Puisque vous m’avez posé la question... (partie 1)
Q. : Quel devrait être le taux des fonds fédéraux?
R. : S’il s’agit d’une économie optimale (ni trop forte ni trop faible), le taux des fonds fédéraux devrait être neutre, c’est-à-dire ni expansionniste ni restrictif. Une estimation raisonnable du taux dit neutre, fondée sur la croissance et les attentes d’inflation aux États-Unis, se situe entre 3,5 % et 4 %. Le taux actuel des fonds fédéraux de 4,75 % demeure donc trop restrictif, d’autant plus que la mesure de l’inflation privilégiée par la Fed a atteint un sommet en 2022 et est revenue à 2,5 % cette année, et que la croissance ralentit3. Un taux expansionniste serait même inférieur à 3,5 %. Pour ce que ça vaut, le marché prévoit que le taux des fonds fédéraux sera de 2,75 % d’ici la fin de l’année prochaine, et s’attendant à 10 réductions de taux au cours des 15 prochains mois4.
Puisque vous m’avez posé la question... (partie 2)
Q. : Une récession ne permettrait-elle pas à l’économie de repartir du bon pied?
R. : Non. Je ne considère pas que les récessions offrent des avantages « invisibles ». Elles sont souvent le résultat d’erreurs de politique que nous devrions chercher à éviter. Même une légère récession pourrait coûter des millions d’emplois au pays. Qui plus est, les travailleurs déplacés en période de récession ont tendance à subir d’importantes pertes de revenus à vie. Comme nous le savons, les dépenses des uns sont les revenus des autres.
Je ne pense pas qu’une récession serait un désastre pour le marché boursier (voir ci-dessus), mais des vies réelles seraient affectées.
On a dit (partie 1)
« … les données économiques aux États-Unis laissent entrevoir une économie résiliente qui continue de surmonter une foule de difficultés. Les données sur les ventes au détail concordent avec l’opinion selon laquelle les pressions économiques considérables exercées sur les ménages à faible revenu n’ont pas d’incidence sur le niveau de consommation globale. »
– Mohamed El-Erian, Bloomberg News
Les gains rapides de richesse et la baisse des prix de l’énergie soutiennent la consommation, même si la croissance de l’emploi et des salaires ralentit. Les consommateurs sont devenus plus économes, mais la demande des ménages demeure résiliente.
- La valeur nette des consommateurs américains est de 163 000 milliards de dollars et devrait augmenter de 11 % en 20245.
- Les prix du pétrole sont près de 70 $ le baril, tandis que ceux de l’essence semblent se diriger vers 3 $
le gallon6.
Voilà qui plaide en faveur d’un « atterrissage en douceur ».
On a dit (partie 2)
« Je pense que si Kamala Harris était élue, je retirerais mon argent du marché. Je le placerais sur le marché monétaire… »
– John Paulson, gestionnaire de fonds de couverture, Financial Times
(Soupir) Au-delà de la politique, je ne me réjouis jamais de cette rhétorique. Pourquoi? Parce que ce n’est jamais vrai. En 2016, Hillary Clinton a prévenu que Donald Trump mènerait le pays à la faillite, comme l’un de ses casinos. En 2020, M. Trump a prévenu que le marché imploserait si Joe Biden était élu. Les actions se sont bien comportées sous les deux administrations7.
Les commentaires de M. Paulson étaient directement liés à une question concernant l’impôt potentiel sur les gains en capital non réalisés que Kamala Harris propose d’instaurer dans le cadre de sa campagne. N’oubliez pas que la plupart des propositions d’une plateforme électorale ne deviennent pas des lois. Je fais mon métier depuis assez longtemps pour me souvenir lorsque George W. Bush allait privatiser la sécurité sociale, Barack Obama jeter le pays au bord du gouffre fiscal et Joe Biden relever le taux d’inclusion des gains en capital à 43,4 %. Rien de tout cela ne s’est produit.
Contrairement à M. Paulson, je ne retirerai pas mon argent du marché, peu importe qui gagne.
Et ça recommence!
Un investisseur m’a récemment demandé comment je pouvais ne pas être préoccupé par les marchés financiers américains, compte tenu de l’élection présidentielle qui aura lieu dans moins de 50 jours. J’ai reconnu que l’indice S&P 500 avait reculé de plus de 3,5 % au cours des 50 jours précédant les deux dernières élections présidentielles8. Mais on pourrait s’attendre à ce que cela se produise lorsque le parti ou le candidat au pouvoir est sur le point de perdre la course. Dans les deux cas, les marchés ont poursuivi leur progression constante après l’élection.
Toutefois, la question portait moins sur les élections habituelles que sur l’opinion de ce monsieur selon laquelle les États-Unis devenaient une république de bananes. Il croyait qu’une restructuration radicale de l’économie américaine était imminente et que nous ressemblerions bientôt à son pays natal, Cuba, et à son système économique centralisé.
Ma réponse a été que les États-Unis n’ont pas procédé à une restructuration radicale de l’économie et qu’ils ne le feront pas. Les États-Unis ont trois pouvoirs gouvernementaux distincts, mais égaux, avec un système de freins et contrepoids, ou mécanismes de contrôle. Les présidents, même lorsque leur parti avait les pleins pouvoirs, ont tendance à mener à bien une ou deux grandes réalisations législatives.
La preuve se situe dans la structure de l’économie américaine, qui a été remarquablement stable sous plusieurs administrations. La consommation privée et les investissements des entreprises représentent 80 % de l’économie depuis des décennies9. J’aurais du mal à qualifier l’économie américaine novatrice, qui a constamment été stimulée par le secteur privé, de « république de bananes ».