Marchés et économie

Conversations sur les marchés : Conduire seulement en regardant dans le rétroviseur

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Il semblerait que la Réserve fédérale américaine (Fed) établisse une politique monétaire prospective fondée sur un indicateur rétrospectif. Quelle direction prendra l’économie américaine? Dans cet épisode de Conversations sur les marchés, Rob Waldner, stratège en chef à Invesco Fixed Income, se joint à Brian Levitt et à Jodi Phillips pour expliquer jusqu’où ira la Fed pour ramener l’inflation à sa cible et ce que cela signifie pour les porteurs de titres à revenu fixe.

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Brian Levitt

Je m’appelle Brian Levitt.

Jodi Phillips

Je m’appelle Jodi Phillips. Et aujourd’hui, nous recevons Rob Waldner. Rob est stratège en chef et responsable de la recherche macroéconomique pour Invesco Fixed Income. Les titres à revenu fixe. Il ne se passe pas grand-chose, n’est-ce pas, Brian?

Brian Levitt

Oui, nous semblons choisir le bon moment, comme par hasard, ou peut-être pas, avec ces invités. Il se passe beaucoup de choses sur tous les marchés, Jodi, mais pour les titres à revenu fixe, les temps sont durs. Je pense que les investisseurs en actions sont probablement devenus quelque peu conditionnés pour les mauvaises conjonctures. Nous avons vu cela souvent au fil des ans, même dans ma carrière, en 2000, en 2008… Je veux dire que c’est ce que nous avons constaté, mais pour que les investisseurs obligataires perdent, je crois qu’à un moment donné, 14,5 %, si vous regardez l’indice obligataire global, la même année où les actions ont reculé de 25 %, je peux vous dire que c’est une pilule difficile à avaler.

Jodi Phillips

C’est le cas, et vous pouvez le constater dans les chiffres, n’est-ce pas? Il suffit de consulter l’Investment Company Institute et d’examiner les données sur les flux de capitaux. De plus, les fonds communs de placement et les FNB à revenu fixe ont enregistré des sorties de capitaux d’environ 260 G$ cette année. De ce montant, environ 30 G$ ont été investis au cours des cinq dernières semaines.

Brian Levitt

Oui, je veux dire que les investisseurs ont tendance à se retirer au mauvais moment. Fait remarquable, les flux d’actions ont été positifs au cours de l’année.

Jodi Phillips

Honnêtement, cela me surprend un peu.

Brian Levitt

Oui, je veux dire peut-être, et c’est peut-être ce que nous apprenons, peut-être que les investisseurs en actions se rendent compte à quel point ils s’étaient brûlés en vendant à des moments inopportuns dans le passé. Nous verrons bien.

Jodi Phillips

Nous apprenons, mais nous apprenons à nos dépens, n’est-ce pas? Nous devons donc attendre de voir comment les choses se dérouleront. Mais il ne fait aucun doute que les taux d’intérêt et l’inflation ont connu une année remarquable.

Brian Levitt

Oh! « Remarquable? » Vous voulez dire qu’elle va passer à l’histoire, n’est-ce pas? Je ne sais même pas si « remarquable » est un mot assez fort.

Jodi Phillips

Non, probablement pas.

Brian Levitt

Probablement. Même les taux à deux ans sont passés sous la barre des 1 %. C’est comme si le marché ne s’attendait qu’à quelques hausses de taux d’intérêt cette année et qu’il en a connu plus de quatre. Je veux dire que le taux des obligations à 10 ans a grimpé d’environ 1,5 % à environ 3,75 %. C’est donc remarquable.

Jodi Phillips

Oui. Et ces 10 années où le taux était de 1,5 % au début de l’année ne sont tout simplement pas de très grande valeur quand on regarde les 3,75 % actuels. La situation est donc intéressante. Il n’y a pas beaucoup de répit.

Brian Levitt

Oui, il n’y en a pas eu. Cela ne concerne pas que les obligations du Trésor. Les coûts d’emprunt des sociétés ont également augmenté, mais nous commençons à nous demander si le pire est derrière nous pour les taux d’intérêt, si nous nous en rapprochons. À ce stade-ci, il s’agit en fait d’obtenir plus de précisions sur l’inflation, sur la Fed. À quel point la Fed doit-elle être ferme?

Jodi Phillips

Telle est la question.

Brian Levitt

Oui, c’est probablement la question à deux cent mille milliards de dollars.

Jodi Phillips

La question à deux cent mille milliards de dollars. Aucune pression. C’est donc l’indice de Rob. Oui?

Brian Levitt

Oui, c’est son indice. J’aimerais connaître son point de vue sur les taux, l’inflation et le crédit, ainsi que sur la direction que prendra la Fed. Sommes-nous finalement en train de produire du revenu à partir des titres à revenu fixe? Est-ce ce que nous attendions? Et maintenant, les investisseurs viennent à la rescousse. Il y a tellement de choses à dire à ce sujet. Invitons Rob.

Jodi Phillips

Excellent. Bienvenue, Rob.

Rob Waldner

Merci, Jodi. Merci, Brian. Merci de m’avoir invité.

Brian Levitt

Oui, je vous en prie. Alors Rob, voyons ce qui se passe. Qu’est-ce qui fait bouger les marchés, ici?

Rob Waldner

Vous avez parlé du piètre rendement total des titres à revenu fixe cette année. Et je pense qu’il est utile de décomposer cela en fonction de ce qui l’a vraiment motivé. Et je pense qu’il y a des rumeurs selon lesquelles tout est une question d’inflation, et que l’inflation a vraiment augmenté et que, par conséquent, les titres à revenu fixe ont affiché des rendements négatifs. C’est en partie vrai. Mais en réalité, ce qui s’est passé cette année, c’est qu’après des années de politiques monétaires excessivement expansionnistes, la Fed a effectué un revirement complet et est passée de la politique expansionniste – la plus expansionniste possible – à la politique de resserrement la plus énergique possible.

Rob Waldner

La raison pour laquelle je dis cela, c’est que si vous regardez ce qui s’est passé dans le segment des titres à revenu fixe, nous aimons parler des taux réels, c’est-à-dire les taux qu’on obtient en comparant les titres du Trésor indexés sur l’inflation, ou TIPS, aux obligations du Trésor et les conséquences pour l’inflation. Ces TIPS vous donnent le rendement réel. Les taux réels ont augmenté de près de 250 points de base. Nous avons donc commencé en territoire négatif dans le secteur des obligations à 10 ans et en baisse d’environ 1 % il y a un an. Nous sommes maintenant à plus de 1,5 %. Et ce n’est pas vraiment de l’inflation, parce que la composante de rémunération liée à l’inflation a fait du surplace. Cette situation est attribuable au fait que la Fed est devenue très énergique. C’est pourquoi la Fed est passée d’une politique très expansionniste en matière d’assouplissement quantitatif à une politique très ferme en matière d’assouplissement quantitatif.

Jodi Phillips

Rob, l’autre jour, juste pour mettre les choses au clair, vous avez mentionné que les investisseurs vous demandent souvent : « Que faire avec l’inflation? Que dois-je faire? » Et ce n’est pas nécessairement la bonne question à poser. Que devraient demander les investisseurs en ce moment?

Rob Waldner

Je crois que la Fed nous a dit, à travers les mesures qu’elle a prises, qu’elle ramènerait l’inflation à 2 %, quoi qu’il arrive. La question n’est donc pas : « Comment protéger mon portefeuille contre l’inflation? » C’est plutôt « Comment protéger mon portefeuille contre la Fed? » Parce que la Fed vous a dit ce qu’elle allait faire, c’est-à-dire qu’elle ne se reposera pas tant qu’elle n’aura pas des signes clairs que l’inflation se dirige vers 2 %.

Rob Waldner

En passant, c’est ce que le marché laisse entendre. Les points morts du marché, encore une fois si on compare les TIPS aux obligations du Trésor nominales, indiquent que le marché fait confiance à la Fed. Ce que nous devons donc faire, c’est déterminer jusqu’où la Fed ira et aller droit au but. Nous pensons que nous approchons du moment où il est opportun d’acheter des titres à revenu fixe et où la Fed a énormément resserré sa politique monétaire. Nous observons des signes indiquant que l’inflation a atteint un sommet. Il faudra peut-être un certain temps avant que les taux redescendent, mais nous sommes d’avis que le récit qui circule – « Nous sommes dans les années 1970 et nous devons continuer de relever les taux et de les relever » – n’est tout simplement pas le bon.

Brian Levitt

Je veux dire que c’est une bonne chose du point de vue des placements, mais pas du point de vue de ma garde-robe. Je viens tout juste d’acheter un habit de loisir en polyester et Jodi était en train de crocheter des chandails.

Jodi Phillips

Je me réjouis qu’il ne s’agisse que d’un enregistrement audio.

Brian Levitt

Mais à ce sujet, Rob, quand je pense aux années 73, 74, 75, je pense à l’idée qu’à l’époque la Fed avait en quelque sorte perdu le fil de l’histoire, que ce soit avant Arthur Burns, William McChesney Martin à la demande de Lyndon Johnson ou ensuite Arthur Burns à la demande de Richard Nixon avec les attentes inflationnistes à long terme qui s’estompaient. Le marché obligataire vous indique qu’il s’agit d’une situation très différente. Est-ce bien ce que vous dites?

Rob Waldner

Exactement.

Brian Levitt

Même si les attentes inflationnistes étaient plutôt faibles, ils poussaient très fort à ce sujet. Que se passe-t-il avec les prévisions de croissance? Qu’arrive-t-il aux conditions financières? Je veux dire à quel point ce qui se passe est inquiétant pour vous?

Rob Waldner

Très bien. Je pense que c’est une excellente question, Brian. Lorsque nous réfléchissons à cette question, à la façon dont le marché se comportera, nous aimons la diviser en trois composantes, soit l’incidence de l’inflation, l’incidence de la croissance et l’incidence de la politique monétaire de la banque centrale. N’est-ce pas? Et nous avons déjà parlé de l’inflation. Nous croyons que le sommet de l’inflation diminuera lentement, mais qu’il se maintiendra. Nous ne sommes pas dans les années 1970. La question est donc de savoir quelle incidence le resserrement de la politique monétaire de la Fed aura sur la croissance. Il y a donc une course aux chevaux entre le resserrement de la politique et la croissance, et dans quelle mesure la Fed ralentira-t-elle la croissance, quand prendra-t-elle une pause pour voir l’ampleur du resserrement qu’elle a mis dans le système? Ce qui nous inquiète un peu, c’est que les attentes inflationnistes à long terme restent bien maîtrisées et que la Fed continue tout juste de répondre aux attentes des banques centrales mondiales.

Rob Waldner

C’est comme si les banques centrales mondiales continuaient de faire preuve de fermeté surprise après surprise. Et nous n’avons jamais vu, à l’échelle mondiale, les banques centrales relever les taux à ce rythme. Il y a vraiment un risque réel que quelque chose tourne mal ou que ces hausses soient exagérées. Et je pense que nous pourrions souligner deux ou trois choses à cet égard : les conditions financières se resserrent, le dollar est en hausse et les taux réels augmentent à l’échelle mondiale. C’est ce qui nous inquiète.

Brian Levitt

D’accord, Rob. Alors, le Jay Powell de Jodi, qu’en dites-vous?

Jodi Phillips

Désolée.

Rob Waldner

Le message que je veux transmettre à Jay Powell est le suivant : vous avez mis en place ce scénario où vous êtes le nouveau (Paul) Volcker et où vous allez essentiellement relever les taux jusqu’à ce que vous voyiez le blanc des yeux de l’inflation. N’est-ce pas? Le problème, c’est que nous savons que l’inflation est un indicateur retardé, et nous savons que l’inflation que nous connaissons aujourd’hui est liée à ce que nous avons fait il y a deux ans en matière de politique budgétaire et monétaire, ce qui a vraiment stimulé l’économie et donné de l’argent aux gens pour acheter des voitures et des maisons à de faibles taux hypothécaires.

Rob Waldner

Tous ces facteurs sont maintenant à l’origine de l’inflation. C’est terminé, n’est-ce pas? Ces mesures de relance ont été encaissées et vous ne pouvez pas les récupérer. Ces prêts hypothécaires à 2,5 % ou 2,75 % – nous n’avions jamais pensé que nous les verrions – ont été contractés. Tous ces éléments sont en place. Vous ne pouvez pas annuler cela. C’est l’un des facteurs qui alimentent l’inflation. Ce sont donc des indicateurs précurseurs, n’est-ce pas? C’est ce qui s’est produit. Par ailleurs, la Fed a une politique monétaire, et je dirais donc à Jodi que vous établissez un instrument prospectif, soit une politique monétaire fondée sur un indicateur rétrospectif. Et je ne recommanderais pas de regarder dans le rétroviseur, mais ce n’est tout simplement pas une bonne stratégie.

Rob Waldner

Nous pourrions donc dire qu’il est peut-être temps de voir, avec tout ce resserrement, ce que... de prendre une pause. Nous avons appelé cela un « virage », et nous espérions qu’il se produirait au cours des derniers mois. Aucun signe n’en est encore ressorti. Mais ils prendraient une pause.

Jodi Phillips

Bien sûr. Avez-vous l’impression, ou plutôt, je sais que tout le monde regarde, écoute chaque mot qui est prononcé lors de chaque conférence de presse, à chaque communiqué, à la recherche de signes de ce virage. Selon vous, qu’est-ce que cela va prendre ou qu’est-ce qu’ils recherchent avant d’entamer ce processus?

Rob Waldner

Je pense donc que c’est une chose ou l’autre, n’est-ce pas? Et nous avons deux exemples récents de choses qui, peut-être, pourraient commencer à tracer la voie. Tout d’abord, nous avons connu tout cet épisode au Royaume-Uni la semaine dernière, où, essentiellement, pour diverses raisons, le marché des obligations d’État est devenu déséquilibré, le marché obligataire est devenu déséquilibré, et nous y avons investi beaucoup – ce qui a créé beaucoup d’appels de garanties dans le système de retraite, étant donné la structure des régimes de retraite, la Banque d’Angleterre a alors dû intervenir et stabiliser la situation. Ce qu’ils ont fait, c’est qu’ils ont acheté des obligations et qu’ils sont revenus essentiellement à l’assouplissement quantitatif, mais ils ont acheté des obligations essentiellement de la même façon que l’assouplissement quantitatif. Et c’était après qu’ils avaient planifié de faire du resserrement quantitatif. Ils ont donc vraiment fait un virage vers une attitude plus conciliante, pas un grand virage, mais c’est que quelque chose a vraiment changé. La liquidité du marché se détériorait, ce qui a provoqué une rupture du marché; ils sont alors intervenus et l’ont stabilisée.

Brian Levitt

Le marché nous a dit que nous ne devrions pas réduire les impôts des personnes les plus fortunées dans un contexte inflationniste ou, du moins, les Britanniques ne devraient pas le faire.

Rob Waldner

Oui, bien sûr. Il nous a également appris qu’avec les taux, lorsque les taux évoluent aussi rapidement et de façon aussi agressive, il ne faut pas grand-chose pour que les portefeuilles soient tordus, pour que ces rendements totaux deviennent vraiment un problème. Et je pense qu’on a dit au Royaume-Uni : vous devez vous calmer, vous devez ralentir un peu, vous ne pouvez pas modifier les taux de façon aussi énergique. Voilà un exemple. Par ailleurs, la Reserve Bank of Australia a récemment décrété une hausse de taux expansionniste de seulement 25 points de base. Je pense donc que le récit est que, peut-être qu’ils le sont un peu; nous verrons bien si la Fed pourrait faire quelque chose de semblable. Nous aimerions bien voir cela.

Brian Levitt

Rob, comment positionneriez-vous tant d’investisseurs lorsqu’ils ont construit le portefeuille 60/40, les 40 % représentaient la protection de duration plus longue, peut-être pas les titres à rendement le plus élevé que l’on puisse trouver sur le marché des titres à revenu fixe, mais certainement une protection ou une perception de protection? Lorsque Jodi et moi-même parlions des données sur les flux, il semble que c’est probablement là que les choses sont sorties, ou qu’une bonne partie de ces données sont sorties de ce qui devait être la protection. Si vous parlez d’un resserrement excessif, d’un ralentissement de l’économie, osons dire une récession, s’agit-il d’un retour à des actifs à duration plus longue?

Rob Waldner

Je pense que je suis d’accord avec la façon dont vous l’avez décrit au début, Brian, c’est-à-dire juste au moment où je peux vous dire qu’il y a de la valeur dans les titres à revenu fixe, pour la première fois depuis de nombreuses années, les flux sont toujours sortants. Je suis donc en train de parler aux gens de la valeur que les titres à revenu fixe peuvent apporter à votre portefeuille maintenant. Parce que si vous revenez à la façon dont je l’ai établie il y a un moment, nous avons une politique de resserrement et une croissance. Ce sont les deux éléments qui nous préoccupent. Supposons que la Fed fasse ce que nous espérons qu’elle fera, c’est-à-dire qu’elle marque une pause, ce qui serait un peu plus conciliant pour le marché, que le niveau global des taux se stabilise et qu’il baisse un peu, et il est probable que les écarts de taux se resserrent, car il en résulterait un meilleur contexte de liquidité et un risque de récession moindre.

Rob Waldner

Le pire scénario serait que la Fed continue de resserrer sa politique monétaire, puis qu’il y ait une grave récession. Toutefois, l’avantage dans ce contexte, c’est que les titres à revenu fixe jouent toujours un rôle honorable dans votre portefeuille par rapport à d’autres placements. Je ne dis pas que les obligations de catégorie investissement produiront d’excellents rendements totaux, mais qu’elles résisteront relativement bien que la plupart des autres actifs où vous pourriez investir, comme les titres de créance de qualité inférieure ou les actions. Je crois vraiment que les obligations sont redevenues un excellent placement pour la première fois depuis quelques années. L’indice des obligations de catégorie investissement affiche un rendement d’environ 5,4 %. Vous pouvez donc acheter un panier d’obligations de catégorie investissement et récolter 5,4 %. Soit dit en passant, tout le monde pensait il y a un an que les gens se seraient démenés pour 5,4 % de rendement.

Brian Levitt

Bien sûr.

Rob Waldner

Vous obtenez 5,4 % et vous n’avez pas vraiment d’indice de catégorie investissement, vous n’avez pas à vous inquiéter des défaillances à court terme, et ainsi de suite. Et vous avez une duration dans cet indice. Si la récession se produit, la duration aidera à compenser en partie l’élargissement des écarts de taux, et si la Fed adopte un ton plus conciliant, ce sera un excellent point d’entrée.

Jodi Phillips

Rob, vous avez indiqué que vous deveniez un peu enroué à force de diffuser ce message, et je suis heureuse que vous ayez retrouvé votre voix à temps pour vous joindre à nous aujourd’hui. Mais lorsque vous parlez de cette histoire, quel genre de questions recevez-vous, ou quel genre de préoccupations entendez-vous et qu’est-ce que vous devez régler, et vraiment communiquer aux investisseurs ce qu’ils regardent actuellement?

Rob Waldner

Je pense qu’il y a deux choses. Premièrement, l’indice des obligations américaines a reculé de 12 %, 13 %. Par conséquent, votre portefeuille de titres à revenu fixe est vraiment malmené. Je pense donc qu’il faut faire preuve de prudence. Deuxièmement, même si nous pensons que l’inflation a atteint un sommet, vous n’avez pas observé le renversement de tendance que la Fed recherche. Et ce sera désordonné. Nous savons qu’il y aura une certaine persistance de l’inflation dans le secteur de l’habitation, et il faudra donc regarder au-delà des perturbations. Il faut donc regarder au-delà des perturbations et ignorer le rendement total négatif depuis le début de l’année, si vous voulez adhérer à ce que je viens de vous raconter.

Brian Levitt

Êtes-vous surpris par les écarts de taux actuels? J’entends par là un creux historique par rapport à ce qu’ils sont habituellement dans un contexte de ralentissement de la croissance.

Rob Waldner

Oui, je crois que la réponse est oui. Je pense que nous n’avons pas vraiment pris en compte une récession sur les marchés du crédit ou probablement sur certains autres marchés. Même si je fais un examen très simple, je pense que ce que nous avons largement pris en compte dans bon nombre de ces marchés, c’est la hausse des taux réels et le taux d’actualisation que cela implique pour les sociétés et d’autres. Cela signifie que vous avez dû réduire vos ratios boursiers et que les écarts de taux se sont légèrement élargis, mais il ne nous semble pas que vous ayez pris en compte une récession. Il est certain que, surtout dans le cas des titres de créance de qualité inférieure, les écarts de taux peuvent s’élargir considérablement en période de récession que nous connaissons actuellement. C’est pourquoi j’ai parlé de titres de catégorie investissement, et non de titres à rendement élevé.

Brian Levitt

Oui.

Rob Waldner

Il y aura des domaines de crédit qui pourraient être difficiles, ou si vous êtes une société, en récession, si vos coûts de financement augmentent, disons que votre dette à taux variable et votre chiffre d’affaires sont sous pression, que vos revenus sont sous pression en raison d’une récession, il pourrait y avoir un cycle de défaillance ou, du moins, un cycle de révision à la baisse.

Rob Waldner

Cela aurait pour effet d’élargir l’écart. Nous ne sommes donc pas optimistes à l’égard du crédit dans son ensemble, mais je crois que nous apprécions les titres de créance de qualité supérieure.

Brian Levitt

Pour en revenir à ce que vous disiez, vous commencez à capitaliser le niveau de revenu intéressant ou le flux de revenu intéressant que nous n’avons pas réussi à capitaliser depuis très longtemps.

Rob Waldner

C’est exact. Je crois que cette duration est avantageuse, en achetant des actifs à taux fixe.

Brian Levitt

Pour ce qui est de la monnaie, elle fait partie intégrante de la même opération. S’agit-il d’une opération en dollars jusqu’à ce que la Fed change de cap?

Rob Waldner

Oui, je crois que c’est la Fed qui est à l’origine de cette situation.

Jodi Phillips

Rob, vous avez dit un peu plus tôt qu’il n’y a pas que la Fed, que les banques centrales mondiales travaillent presque en tandem. À l’échelle régionale, y a-t-il des endroits que vous pourriez particulièrement souligner, que ce soit sur les marchés émergents ou ailleurs?

Rob Waldner

Oui, je pense que c’est l’une des histoires intéressantes à propos de ce cycle : bien que la Fed ait été très tardive, toutes les banques centrales n’étaient pas à la traîne du cycle. Ainsi, certaines banques centrales des marchés émergents et de l’Amérique latine, par exemple, qui ont relevé les taux pendant un certain temps, ont devancé la Fed. Il y a donc des situations où les cycles sont un peu plus différents du scénario habituel. Et nous pensons que c’est très positif. En fait, certains de ces pays, comme le Brésil, ont affiché une performance relativement bonne cette année. Je pense que c’est en partie parce qu’ils ont commencé à relever les taux plus tôt. Il y a donc une certaine divergence dans le cycle. Il y a aussi la Chine, où l’économie est en récession et où les politiques sont beaucoup plus stables.

Rob Waldner

C’est-à-dire que les taux réels n’ont jamais vraiment été négatifs. Ils n’ont pas beaucoup bougé, les taux d’intérêt n’ont pas vraiment augmenté en Chine depuis plusieurs années. Ils en sont donc à une étape différente du cycle. Je crois donc que nous commençons à voir des avantages réels de la diversification à l’échelle mondiale. Si vous regardez à l’extérieur du bloc occidental, États-Unis et Europe, vous constatez que la diversification commence à procurer certains avantages. Je pense que c’est très intéressant. Maintenant, il est clair que la Fed l’est, elle peut vraiment réaliser beaucoup de valeur ici. Dans certains de ces marchés, il est probable que vous ayez besoin que la Fed change de cap ou ralentisse les hausses de taux.

Brian Levitt

Rob, nous allons vous mettre à la place de Jay Powell, le président de la Fed. Nous ne sommes pas en 2022 par contre, mais plutôt le jour du départ à la retraite de Powell, peu importe le moment. Et nous allons vous demander de revenir sur la façon dont tout cela s’est déroulé. Comment vous sentez-vous? Êtes-vous sorti avec le nom Powell intact?

Rob Waldner

Je vais me sentir un peu incertain à ce sujet, car je sais déjà que j’ai commis une erreur de politique monétaire en 2021 ou 2022 en maintenant les taux trop bas, trop longtemps. J’ai toujours cru que la baisse de l’emploi était une erreur que j’ai commise en 2022 et 2023 en relevant les taux trop fortement et en les maintenant trop élevés. J’ai adhéré au discours selon lequel « l’inflation est le gros problème ». Il est donc à espérer que l’économie américaine continuera de progresser et qu’elle se portera très bien à long terme. Mais je ne me sentirai pas très bien pendant cette période. Et quand j’en parle à ma femme et que je lui dis que je me sens un peu mal à l’aise, elle me dit : « Eh bien, chéri, tu te rappelles les pressions que tu as subies. Souviens-toi de toutes les pressions politiques et du discours du moment », et elle tente de me rassurer. Et tout cela est vrai, les pressions politiques énormes qui s’exercent pour faire baisser le taux de chômage, pour maintenir les taux à de bas niveaux, puis pour s’attaquer à l’inflation. Mais je pense qu’avec le recul, j’aurais mis en place une politique différente.

Brian Levitt

Mettre en œuvre une politique différente. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que nous nous en sortirons et que l’économie américaine demeurera une source de préoccupation croissante et une occasion d’investir.

Rob Waldner

Bien sûr.

Jodi Phillips

Nous allons y arriver. Il me semble que c’est l’endroit idéal pour conclure. Merci beaucoup, Rob, de vous être joint à nous, d’avoir répondu à nos questions et de vous être mis sur la sellette pendant un certain temps. Ce n’était pas une question facile, Brian.

Brian Levitt

Il a besoin d’un câlin. Merci, Rob.

Rob Waldner

Merci à tous.

 

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La duration mesure la sensibilité du cours (la valeur du principal) d’un instrument à revenu fixe aux variations des taux d’intérêt.

L’assouplissement quantitatif est une politique monétaire utilisée par les banques centrales pour stimuler l’économie lorsque la politique monétaire traditionnelle est devenue inefficace.

Le resserrement quantitatif est une politique monétaire utilisée par les banques centrales pour normaliser leur bilan.

Un point de base correspond à un centième de point de pourcentage.

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