Marchés et économie

Perspectives semestrielles : Nous anticipons un ralentissement économique bref et léger

Perspectives semestrielles : Nous anticipons un ralentissement économique bref et léger
Points importants à retenir
Atterrissage en dents de scie
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Notre scénario de référence nous indique un ralentissement économique relativement bref et léger et nous dit que l'inflation va continuer de diminuer et que le resserrement de la politique monétaire tire à sa fin.

Atterrissage brutal
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Il se peut que nous assistions à un « atterrissage brutal » qui débuterait par une récession aux États-Unis qui se répercuterait sur d'autres économies.

Atterrissage en douceur
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Il se peut aussi que nous assistions à un « atterrissage en douceur », auquel cas la politique monétaire aurait moins d'impact que prévu sur la croissance et l'économie mondiale s’en sortirait relativement indemne.

Alors que nous amorçons la deuxième moitié de l’année, le moment est venu de vous faire part de nos perspectives semestrielles. Nous continuons de vivre une époque extraordinaire, alors que de nombreuses banques centrales des pays industrialisés concentrent toujours leurs efforts pour réduire la pire poussée inflationniste en plusieurs décennies. Cela a contribué à exercer une pression à la baisse sur l’inflation, mais a aussi provoqué un ralentissement marqué de la croissance économique mondiale et quelques accidents financiers, dont la faillite de plusieurs banques régionales américaines. Dans ce contexte, nous constatons une certaine résilience de la part de nombreuses économies, en particulier dans le secteur tertiaire.

Scénario de référence : Atterrissage en dents de scie

Notre scénario de référence nous indique un ralentissement économique relativement bref et léger et nous dit que l'inflation va continuer de diminuer et que le resserrement de la politique monétaire tire à sa fin. 

  • États-Unis. Nous persistons à croire que les États-Unis vont parvenir à éviter une forte récession généralisée. Nous nous attendons plutôt à un certain ralentissement pendant la deuxième moitié de l’année, alors que les autorités monétaires vont orchestrer un atterrissage en dents de scie, mais nous croyons malgré tout que l’activité économique demeurera relativement résiliente. Aux États-Unis, nous croyons que les hausses de taux tirent à leur fin et que l’inflation va continuer de baisser de manière significative, mais imparfaite. Nous anticipons de meilleures perspectives de croissance en 2024, lorsque l’économie américaine va se redresser. 
  • Zone euro et Royaume-Uni. À notre avis, la zone euro et le Royaume-Uni devraient suivre une trajectoire similaire à celle des États-Unis, mais avec un certain décalage. Diverses forces ont contribué à maintenir l’élan économique en Europe jusqu’à maintenant, mais nous prévoyons que le resserrement des conditions financières va ralentir la croissance du crédit, ce qui va contribuer à réduire les pressions inflationnistes, mais risque de provoquer un ralentissement économique majeur. 
  • Chine. Contrairement à de nombreuses économies des pays industrialisés, la Chine se situe à une toute autre étape de son cycle; elle a amorcé ce qu’on pourrait appeler un « décollage en dents de scie ». L’assouplissement des restrictions liées à la COVID-19 a déclenché une reprise forte, mais inégale. La réouverture a largement profité au secteur tertiaire, tandis que le ralentissement de l’élan de croissance à l’échelle mondiale s’est traduit par une activité manufacturière plus faible que prévu. Néanmoins, la Chine reste un point positif avec un faible taux d’inflation et de bonnes perspectives de croissance. Nous nous attendons au maintien des mesures d’assouplissement monétaire de la Banque populaire de Chine et à des mesures de relance budgétaire. 

Bref, nous croyons que nous en sommes au pic de la politique monétaire, que la désinflation est amorcée, de même qu’un ralentissement économique mondial relativement bref, mais nous nous attendons à ce que les investisseurs regardent bientôt au-delà de cet épisode et commencent à escompter une reprise économique.

Répercussions sur les marchés. Nous qualifions ce scénario d’atterrissage en dents de scie, car il risque d’y avoir encore des dégâts économiques plus marqués dans certains pays que d’autres. Dans ce contexte, nous anticipons un rendement supérieur à court terme des catégories d’actifs plutôt défensives, telles que les obligations de sociétés de grande qualité et les produits de crédit structurés, ainsi que les actions de croissance et de qualité, en particulier celles des secteurs des technologies de l’information, des biens de consommation et du secteur tertiaire. Nous privilégions aussi les actions asiatiques, compte tenu de nos perspectives de croissance pour la Chine et d’autres pays asiatiques.

Cependant, nous prévoyons que les marchés vont bientôt escompter une reprise économique, ce qui risque d’engendrer un rendement supérieur des catégories d’actifs plus « risquées », telles que les obligations à rendement élevé et les actions cycliques et à plus petite capitalisation.

Scénario baissier : Atterrissage brutal

Il se peut que nous assistions à un scénario baissier, à savoir un « atterrissage brutal » dans lequel la croissance mondiale serait plus durement touchée, à commencer par une récession aux États-Unis qui se répercuterait sur d'autres économies. 

Répercussions sur les marchés. Dans ce contexte, nous nous attendons à ce que les catégories d’actifs à caractère très défensif obtiennent les meilleurs rendements. Cela comprend les liquidités, les obligations d’États souverains à longue échéance et les actions défensives, telles que celles des biens de consommation de base et des soins de santé. De plus, le cas échéant, nous nous attendons à ce que les titres aurifères obtiennent de bons rendements.

Scénario haussier : Atterrissage en douceur

Il se peut aussi que nous assistions à un scénario haussier, soit un « atterrissage en douceur », auquel cas l’inflation diminuerait plus rapidement, la politique monétaire aurait moins d'impact que prévu sur la croissance et l'économie mondiale s’en sortirait relativement indemne. 

Répercussions sur les marchés. Dans ce scénario, nous prévoyons que les catégories d’actifs plus risquées vont obtenir les meilleurs rendements, y compris les obligations à rendement élevé, les actions des marchés européens et émergents, les titres cycliques et à petite capitalisation et les marchandises industrielles.

Conclusion

Les signes nous indiquent que le scénario d’atterrissage en dents de scie est le plus probable. Cependant, les risques sont élevés lorsque les banques centrales procèdent à un resserrement marqué de leur politique monétaire. Nous savons qu’il y a un risque accru d’accidents financiers et qu’il peut y avoir des dommages collatéraux, comme une pression accrue sur le secteur immobilier commercial. De plus, les risques géopolitiques demeurent élevés. Nous allons rester vigilants et suivrons de près les statistiques économiques et réévaluerons nos perspectives et les mettrons à jour au besoin.

Un mot sur la Russie

Tel que mentionné ci-dessus, nous allons surveiller de près les risques géopolitiques, lesquels étaient à l’avant-plan la fin de semaine dernière avec l’annonce d’une rébellion militaire en Russie (qui a rapidement pris fin). À notre avis, la situation n’aura aucun effet direct ou immédiat majeur sur l’économie ou les marchés mondiaux, mais nous allons continuer de surveiller le tout de près, étant donné que cette situation pourrait avoir des répercussions sur les cours des actifs, en particulier certains produits de base. Nous croyons que ces risques méritent d’être pris en considération, mais nous ne voyons pas encore la nécessité de procéder à un rajustement de la répartition de l’actif des portefeuilles.

Pour le moment, nous n’avons tout simplement pas assez d’information pour savoir à quoi nous attendre. Voici quelques possibilités à envisager :

  • Il se peut que la Russie ne renouvelle pas les accords d’exportation de céréales de l’Ukraine, ce qui pourrait entraîner une certaine volatilité des prix des denrées. 
  • La Russie pourrait essayer de vendre plus de pétrole à l’Asie pour financer ses priorités nationales ou militaires, mais les acheteurs asiatiques pourraient essayer de négocier de meilleurs prix compte tenu de l’instabilité. 
  • Il se peut que l’instabilité en Russie mette un terme à la guerre plus tôt, ce qui pourrait jouer en faveur des actifs à risque européens. 
  • Il se peut aussi que l’instabilité en Russie s’intensifie, ce qui ferait augmenter les risques géopolitiques et ferait grimper les cours des « valeurs refuges », comme l’or et les bons du Trésor américain. 

Nous allons continuer de suivre la situation de près et nous vous tiendrons au courant.

Rédigé en collaboration avec Arnab Das, Paul Jackson, Brian Levitt, Ashley Oerth, David Chao, Tomo Kinoshita et Andras Vig.  

Pour en savoir plus sur nos perspectives semestrielles, nous vous invitons à écouter le dernier épisode de Conversations sur les marchés avec Kristina Hooper et Alessio deLongis.

Veuillez prendre note que la Boussole hebdomadaire des marchés fera relâche la semaine du 3 juillet.