Perspectives des marchés

Pendant que la Banque du Canada lutte contre l'inflation, sur quoi les porteurs de titres à revenu fixe devraient-ils se concentrer?

As the BoC fights inflation, where should fixed income investors focus?
Points importants à retenir
L’orientation des taux d’intérêt
1
Nous nous attendons à ce que le taux du financement à un jour de la Banque du Canada plafonne à 3,5 % en 2022.
L'économie canadienne se porte bien
2
Les emplois sont toujours nombreux, mais l'inflation nous ralentit.
En un mot
3
Sur les marchés des titres à revenu fixe, nous privilégions les obligations de sociétés à moyenne échéance.

Le 13 juillet, la Banque du Canada a relevé son taux du financement à un jour de 1 %, pour le porter à 2,50 %.1 Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a laissé entendre que la trajectoire attendue des hausses des taux était déjà intégrées aux marchés obligataires. Une hausse plus marquée signifie probablement que moins de hausses seront nécessaires plus tard pour endiguer l’inflation, alors que l’économie continue de tourner trop vite. Un rythme plus modéré de hausse des taux pendant le reste de l’année fera monter les taux en territoire restrictif d’ici la fin de l’année.2 À notre avis, cela devrait ralentir de manière significative l’économie canadienne, qui va finir par se contracter. Nous nous attendons à ce que le taux du financement à un jour plafonne à 3,5 %.3

La Banque du Canada a été contrainte d’annoncer à l’avance ses hausses de taux d’intérêt pour rétablir sa crédibilité entachée; désormais, la seule préoccupation de la Banque est l’inflation. Le risque d’un atterrissage forcé de l’économie canadienne augmente mais ne devrait pas être surestimé compte tenu de la forte demande intérieure. Le taux de chômage a reculé à 4,1 % en juin, atteignant un nouveau plancher record pour un quatrième mois consécutif.4 Cependant, le resserrement marqué de la politique monétaire risque de freiner l’économie.

La courbe des taux va probablement se niveler, ce qui devrait favoriser les obligations dont l’échéance se situe entre 5 et 10 ans. Selon nous, le marché s’attend actuellement à un resserrement trop marqué de la Banque du Canada cette année, ce qui nous incite à miser sur la duration. Nous croyons que les taux obligataires vont baisser (à mesure que les cours vont augmenter), ce qui signifie qu’une duration plus longue dans nos portefeuilles pourrait générer des rendements totaux plus élevés.

Figure 1 : Les taux des obligations du gouvernement du Canada ont considérablement augmenté pendant la première moitié de 2022

Occasions ratées

En janvier 2022, la Banque du Canada a eu l’occasion d’amorcer une hausse des taux d’intérêt, alors que le marché anticipait une hausse normale de 0,25 %. Visiblement, la décision de la Banque du Canada de laisser les taux inchangés à ce moment-là était fondée sur des prévisions économiques qui étaient complètement erronées. Cela a permis à l’inflation de continuer de se propager, car les rendements réels (la différence entre les taux obligataires et les taux nominaux) demeurent extrêmement négatifs, ce qui favorise la croissance du crédit.

La consommation devrait être sous pression en raison de la très forte hausse des taux d’intérêt alliée à la baisse récente du prix de nombreux biens. Jusqu’à présent, nous ne voyons que de petits signes de diminution de la demande. Par conséquent, la Banque du Canada pourrait se voir forcée de relever davantage ses taux à chacune de ses réunions sur la politique monétaire d’ici la fin de l’année. Il est extrêmement difficile d’inverser un ancrage d’anticipations d’inflation élevées.

Le défi de l’inflation

L’inflation est restée plus modérée en raison des mesures de confinement de plus longue durée pendant la pandémie. Depuis que les restrictions ont été levées, l’inflation se répand à l’ensemble de l’économie. L’Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 8,1 % sur un an en juin, en hausse par rapport à la progression de 7,7 % enregistrée en mai5, ce qui est inférieur aux attentes du marché. À mesure que la consommation de biens ralentit, les prix augmentent dans tous les secteurs des services pour attirer la main-d’œuvre et couvrir la hausse des prix de l’énergie.

Éventuellement, au rythme des pressions exercées sur les prix, la demande devrait ralentir. L’inflation liée à l’offre, engendrée par l’énergie, nous signale que la hausse des prix ne ralentira probablement pas aussi rapidement que par le passé. Cela étant dit, les forces structurelles de la désinflation n’ont pas cessé de se renforcer grâce à la technologie et à l’automatisation. La démographie va continuer de jouer un rôle dans le plafonnement des taux d’intérêt réels à plus long terme.

Les ménages sont très endettés

L’endettement des ménages canadiens a continué d’augmenter pendant la pandémie parce que l’investissement dans l’immobilier résidentiel a largement contribué à la croissance économique. La majeure partie des nouvelles créances hypothécaires ont été consenties à des taux d’intérêt nominaux très bas. Cela étant dit, les taux d’intérêt ont augmenté très rapidement en peu de temps. Nous commençons à constater une baisse de confiance des consommateurs et nous savions que la hausse des frais d’intérêt aura une incidence sur la stabilité des dépenses des ménages.

Comparativement à l’économie américaine, nous croyons que le Canada est plus sensible à la hausse des taux d’intérêt et que, par conséquent, les taux d’intérêt à long terme seront probablement plus bas au Canada.

Le marché des obligations de sociétés envoie des signaux d’achat

Les taux des obligations de sociétés canadiennes n’ont jamais été aussi élevés depuis 2009 (figure 2). Au cours des deux dernières années, les grandes entreprises ont pu profiter de taux d’intérêt exceptionnellement bas pour financer leurs projets à plus long terme. Par conséquent, elles se trouvent désormais dans une position où la pression pour refinancer leurs emprunts à des taux plus élevés est faible. La diminution des émissions d’obligations de sociétés de qualité procure au marché des obligations de sociétés par rapport à celui des obligations d’État un avantage du point de vue de l’analyse technique.

Figure 2 : Les taux des obligations de sociétés canadiennes n’ont jamais été aussi élevés depuis 2009

Comme les sociétés ont contracté du financement à plus long terme, le taux de défaillance devrait demeurer historiquement bas. Le pouvoir d’établissement des prix de nombreuses entreprises continue de s’améliorer et les paramètres fondamentaux des titres de créance des « meilleures entreprises de leur catégorie » s’améliorent. Aucune catégorie de titres de créance n’a été épargnée pendant la première moitié de 2022, celles qui ont les meilleurs bilans vont probablement obtenir les meilleurs rendements pendant la deuxième moitié de l’année.

Notes de bas de page

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