel moyen d'un investissement sur une période donnée plus courte ou plus longue qu'un an. ISM = Institute for Supply Management. Les rendements sur 1, 3, 6 et 12 mois ont été calculés à partir des 18 dates suivantes : mars 1957, mars 1960, janvier 1967, janvier 1970, septembre 1974, août 1979, janvier 1981, février 1985, mai 1989, novembre 1991, mai 1995, juin 1998, août 2000, octobre 2002, février 2008, juin 2012, octobre 2015 et août 2019. Il est impossible d’investir directement dans un indice. Les rendements passés ne sont pas indicatifs des résultats futurs. N’oubliez pas que les rendements élevés, à deux ou à trois chiffres, sont très inhabituels et ne peuvent pas être maintenus.

Comment est-ce possible?

Comme je l’ai écrit dans un récent blogue, la relation à retardement entre les actions et le produit intérieur brut (PIB) suppose que si une reprise boursière se produisait en ce moment, elle pourrait être suivie d'une reprise économique dans environ six mois.

Même si d'autres difficultés économiques et des baisses de bénéfices nous attendent, à mon avis, les investisseurs ne devraient pas laisser cela les distraire. Les investisseurs avisés devraient plutôt se préparer à une reprise boursière d'abord, puis à une reprise économique.

Tirons-nous les bonnes conclusions?

Comme je suis un analyste qui doute de tout, je remets en question mes hypothèses. Ce processus sain peut aider à aiguiser les outils de la trousse de tout bon investisseur. Par exemple, examinons-nous la bonne combinaison d'indicateurs et les interprétons-nous correctement?

Certes, ma liste de contrôle des indicateurs techniques qui visent à détecter le creux du marché a donné de bons résultats en temps réel au début de 2020 et elle a bien évalué la durée et l'ampleur du repli boursier cette année.

Bien que la situation ait beaucoup progressé, j'ai peut-être eu tort de supposer que le paroxysme de la peur se manifesterait dans l'indice de volatilité (VIX) du Chicago Board Options Exchange (CBOE) et dans l’indice Bloomberg de la moyenne de l’écart corrigé en fonction des clauses optionnelles des obligations de sociétés américaines à rendement élevé, qui sont restés somme toute assez calmes.

Lorsque la Fed resserre les conditions financières, la situation commence à se détériorer. En effet, la plus récente débâcle des cryptomonnaies pourrait bien être le choc de crédit ultime auquel je m'attendais dans le cycle de marché actuel. C'est important car les bourses de cryptomonnaies ne sont probablement pas prises en compte dans les indices des obligations à rendement élevé. Autrement dit, les écarts de taux relativement faibles des obligations de sociétés par rapport à ceux des bons du Trésor pourraient témoigner de la solidité des caractéristiques fondamentales de certaines de ces entreprises qui émettent des titres de créance de qualité inférieure.

L'aversion des investisseurs pour le risque est-elle bonne ou mauvaise pour les actions?

Heureusement, on peut éliminer une partie de l'élément humain du processus de prise de décisions de placement et éviter de choisir les indicateurs. Personnellement, j'ai commencé à accorder un degré d’importance statistique à mes huit indicateurs tactiques en les combinant et en les exprimant au moyen de valeurs communes correspondant à des écarts-types par rapport à leur médiane ou à leur moyenne.

Rares sont mes lecteurs qui savent que sigma est la 18e lettre de l'alphabet grec, y compris moi-même avant de chercher ce renseignement sur Internet. Cependant, la variabilité est un concept que nous comprenons tous et que nous vivons au quotidien. On peut affirmer sans se tromper que les investisseurs boursiers en ont vu de toutes les couleurs en 2022!

En fait, l'aversion des investisseurs pour le risque avait une amplitude de 2,5 sigma, ce qui en fait un événement statistiquement significatif, à la fin septembre, notamment en raison du faible pourcentage d'actions de la Bourse de New York (NYSE) qui se situaient au-dessus de leur moyenne mobile sur 200 jours, de l'écart haussier-baissier inversé de l'indice de confiance de la American Association of Individual Investors (AAII) et du ratio élevé des options de vente aux options d’achat de la CBOE (figure 2).

Figure 2. Le chaos à court terme peut faire émerger des occasions de placement à long terme.

Le paroxysme de la peur coïncide généralement avec des creux majeurs du marché boursier américain.

Sources : Bloomberg L.P. et Invesco, 30/11/2022. Remarques : Notre indicateur de risque comprend les 8 paramètres suivants : écart haussier-baissier de l’indice de confiance de la American Association of Individual Investors (AAII), indice de volatilité (VIX) du Chicago Board Options Exchange (CBOE), ratio des options de vente aux options d’achat de la CBOE, pourcentage des actions de la Bourse de New York (NYSE) au-dessus de leur moyenne mobile sur 200 jours, écart de l'indice S&P 500 par rapport à sa moyenne mobile sur 200 jours, indice d’incertitude en matière de politique économique américaine (EPU), indice Bloomberg de la moyenne de l’écart corrigé en fonction des clauses optionnelles (ECFCO) des obligations de sociétés américaines à rendement élevé et ratio composé avance/baisse (A/B) de la Bourse de New York. Ces paramètres ont été combinés et sont exprimés au moyen de valeurs communes correspondant à des écarts-types par rapport à leur médiane. ET = Écarts-types. Il est impossible d’investir directement dans un indice. Les rendements passés ne sont pas indicatifs des résultats futurs.

Pour un investisseur qui va à contre-courant, le paroxysme de la peur, qui coïncide généralement avec des creux boursiers américains majeurs, explique ce qui fait que les marchés obtiennent un rendement comme les 8,1 % enregistrés en octobre, le 11e meilleur mois de l'indice S&P 500 en 35 ans !1

Or, force est d’admettre que le degré d’aversion des investisseurs pour le risque n’a pas été aussi élevé en 2022 que lorsque tout a fermé au début de 2020 ou lors de la Grande récession de 2007-2009, qui ont complètement bouleversé les marchés et qui étaient d’une amplitude de plus de 4 sigma.

Néanmoins, le fameux dicton qui dit achetez quand le sang coule dans les rues et les dégâts considérables sur les marchés boursiers me réjouissent en tant qu’investisseur qui va à contre-courant. Nous sommes tous dans le même bateau et, après des baisses à deux chiffres, je pense que la plupart des investisseurs vont apprécier la transition de la contraction à la reprise.

Notes de bas de page

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    Source: Bloomberg, L.P.