Marchés et économie

Signification possible des baisses du taux cible pour les marchés

Immeuble de la Réserve fédérale américaine
Points importants à retenir
L’économie a une incidence sur le marché
1

Le marché s’est mieux comporté s’il n’y a pas eu de récession par la suite ou si l’économie était déjà en récession lors du cycle d’assouplissement. 

Actions qui ont tiré leur épingle du jeu
2

Les titres de valeur, les titres à petite capitalisation ainsi que l’énergie et les métaux précieux (produits de base) sont bien comportés après les réductions de taux passées.

Obligations qui ont inscrit des rendements supérieurs
3

Les titres du Trésor à long terme, les obligations de sociétés de catégorie investissement et les obligations municipales ont inscrit des rendements positifs au cours des cycles d’assouplissement.

Maintenant que la Réserve fédérale américaine (la « Fed ») a abaissé son taux cible, tout le monde se demande ce que les baisses de taux signifient pour les marchés et les placements. Une analyse du passé nous aide à mieux comprendre la situation actuelle. Voici les principaux points à retenir après notre examen des données.

1. Les actions se sont bien comportées si l’économie a évité une récession

Le rendement des actions durant les cycles d’assouplissement dépendait de l’état de l’économie. (Voir le graphique ci-dessous.) Par le passé, le marché boursier américain a affiché des rendements vigoureux après le début d’un cycle d’assouplissement si l’économie n’est pas entrée en récession au cours des 12 prochains mois ou était déjà en récession au début du cycle d’assouplissement. Par exemple, la Fed a relevé les taux de 300 points de base (pb) au cours la période de 12 mois terminée en février 1995, avant de mettre fin à son cycle de resserrement. L’économie américaine n’est pas entrée en récession et le marché a très bien fait durant la période subséquente. 

Remarque : Le graphique montre le rendement moyen de l’indice S&P 500 12 mois avant et 12 mois après le début des 16 derniers cycles d’assouplissement. Déjà en récession : 1970, 1974, 1980, 1982. Aucune récession : 1971, 1975, 1984, 1989, 1995, 1998. Entrée en récession : 1973, 1981, 1981, 2001, 2007, 2019. Sources : Federal Reserve Economic Database (FRED) et Bloomberg L.P., au 30 juin 2024. L’indice S&P 500 est un indice pondéré selon la capitalisation boursière des 500 plus grandes sociétés américaines. Il est impossible d’investir directement dans un indice. Les rendements passés ne sont pas garants des résultats futurs.

2. Les titres de valeur et les titres à petite capitalisation ont tiré leur épingle du jeu lorsque la courbe des taux s’accentue.

Les titres de valeur et les titres à petite capitalisation ont été sensibles à la forme de la courbe des taux. Lorsque les taux à court terme diminuent et que la courbe des taux s’accentue, ce qui a tendance à se produire après des réductions du taux cible (voir la rubrique sur la courbe des taux ci-dessous), les titres de valeur et les titres à petite capitalisation se sont historiquement bien comportés au cours des années suivantes. (Voir le graphique ci-dessous.) En effet, les petites entreprises ont tendance à être financées par endettement et peuvent potentiellement profiter de coûts d’emprunt plus faibles. Des taux d’intérêt moins élevés peuvent également stimuler l’activité économique, ce qui peut servir de catalyseur pour dégager de la valeur sur le marché.

3. D’excellents rendements pour l’énergie et les métaux précieux après la première réduction

Les prix des produits de base sont largement établis en dollars américains, c’est-à-dire qu’un affaiblissement du dollar en réponse à une baisse des taux directeurs pourrait avoir un effet favorable sur les prix des produits de base. Les prix du pétrole et de l’or, en particulier, ont tendance à être sensibles aux fluctuations des taux d’intérêt. (Voir le graphique ci-dessous.) Toutefois, les prix des produits de base ne sont pas uniquement déterminés par l’orientation des taux. Ils peuvent aussi être influencés par des facteurs macroéconomiques comme la croissance économique et les forces microéconomiques comme les stocks ou les conditions météorologiques.

Rendements de l’énergie et des métaux précieux après la première baisse de taux

Rendement cumulatif moyen de l’indice Bloomberg des produits de base et des sous-indices lors des derniers cycles d’assouplissement

  -6 mois -3 mois +3 mois +6 mois +9 mois
Produits de base 3,4 % 0,1 % 0,3 % 3,1 % 4,3 %
           
Energie

15.2%

2.9%

0.4%

6.0%

11.9%

Métaux industriels

-5.4%

-8.0%

1.7%

-3.7%

-5.7%

Métaux précieux

-3.8%

-0.9%

0.8%

9.1%

7.7%

Agriculture

0.7%

1.5%

0.3%

2.6%

4.2%

Bétail

-2.4%

-2.1%

-0.6%

-3.6%

-7.2%

Sources : Goldman Sachs Investment Research, au 20 février 2024. J.P. Morgan Global Commodities Research, au 14 février 2024. Selon l’indice Bloomberg Commodity et les sous-indices autour de la première réduction sur cinq qui ont précédé les cycles d’assouplissement de la Fed : juin 1989, juill. 1995, janv. 2001, sept. 2007 et juill. 2019. Avant février 1991, indice BCOM Industrial Metals ER fourni par l’indice GSCI Industrial Metals ER. Il est impossible d’investir directement dans un indice. Les rendements passés ne sont pas garants des résultats futurs.

4. La courbe des taux tend à s’accentuer

Les taux d’intérêt à court terme ont toujours diminué davantage que les taux à long terme autour des cycles d’assouplissement précédents, ce qui a entraîné une accentuation de la courbe des taux1. Cela pourrait constituer un défi imminent pour les investisseurs en obligations du Trésor à court terme et en instruments assimilables à des liquidités. Les forts mouvements de baisse des taux à court terme aux alentours du début des cycles d’assouplissement peuvent créer un risque de réinvestissement.

5. Les obligations à long terme ont inscrit un rendement supérieur après la première réduction de taux

En moyenne, les obligations du Trésor américain à moyen terme ont surpassé les obligations du Trésor américain à court terme au cours des 12 mois qui ont suivi la première réduction des taux d’intérêt dans un cycle d’assouplissement, progressant en moyenne de 6,12 % et de 4,72 %, respectivement. Comme pour les actions, le rendement a été tributaire de l’état de l’économie. Le rendement supérieur des titres du Trésor à moyen terme (7,73 %) par rapport à celui des titres du Trésor à court terme (3,16 %), en moyenne, est attribuable aux rendements inscrits en période de récession. Lorsque l’économie n’est pas entrée en récession, les obligations du Trésor américain à court terme (6,27 %) ont inscrit des rendements supérieurs aux titres à moyen terme (4,51 %), en moyenne2.

6. Le rendement des titres de créance et des obligations municipales dépend du contexte

Les obligations de sociétés de catégorie investissement et les obligations municipales ont affiché des rendements positifs au cours des cycles d’assouplissement, bien que les rendements aient eu tendance à être plus élevés lorsque l’économie n’est pas entrée en récession. (Voir le graphique ci-dessous.) Les obligations de sociétés à rendement élevé ont été particulièrement sensibles aux ralentissements économiques, car les taux de défaillance ont tendance à augmenter durant les récessions.

Le rendement des obligations et des obligations municipales au cours des derniers cycles

Source : Bloomberg L.P., au 4 mars 2024. Selon les données mensuelles sur le rendement total (annualisées pour les cycles de plus d’un an) de la première à la dernière réduction de taux dans tous les cycles d’assouplissement depuis 1989 : de juin 1989 à septembre 1992, de juillet 1995 à janvier 1996, de septembre 1998 à novembre 1998, de janvier 2001 à juin 2003, de septembre 2007 à décembre 2008, de juillet 2019 à mars 2020. Obligations de sociétés de catégorie investissement selon l’indice Bloomberg US Corporate Bond qui mesure le rendement du marché des obligations de sociétés imposables à taux fixe de catégorie investissement. Obligations de sociétés à rendement élevé selon l’indice Bloomberg US Corporate High Yield Bond qui mesure le rendement du marché des obligations de sociétés à rendement élevé, à taux fixe de catégorie investissement. Obligations municipales selon l’indice Bloomberg US Municipal, qui mesure le rendement du marché des obligations à long terme exonérées d’impôt libellées en dollars américains. Il est impossible d’investir directement dans un indice. Les rendements passés ne sont pas garants des résultats futurs.

Moment de la décision

La décision de réduire les taux d’intérêt est délicate. Un assouplissement excessif ou hâtif pourrait raviver l’inflation, tandis qu’un assouplissement trop faible ou tardif pourrait avoir des conséquences sur la croissance économique. L’économie ne se préoccupe manifestement plus de l’inflation et vise maintenant la croissance. Le marché semble prêt pour un atterrissage en douceur, c’est-à-dire un ralentissement de l’activité économique qui n’entraîne pas de récession. C’est notre scénario de base. Il existe toutefois un risque : la Fed pourrait avoir resserré exagérément sa politique monétaire et tarde actuellement à l’assouplir. La résilience de l’économie (ou l’absence de résilience) devrait avoir des répercussions importantes sur les rendements à court terme des marchés. 

Notes de bas de page

  • 1

    Source : Bloomberg L.P., 30 juin 2024. 

  • 2

    Source : Bloomberg L.P., 30 juin 2024. Selon les données mensuelles sur le rendement total au cours des 12 mois suivant la première réduction de taux dans tous les cycles d’assouplissement depuis 1989 : juin 1989, juill. 1995, sept. 1998, janv. 2001, sept. 2007 et juill. 2019. Obligations du Trésor américain à moyen terme selon l’indice Bloomberg US Treasury Intermediate, qui mesure le rendement des titres de créance nominaux à taux fixe libellés en dollars américains émis par le Trésor américain. Obligations du Trésor américain à court terme selon l’indice Bloomberg US Short Treasury, qui mesure le rendement des bons, des billets et des obligations du Trésor américain dont l’échéance est inférieure à un an. Il est impossible d’investir directement dans un indice. Les rendements passés ne sont pas garants des résultats futurs.