Marchés et économie

Conversations sur les marchés : À la recherche du creux du marché : y sommes-nous arrivés?

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Brian Levitt :

Je suis Brian Levitt.

Jodi Phillips :

Et moi, Jodi Phillips. Aujourd’hui, au balado, nous recevons Talley Léger. Talley est stratège en actions à Invesco, et il est ici pour nous faire part de son point de vue à savoir si le marché boursier américain a touché le fond ou pas et sur ce à quoi nous pourrions nous attendre pour la suite.

Brian Levitt :

Jodi, j’espère qu’il va nous dire que le marché a atteint un creux ou est sur le point de le faire. Cela serait une bonne nouvelle pour mon compte 401(k).

Jodi Phillips :

Oh oui, pour le mien aussi, et pour mon épargne-étude. Je pense que ma tension artérielle baisserait aussi. Écoutez, je vous ai entendus dire, vous et Talley, que nous traversons un marché baissier où « rien ne va plus ». Comment avez-vous géré vos émotions pendant cette période, Brian?

Brian Levitt :

Vous supposez que j’y suis parvenu?

Jodi Phillips :

Oui, il s’agit d’une présomption téméraire.

Brian Levitt :

Mais peut-être justement qu’étant donné que « rien ne va plus », la situation est un peu plus acceptable. Je veux dire qu’il n’y avait pas beaucoup de valeurs sûres cette année. On ne s’en veut donc pas trop de ne pas avoir fait les meilleurs choix. À part sans doute les liquidités, quoique ce ne soit pas la solution optimale lorsque vous perdez de 8 % à 9 % de la valeur de votre argent après inflation.

Jodi Phillips :

Brian, la seule chose qui m’a apaisée, c’est le fait d’avoir cette réserve de liquidités d’urgence. Alors, merci pour cette perspective. Je sais à quel point vous aimez les comparaisons historiques. J’imagine qu’il est utile de savoir que nous avons déjà connu des périodes semblables et que nous y avons survécu, n’est-ce pas?

Brian Levitt :

Tout à fait. Cela s’est produit à quelques reprises au cours des deux dernières années. J’essaie de me rappeler le nom de… Je ne sais plus… c’était l’un de ces gourous de l’investissement à qui l’on avait demandé comment il se sentait d’avoir perdu 25 % de la valeur nette ses actifs. Il a répondu : « Eh bien, je me sens de la même manière que les quatre dernières fois que cela s’est produit. »

Jodi Phillips :

Oh là, là. Oui, pas génial. C’est comme ça qu’on se sent, pas génial. Mais ce n’est pas plus génial de rater le rebond. Et je sais qu’il doit y avoir des spéculateurs qui n’étaient pas heureux de rester sur la touche en octobre et ce jour marquant pour les marchés à la mi-novembre.

Brian Levitt :

Oui, bien sûr. Nous l’avons dit souvent : les grands mois, les grands jours semblent toujours survenir lorsque les temps sont difficiles. Par conséquent, en tentant d’éviter les pires jours, vous finissez souvent par rater les meilleures occasions. Comme vous l’avez souligné, octobre s’est classé au 11e rang des meilleurs mois. Et le 10 novembre a été, je crois, le 15e meilleur jour. Évidemment, cela s’est produit juste après que les investisseurs eurent retiré, selon l’Investment Company Institute, 27 milliards de dollars de la stratégie d’actions. Il y a quelque chose de plus fort que nous.

Jodi Phillips :

Il faut garder un certain recul. Et rester au-dessus de la mêlée. C’est pourquoi nous avons décidé d’inviter Talley. Talley va nous présenter une liste d’indicateurs pouvant signaler un creux du marché afin de nous aider à nous concentrer sur ce qui importe vraiment. Et Brian, je n’ai qu’une seule question à lui poser. Est-ce que nous y sommes?

Brian Levitt :

Je croirais entendre mes enfants sur le siège arrière de la voiture : « Est-ce nous y sommes, est-ce qu’on est arrivé? » C’est drôle. Je leur réponds toujours : « Non, sinon je ne serais pas en train de conduire. » Puis, ils rajoutent : « Est-ce qu’on arrive bientôt? » Oui, je le souhaite sincèrement, à moins que nous ne fassions fausse route. Je suppose que Talley sera notre GPS et nous dira si nous sommes sur la bonne voie.

Jodi Phillips :

Excellent. Comment faisions-nous pour nous orienter avant le GPS? Je ne sais pas. D’accord, dans ce cas, je vais ajouter quelques questions à ma liste. Si le marché touche le fond, que se passera-t-il ensuite? À quoi ressemble habituellement une reprise boursière? Qu’observez-vous à l’heure actuelle et à quel type de leadership vous attendez-vous lors d’une période comme celle-ci? Je pense que nous pouvons maintenant l’inviter à se joindre à la discussion.

Brian Levitt :

Vous savez que j’adore ces conversations. Talley, bienvenue parmi nous.

Talley Léger :

Je suis heureux d’être là, comme toujours. Il y a beaucoup de questions.

Jodi Phillips :

Absolument. Il y a beaucoup de questions à poser et beaucoup de réponses à donner. Alors, merci de votre aide. Pouvez-vous commencer par le début et nous donner un peu de contexte sur ce qui s’est passé cette année?

Talley Léger :

Sans problème. D’abord et avant tout, et presque tout le monde s’entend là-dessus, l’inflation a atteint des niveaux qu’on n’avait pas vus depuis 40 ans. L’environnement a donc été très différent pour la plupart des investisseurs professionnels et, bien sûr, des investisseurs individuels. En réaction à la flambée de l’inflation, la Réserve fédérale, la banque centrale des États-Unis, a resserré les conditions financières afin de refroidir l’économie américaine. Je tiens aussi à souligner que ce contexte de resserrement et de ralentissement de l’activité a commencé au premier trimestre de 2021. Cela fait donc un an et demi, presque deux ans. Jusqu’à tout récemment, nous étions, je pense, dans cette phase générale de réduction du risque du cycle de marché.

Brian Levitt :

En gros, Jodi, ce qu’explique Talley, c’est que la Réserve fédérale américaine voulait que nous nous sentions moins riches. Et comme vous et moi l’avons dit au début de ce balado, ça a marché pour nous deux.

Jodi Phillips :

Mission accomplie.

Brian Levitt :

Je ne suis pas certain d’avoir déjà été riche, mais je me sens certainement moins riche maintenant.

Talley Léger :

Vous savez ce qu’ils disent : il ne faut pas aller à contre-courant des décisions de la Fed. Cela nous a servi de rappel. Quand je parle de conditions financières, je fais référence au dollar trop vigoureux, aux taux obligataires qui ont grimpé en réaction au relèvement des taux d’intérêt par la Réserve fédérale et à l’élargissement de l’écart entre les taux des obligations de sociétés et ceux des obligations du Trésor. Et, comme nous le disions, les actions ont subi de fortes baisses. La Fed a donc fait son travail et resserré les conditions financières, et c’est le mécanisme de transmission de la politique monétaire. C’est le canal par lequel la Fed fait en sorte de provoquer les ralentissements économiques souhaités.

Brian Levitt :

Ne pas aller à contre-courant des décisions de la Fed. C’est un bon conseil. Talley, quand avez-vous commencé à vous inquiéter? Je me souviens de vous avoir parlé au début de l’année, et je pense que nous avons même écrit un article de blogue portant sur quel serait le scénario cauchemardesque. Alors, quand avez-vous commencé à vous inquiéter?

Talley Léger :

Je dirais que j’ai commencé à m’inquiéter à la fin du premier trimestre de cette année. En théorie, comme nous le savons, la période rétrospective débute en 2020, alors j’aurais aimé avoir eu tout bon en janvier. Mais, au moins, j’ai changé d’avis au moment où nous avons observé ce genre d’équilibre contre-tendanciel. Je crois que c’est quand il y a eu une reprise de 11 % sur le marché boursier, dans ce contexte que nous finirions par considérer comme une trajectoire baissière. Et nous avons connu plusieurs de ces remontées marquées dans l’actuel marché baissier. Il y en a eu une en juin et une autre en juillet cet été. Voilà, c’est ma réponse longue. J’ai commencé à m’inquiéter vers la fin du premier trimestre de cette année.

Jodi Phillips :

Talley, comme nous l’avons mentionné dans l’introduction, vous avez une liste d’indicateurs pouvant signaler un creux du marché que vous suivez pour garder le cap. Pouvez-vous nous en présenter quelques-uns? Et pouvez-vous nous expliquer ce qu’ils vous révèlent?

Talley Léger :

Oui. Le problème quand on crée ce genre de cadres, c’est que ça devient comme un mariage, surtout lorsqu’ils gagnent en popularité et que tout le monde vous interroge à leur sujet. En tant qu’analyste paranoïaque, je me remets constamment en question et me demande s’il s’agit de la bonne combinaison d’indicateurs. En fait, écoutez, ça a bien fonctionné en 2020 et je pensais que ça prenait plutôt bien le pouls de la baisse des cours boursiers jusqu’ici.

Brian Levitt :

Talley vient de nous définir le mariage. Je suis toujours en train de me poser des questions aussi.

Talley Léger :

C’est ça. De nombreuses leçons peuvent nous servir de rappel. Mais, selon moi, la réponse à la question de savoir si le marché a atteint un creux dépend vraiment de votre tendance à voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Pour ma part, je suis optimiste de nature. 

Brian Levitt :

Expliquez-nous quelques-uns de ces indicateurs pouvant signaler un creux du marché, dites-nous lesquels vous préférez et ce qu’ils vous disent en ce moment.

Talley Léger :

Nous avons fait beaucoup de progrès, Brian. Au début de l’année, nous n’en avions qu’un seul sur huit. Le premier a été l’écart entre les répondants optimistes et pessimistes du sondage sur la confiance des investisseurs. Les résultats de ce sondage ont été très pessimistes, très négatifs tout au long de l’année. C’était le seul indicateur que nous avions en janvier. Or, cela m’a aidé à rester rigoureux et à affirmer que nous n’en étions pas encore là, toute l’année, et ce, jusqu’à ce que d’autres indicateurs entrent en jeu. Il s’agit d’un élément important de la liste de contrôle.

Par ailleurs, bien que la confiance soit un facteur important, je crois qu’il est également bon d’avoir d’autres angles de vue. L’un d’eux est ce que nous appelons le ratio d’options de vente/d’achat sur actions. Quand ce ratio atteint 1 ou plus, cela signifie qu’il y a techniquement plus de vendeurs que d’acheteurs. Par le passé, il s’est avéré être un indicateur à contre-courant très utile qui nous a aidés à naviguer en eaux troubles. Nous voyons maintenant des investisseurs placer leur argent là où ils disaient qu’ils voulaient le faire au début de l’année. Lorsque les vendeurs sont techniquement plus nombreux que les acheteurs, c’est un signe de capitulation sur les marchés boursiers. Pour moi, c’est encourageant.

Jodi Phillips :

Vous avez mentionné qu’il existe huit indicateurs. Y en a-t-il d’autres que vous aimeriez souligner?

Talley Léger :

Oui. Demeurons du côté positif de la liste avant de passer au côté négatif. Brian, je crois que vous serez heureux d’entendre celui-là. Plus tôt cette année, l’indice d’incertitude liée aux politiques économiques a atteint un sommet, et il a maintenant commencé à diminuer. Je pense que le fait que les élections de mi-mandat soient derrière nous est une bonne chose, du moins en ce qui a trait à l’élimination d’une partie de cette discorde politique, en cas d’impasse à Washington. Peut-être aussi que les données fondamentales, les taux d’intérêt, l’inflation et la politique monétaire opéreront leur magie sur les marchés.

Brian Levitt :

Je suis rassuré de savoir que nous réalisons des progrès. J’aimerais en apprendre plus sur les indicateurs qui ne clignotent pas encore et sur ce que ceux-ci vous laissent présager en ce moment.

Talley Léger :

Oui, d’accord. En toute honnêteté, en mon âme et conscience, même si je suis optimiste, en cherchant des signes de tendance haussière, il y a deux indicateurs qui m’ont bien servi en 2020 et que je n’ai pas encore observés cette fois-ci. Ces deux indicateurs me donneraient beaucoup plus, disons…

Brian Levitt :

Vous le crieriez sur les toits plutôt que de l’écrire sur notre site Web.

Talley Léger :

Voilà. Il s’agit de l’indice VIX, ou l’indice de peur, de volatilité. Bien qu’il soit en hausse, il n’a pas encore atteint le seuil de 40 que je préférerais voir. Autrement dit, il faudrait encore plus de peur pour soutenir cette notion de dommages importants sur le marché qui me réjouirait en tant qu’analyste anticonformiste.

Brian Levitt :

La survenue d’un événement suscitant une grande volatilité.

Talley Léger :

C’est exact. Chaque génération est confrontée à un ensemble d’obstacles, à des événements qui font la une du Time Magazine. C’est ce que nous voudrions voir, le marché escaladant le mur de l’inquiétude et passant du coin inférieur gauche au coin supérieur droit de nos écrans.

Brian Levitt :

Ironiquement.

Talley Léger :

En effet.

Brian Levitt :

Talley, l’indice VIX n’a pas atteint 40. Quel est le deuxième indicateur qui n’a pas encore clignoté pour vous rassurer?

Talley Léger :

Brian, c’est un indicateur très semblable à l’indice VIX. Il s’agit des écarts de taux entre les obligations de sociétés à rendement élevé et les obligations du Trésor. Encore une fois, la dynamique est très semblable. Les écarts de taux se sont élargis en raison de la tendance générale à l’évitement du risque, mais nous n’avons pas vraiment observé les signes de peur ou d’aversion pour le risque que j’aurais

préféré voir. C’est peut-être un peu bizarre, mais j’attendais que les taux des obligations de sociétés à rendement élevé dépassent d’au moins 700 points de base ceux des obligations du Trésor. Et c’est un seuil assez bas. Je n’en demande pas beaucoup, mais nous n’y sommes jamais tout à fait arrivés. Et j’attends l’événement de crédit majeur du cycle. Comme je l’ai dit, lorsque la Fed commence à resserrer les conditions financières, les choses se détraquent. La débâcle des cryptomonnaies, qui a fait les manchettes, a sans doute été le pire événement du cycle de crédit actuel. Peut-être que j’ai saisi ça, du moins sur le plan conceptuel.

Brian Levitt :

Ce serait donc les bourses de cryptomonnaies qui ne font probablement pas partie des indices obligataires à rendement élevé. Sinon, cela témoigne de la vigueur fondamentale de certaines de ces sociétés et de ces indices obligataires à rendement élevé.

Talley Léger :

C’est ça.

Jodi Phillips :

Talley, vous avez dit qu’il existe deux types de personnes : celles qui voient le verre à moitié plein et celles qui le voient à moitié vide. Bon, je vais vous poser une question pour ce deuxième groupe. Quel est le pire scénario?

Talley Léger :

J’ai participé activement à l’élaboration des perspectives de cette année, et j’ai dû réfléchir très sérieusement au pire scénario que la plupart des investisseurs connaissent. La réaction de la Fed à la flambée de l’inflation nous fait craindre qu’elle aille trop loin, un peu comme lors des années 1970 sous Burns et des années 1980 sous Volcker. Le danger, c’est que si elle relève trop les taux d’intérêt, elle pourrait casser les reins de l’économie.

Bon nombre de mes collègues d’Invesco et moi penchons pour une récession économique plus courte et moins profonde. Cela nous amène au point où nous avons observé d’importantes fluctuations sur les marchés boursiers. Et je ne veux pas vous voler la vedette, mais on a vu des rotations qui, à mon avis, souligneraient nos résultats en tant qu’équipe et en tant que groupe du côté plus positif du bilan.

Brian Levitt :

Il est intéressant que vous mentionniez Paul Volcker, le président de la Fed à la fin des années 1970 et au début des années 1980. L’inflation avait culminé au début de 1980 et Volcker avait relevé les taux tout au long de l’année. Il y a donc un parallèle à faire avec ce que nous vivons actuellement. L’inflation semble avoir atteint un sommet au printemps. Et durant toute l’année, Jerome Powell a relevé les taux d’intérêt. Il y a eu une récession en 1981, mais si vous aviez investi au moment où l’inflation était à son maximum, vous étiez plutôt satisfait dans les années suivantes. Pensez-vous qu’il s’agit d’un parallèle intéressant? Pouvons-nous nous attendre à la même chose? Et, si oui, quel positionnement adopteriez-vous?

Talley Léger :

Je pense que c’est un très bon point. Des marchés fous, hein? L’inflation a-t-elle culminé avant les taux obligataires? Et l’économie a-t-elle atteint un creux avant les marchés boursiers? Habituellement, on pourrait penser que le contraire. Mais oui, regardez, j’ai une foule de ressources différentes dans ma boîte à outils pour m’aider à dégager des perspectives. J’ai mis au point un indice exclusif de perturbation de la chaîne d’approvisionnement qui a contribué à confirmer cela de façon plus stratégique. Nous nous éloignons de la liste de contrôle technique populaire pour nous tourner vers le processus de creux stratégique ou cyclique pour les actions. Et je pense que c’est vraiment là que tout commence. L’inflation est en quelque sorte l’ennemi public numéro un ici. Or, elle a diminué avec l’amélioration des perspectives de la chaîne d’approvisionnement.

Jodi Phillips :

Alors, Talley, en pensant à ce à quoi pourrait ressembler une reprise, allons-nous revenir aux mêmes grands titres qui ont stimulé le rendement la dernière fois, ou devrions-nous nous attendre à un leadership plus large?

Talley Léger :

Écoutez, selon moi, il n’y a pas deux cycles identiques. Nous avons nos cadres et nos indicateurs pour aider les investisseurs à comprendre ces processus. Mais à travers tout cela, je ne crois pas que le cycle économique disparaisse. Je ne pense pas non plus que la banque centrale et tous ses moyens disparaissent. Il s’agit de deux forces très importantes qui nous aident à prendre des décisions et à faire des choix en matière de répartition de l’actif. Donc, d’un point de vue général, les choses auxquelles je m’attendrais dans un scénario de reprise semblent se concrétiser.

Et je dirais que cela a vraiment commencé en octobre. Les obligations commencent à se replier par rapport aux actions, ce qui signifie que les actions s’améliorent et mènent la charge de façon générale. Sur les marchés boursiers, les secteurs cycliques ou sensibles à l’économie se sont démarqués. Et même les actions de valeur à petite capitalisation plus risquées se sont redressées et ont réagi à tolérance accrue au risque.

Brian Levitt :

Maintenant, si la Fed cesse de relever les taux d’intérêt ou prend une pause – je pense qu’aucun d’entre nous ne songe à un cycle d’assouplissement, mais si elle prend une pause –, est-ce que cela changera le contexte pour le dollar américain et quelles pourraient être les conséquences pour les placements internationaux?

Talley Léger :

C’est un autre point très intéressant, Brian. Le dollar semble avoir atteint un sommet en octobre, ce qui confirmerait exactement ce dont nous discutions. Je sais qu’il est tôt, mais nous voulons nous tourner vers l’avenir, faire une sorte de volte-face et raffermir l’appétit des investisseurs pour le risque. Donc, si le dollar continue de baisser… Ce sont des variables du marché en temps réel, qui ont tendance à devancer la Fed. Il se peut qu’elles reflètent à tout le moins une réduction du rythme auquel la Fed augmente les taux d’intérêt. N’oubliez pas qu’il s’agit du cycle de hausses de taux le plus intense que nous ayons connu depuis des décennies. Pour moi, l’aspect clé n’est pas nécessairement une pause ou une baisse des taux, mais plutôt un ralentissement de la cadence des hausses.

Brian Levitt :

Savez-vous quel est le plus grand défi, Jodi, en matière de reprises?

Jodi Phillips :

Quoi donc?

Brian Levitt :

Tout le monde les rate. Et vous savez pourquoi? C’est parce que les gens regardent toujours dans le rétroviseur et se concentrent sur les problèmes. Puis lorsque les choses vont bien, une bonne partie de la reprise des marchés est déjà passée. Ce que Talley semble dire, c’est que la situation s’améliore un peu par rapport aux attentes, que l’inflation est moins forte que prévu et que le resserrement de la politique monétaire de la Fed commence à ralentir doucement. Or, c’est ainsi que les reprises s’amorcent. Il y a un adage selon lequel l’heure la plus sombre précède l’aurore. Ce n’est pas nécessairement vrai, mais c’est ce qu’on dit.

Jodi Phillips :

Brian, je ne m’attendais pas à ce que ce balado soit aussi philosophique.

Talley Léger :

Brian, c’est peut-être trop d’information, mais je vous ai déjà confié dans nos conversations personnelles sur les placements que je n’ai pas dérogé à mon plan. Et mes placements actuels sont en grande partie en actions, surtout de sociétés américaines à moyenne capitalisation. J’ai donc profité de l’un des meilleurs, sinon du meilleur, mois d’octobre que nous ayons connus depuis longtemps sur les marchés boursiers. J’en ai profité, mais comme je vous l’ai dit, je m’en veux – et c’est la cupidité qui prend le dessus ici – de ne pas avoir investi de nouveaux fonds plus tôt pour récolter les fruits de ce mois extraordinaire.

Brian Levitt :

Si nous assistons bel et bien à une reprise et au début d’un nouveau cycle, je suppose que vous aurez amplement l’occasion d’en tirer parti.

Talley Léger :

Bien sûr.

Jodi Phillips :

Avant de conclure, j’aime toujours poser la question suivante à nos invités. Qu’est-ce que nous ne vous avons pas demandé et que nous aurions dû? Quel élément dont nous n’avons pas parlé serait important de souligner selon vous?

Talley Léger :

Merci. Il y a un point sur lequel j’aimerais revenir, étant un adepte de la création d’indices. C’est en lien avec ma tendance à être un analyste paranoïaque. Ces derniers temps, j’ai remis en question mon intuition, mon évaluation des indicateurs tactiques, ma liste de contrôle. Et si je me trompais? Et si la lentille à l’aide de laquelle j’observe les faits était déformée ou fissurée? C’est dans cet esprit que j’ai tenté de m’extirper du processus décisionnel et de donner une signification statistique aux huit indicateurs. Sans trop entrer dans les détails, j’ai utilisé une transformation de la note Z pour exprimer chacun de ces indicateurs en unités courantes d’écart-type par rapport à leur moyenne respective.

Brian Levitt :

C’est ce que j’allais faire.

Talley Léger :

Je n’en doute pas.

Jodi Phillips :

Il vous a devancé.

Talley Léger :

Autrement dit, j’ai pris du recul et j’ai laissé les données et les statistiques… Nous nous souvenons tous de nos cours de statistique en mathématiques au secondaire et durant la première année…

Brian Levitt :

Et qu’avez-vous appris?

Talley Léger :

Tout le monde peut comprendre le concept de variabilité que sont les écarts-types. Eh bien, je suis heureux de dire qu’à la fin de septembre, nous avons eu un événement au nord de 2 sigma. Si, comme je l’ai mentionné précédemment, la période rétrospective débute en 2020, cela s’explique parfaitement d’un point de vue à contre-courant. L’aversion pour le risque a culminé, et c’est ce qui a été la prémisse des résultats fantastiques en octobre.

Cela dit, ce ne fut pas aussi considérable que ce que nous avons observé, disons, au début de 2020, ou encore en 2008 ou en 2009. Ces moments avaient été marqués par des événements d’au moins 4 sigma, qui ont causé d’énormes perturbations sur les marchés. Mais, encore une fois, je pense qu’en fin de compte, ce repli du marché s’apparente probablement à une contraction plus courte et moins profonde.

Jodi Phillips :

Je suis contente de savoir que les analystes paranoïaques analysent les chiffres comme vous le faites. Merci pour ça.

Brian Levitt :

Nous n’y sommes peut-être pas encore, Jodi, mais il semble que nous nous en rapprochions.

Jodi Phillips :

Oui, c’était ma grande question. Nous ne sommes pas encore arrivés, sinon nous ne serions pas encore en train de conduire, mais cela ne sera plus très long.

Brian Levitt :

Eh bien, Talley, merci beaucoup de vous être joint à nous. Ce fut très instructif. J’espère que vous allez profiter de la période des Fêtes pour prendre une pause des statistiques avancées et passer du temps avec vos proches.

Jodi Phillips :

Et boire quelques verres à moitié pleins.

Talley Léger :

C’est certain. Merci à vous deux. Ce fut une conversation très intéressante.

Jodi Phillips :

Merci.

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Selon Bloomberg, octobre 2022 a été le 11e meilleur mois de l'indice S&P 500 en 35 ans; il a clôturé en hausse de 8,1 %. Le 10 novembre a été la 15e meilleure journée de l’indice depuis 1957; l’indice a bondi de 5,5 %. L'indice a progressé de 11 % entre le 8 et le 29 mars 2022.

L’indice S&P 500 est passé de 136 points le 1er janvier 1981 à 330 points le 31 décembre 1991.

L’écart optimistes-pessimistes selon la American Association of Individual Investors est le pourcentage net des répondants optimistes (haussiers) moins celui des répondants pessimistes (baissiers) au sondage sur la confiance des investisseurs mené par l’association.

Le ratio des options de vente aux options d’achat du Chicago Board Options Exchange est une mesure des positions vendeur par rapport aux positions acheteur sur le marché des options.

L’indice d’incertitude en matière de politique économique est compilé en fonction des archives des journaux américains et sert à mesurer l’incertitude liée aux politiques économiques.

L’indice de volatilité du Chicago Board Options Exchange® ou VIX est l’un des principaux instruments de mesure des attentes de volatilité à court terme et est établi en fonction du prix de levée des options de l’indice S&P 500.

La moyenne de l’écart corrigé en fonction des clauses optionnelles des obligations de sociétés américaines à rendement élevé de Bloomberg mesure l'écart entre le taux des obligations de sociétés de qualité inférieure à taux fixe libellées en dollars américains et celui des bons du Trésor équivalents. Si l'écart est grand, cela signifie que les investisseurs exigent une forte rémunération en contrepartie des risques auxquels ils s’exposent.

L’indice des perturbations des chaînes d’approvisionnement comprend les livraisons des fournisseurs, les carnets de commandes et les stocks des indices des secteurs manufacturier et tertiaire du Institute for Supply Management; l’indice Baltic Dry de la bourse baltique, qui est un composite des moyennes des affrètements à temps de transport maritime en vrac; le prix au comptant des circuits intégrés de mémoire RAM dynamique selon inSpectrum; et le tarif conteneur Drewry Hong Kong-Los Angeles par conteneur de 40 pieds.

Un point de base correspond à un centième de point de pourcentage.

Le pointage Z est une mesure numérique qui décrit la relation entre une valeur et la médiane d'un groupe de valeurs. Le pointage Z est mesuré en écarts-types par rapport à la médiane.

L’écart-type ou sigma mesure une fourchette de rendements totaux par rapport à la médiane. Par exemple, un événement d’une amplitude de 2 sigma fait référence à des rendements qui sont à deux écarts-types de la médiane.

L'aversion pour le risque est la tendance d'un investisseur à éviter le risque.